Poutine menace de guerre nucléaire tout en finançant de fausses manifestations

Par Austin Bay
25 avril 2022 16:29 Mis à jour: 26 avril 2022 11:54

En 2022, face aux fausses manifestations et aux menaces de guerre nucléaire, nous assistons à la deuxième vague des actions déjà orchestrées par le Kremlin en 1983.

Le 27 février 2022, trois jours après le début de son invasion de l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a fait un coup de théâtre en mettant les forces nucléaires russes en état d’alerte. Se rendant compte que ses plans de guerre éclair en Ukraine ont subi un échec, il a ajouté le facteur nucléaire. Son message de propagande visait les émotions des Occidentaux et a été bien clair : « Attention au monde entier, ou je déclenche l’Armageddon. »

En 1983, les Russes ont déjà utilisé les armes nucléaires dans un trope de propagande « psychologique » qui suggérait : vous voyez, ce sont les États-Unis qui menacent de déclencher une guerre nucléaire en Europe. Et cela, malgré le fait que c’était juste le Kremlin qui avait créé les conditions pour une telle guerre.

Vers la fin des années 1970, l’Empire russe, sous la forme de l’Union soviétique, a commencé à déployer des missiles balistiques SS-20 en Europe orientale qui était sous son contrôle. Ces missiles menaçaient les villes d’Europe occidentale d’une destruction rapide. L’OTAN a répondu à l’escalade de Moscou par une politique molle et ambiguë de « double voie » menée par l’administration du président américain Jimmy Carter : l’OTAN négociera le retrait des SS-20 et, si les Russes refusent de les retirer en fin de compte, l’OTAN déploiera en Europe occidentale des systèmes équivalents américains.

Les joueurs d’échecs du Kremlin ont bien ricané. Ils ont anticipé le résultat final de leur jeu : les négociations devraient échouer. Alors, en s’appuyant sur des clichés anti-américains bien établis (encore Adolf Hitler qualifiait les Américains de « cow-boys »), les propagandistes de Moscou ont présenté la réponse aux missiles SS-20, envisagée dans ce cas par l’OTAN, comme une démarche agressive. Pour les Européens effrayés, la promesse de l’Amérique de protéger l’Europe avec son parapluie nucléaire a été vite transformée en une menace nucléaire américaine pour l’Europe. Les génies des échecs ont estimé que ce jeu de propagande pourrait faire éclater l’OTAN.

Toutefois, en 1983, les plans des « génies » de Moscou ont échoué. La position ferme de l’administration du président Ronald Reagan, qui a succédé à Jimmy Carter, a réfuté le stratagème de l’Union soviétique visant à diviser l’OTAN.

Quant aux fausses protestations montées par le Kremlin, celles de 1983 étaient bien plus convaincantes que celles de 2022.

Au milieu de l’année 1983, l’OTAN a confirmé qu’elle allait déployer des missiles de croisière américains en Grande-Bretagne et en Italie et des missiles Pershing 2 en Allemagne de l’Ouest pour contrer les SS-20 du bloc soviétique.

Immédiatement, concoctée par Moscou, la grande crise de panique politique visant à empêcher le contre-déploiement de l’OTAN a éclaté et a été accompagnée d’une vague de fureur médiatique. Les organisations « pour la paix » occidentales, les pacifistes, les sympathisants communistes, les « idiots utiles » universitaires et autres manifestaient dans toute l’Europe et aux États-Unis – leurs manifestations étaient hétéroclites mais bien synchronisées. En octobre 1983, les manifestations allaient crescendo. Les hystériques des médias de gauche hurlaient à la guerre nucléaire que Reagan préparait.

Cependant, le 22 novembre 1983, le parlement ouest-allemand a approuvé le déploiement des missiles américains. Le jour suivant, ces missiles arrivaient en Europe.

En voici les points à noter. Point no 1 : la guerre nucléaire n’a pas éclaté. Point no 2 : les maîtres d’échecs du Kremlin ont été mis… en échec. Dix-huit mois plus tard, le régime réformiste du Kremlin de Mikhaïl Gorbatchev a accepté un accord que Ronald Reagan, ce « cow-boy belliciste nucléaire », avait proposé avant la crise – pas de SS-20 ni de missiles américains.

Revenons maintenant à 2022 et aux dernières fausses manifestations montées par Moscou en parallèle avec une avalanche de désinformation sur les sites « alternatifs » et dans les réseaux sociaux.

L’exemple le plus parlant s’est peut-être produit en République centrafricaine (RCA) – un lieu pitoyable de violence situé au nord du Congo.

La mise à jour du 5 mars du site StrategyPage a rapporté qu’à Bangui, la capitale de la RCA, « une centaine de personnes ont manifesté pour soutenir l’invasion de l’Ukraine par la Russie… Ils brandissaient des drapeaux russes et centrafricains ». Pourquoi ? La réponse de StrategyPage : « La Russie fournit à la RCA des armes et des mercenaires du groupe Wagner. Le groupe Wagner, qui est au service du président russe Vladimir Poutine, est actif dans plusieurs pays africains. »

Et oui, les gens du Groupe Wagner sont des mercenaires.

Alors, il s’agit d’une fausse manifestation ? On peut le parier. Cependant, seules des agences comme Reuters et l’AFP couvrent ce qui se passe en RCA.

Ce qui n’est pas le cas des manifestations pro-Poutine coordonnées ailleurs, et surtout des manifestations coordonnées et destinées à être médiatisées en Europe.

Le 3 avril, des manifestations pro-russes ont eu lieu à Athènes, en Grèce et à Berlin, en Allemagne. Les manifestations allemandes ont indigné les Berlinois.

Il semble que cette fois Moscou n’a pas atteint l’effet médiatique escompté. Le 10 avril, le Times de Londres a rapporté que « des centaines de nationalistes brandissant des drapeaux ont défilé à Dublin, Hanovre, Francfort et Limassol (Chypre)… » pour soutenir la Russie. Selon le Times, certains des manifestants de Francfort tenaient « des bannières sur lesquelles on pouvait lire : ‘Vérité et diversité au lieu de propagande' ».

Cela a été présenté plutôt comme quelque chose de tordu et malfaisant.

La Serbie a été le seul pays à connaître des manifestations crédibles. Le 15 avril, plusieurs centaines de manifestants ont défilé à Belgrade en scandant « Non à l’OTAN » et « Les Serbes et les Russes sont frères ». La Serbie n’a pas encore imposé de sanctions à la Russie.

Peut-on dire que cela manifeste un grand soutien au génocide de Poutine ? Non. De plus, le Times et d’autres médias ont rapporté que Rossotrudnichestvo, une agence du Kremlin en contact avec des Russes expatriés, aurait coordonné ces manifestations.

Austin Bay est auteur, chroniqueur et professeur de stratégie et de théorie stratégique à l’Université du Texas à Austin. Son dernier livre s’intitule Cocktails from Hell: Five Wars Shaping the 21st Century (Cocktails de l’enfer : cinq guerres qui façonnent le XXIe siècle).

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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