Poutine et Zelensky: deux présidents si différents

Par Epochtimes.fr avec AFP
8 décembre 2019 07:15 Mis à jour: 8 décembre 2019 07:27

L’un est un vétéran des manigances diplomatiques, l’autre est un néophyte, star télévisée et des réseaux sociaux. Le premier face-à-face entre les présidents russe et ukrainien s’annonce comme celui de deux opposés.

Il y aura un côté David contre Goliath, lorsque Volodymyr Zelensky se retrouvera face à Vladimir Poutine lundi à Paris pour ses premiers pourparlers sur le conflit dans l’est de l’Ukraine qui oppose depuis 2014 Kiev à des rebelles prorusses.

Le puissant président russe n’aura pas grand-chose à perdre et peut espérer que les médiateurs français et allemand, Emmanuel Macron et Angela Merkel, donnent même le signal du début d’un rapprochement.

Une résolution du conflit :13.000 morts, un million de déplacés

Pour Zelensky, le défi est autre: faire un pas vers une résolution du conflit qui a fait 13.000 morts et plus d’un million de déplacés, comme il l’a promis. Mais sans donner l’impression de capituler face à Poutine.

Le jeune président de 41 ans, investi en mai, n’a d’expérience politique que celle de sa campagne électorale atypique, menée tambour battant sur les réseaux sociaux. Et celle imaginaire du rôle de président ukrainien qu’il jouait dans une série télévisée.

Face à lui, un vétéran du KGB, ceinture noire de judo, qui en vingt ans au pouvoir a réimposé la puissance russe du Moyen-Orient à l’Amérique latine.

Zelensky une simplicité tout aussi étudiée

Le style des deux hommes a peu en commun. Quand le président russe aime s’afficher en dur-à-cuire lors de mises en scène millimétrées à la télévision, Zelensky lui préfère une simplicité tout aussi étudiée, comme un « vlog » (blog entièrement en vidéo) en t-shirt et jogging sur Facebook.

Sur la scène internationale, « Poutine est un poids-lourd politique, fort d’une grosse expérience de négociations avec les dirigeants de grands pays. Zelensky est (lui) un acteur et un comédien » qui n’a rencontré jusqu’ici que des alliés, résume Anatoliy Oktyssyouk, politologue au Democracy House de Kiev.

Vladimir Poutine arrive aux négociations de Paris avec le poids de son influence militaire, énergétique et diplomatique, libre de toute opposition le menaçant dans son pays.

La Russie a certes souffert des sanctions imposées par l’Occident, mais le monde des affaires comme la population s’en sont accommodés au nom de la politique de puissance du chef.

Zelensky mettre fin aux hostilités dans l’est de l’Ukraine

Zelensky doit lui slalomer entre sa promesses de mettre fin aux hostilités dans l’est de l’Ukraine et celle de ne rien céder à Poutine. Son économie est exsangue, du fait de la guerre et de la corruption, et dépendante de l’aide internationale.

Enfin, celui qui était censé être son grand protecteur, Donald Trump, l’a entraîné dans un vaste scandale politique, le président américain étant accusé d’avoir fait du chantage à l’aide militaire à son homologue ukrainien.

A l’inverse, Vladimir Poutine est soupçonné d’avoir réussi à déstabiliser les fondements même de la démocratie de son grand adversaire géopolitique en favorisant en 2016 l’arrivée au pouvoir du milliardaire américain.

« Ça va être très tendu pour Zelensky, ces discussions avec Poutine. Il n’y va pas en maître de la situation », résume, Arkady Doubnov, commentateur politique basé à Moscou.

Zelensky  l’énergie et l’ambition de l’outsider

Poutine a donc l’avantage de l’expérience mais Zelensky arrive sur le ring avec l’énergie et l’ambition de l’outsider.

Sur la scène ukrainienne, il s’est imposé en mettant une raclée aux élections à son prédécesseur, un richissime homme d’affaires favori des élites, Petro Porochenko.

Depuis son arrivée au pouvoir, il a négocié un échange de prisonniers avec la Russie et le retour de navires de guerres saisis par la flotte russe. Vladimir Poutine a jugé son homologue « sympathique et sincère ».

Volodymyr Zelensky a aussi le sens de la scène, comme lorsqu’il brandit devant ses homologues, réunis en assemblée générale à l’ONU, une balle pour dénoncer « l’agression russe ». Ou lorsqu’il visite les troupes, un écusson à tête de mort sur l’épaule.

« Avec Poutine, on sait ce qu’on a », relève Mark Galeotti, du centre de réflexion londonien sur la défense et la sécurité RUSI, auteur d’un ouvrage sur le président russe: « Zelensky, on lui a vu plein de visages, mais quel sera le prochain? ». 

 

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