Près de Madrid, la « cathédrale » en matériaux de récup’ bâtie par un ancien moine

Par Epoch Times avec AFP
30 novembre 2021 15:35 Mis à jour: 30 novembre 2021 17:24

Durant soixante ans, seulement animé par sa foi, Justo Gallego a bâti de ses propres mains une « cathédrale » près de Madrid. Un temple encore inachevé, fait de matériaux destinés au rebut, dont il ne verra jamais la fin de la construction.

Qualifié de « fou » au début de son entreprise, cet homme, qui a dû renoncer à sa vocation de moine à cause de la tuberculose, est mort dimanche à 96 ans.

Une vue générale d’une section du vitrail dans la cathédrale de l’ancien moine trappiste Justo Gallego le 21 janvier 2014 à Mejorada del Campo, Espagne. Photo de Denis Doyle/Getty Images.

La « cathédrale de Justo »

Bâtie sur un terrain vague à Mejorada del Campo, la « cathédrale de Justo », qui n’est pas reconnue comme un lieu de culte par les autorités religieuses, a aujourd’hui une superficie de 4.700m2, une nef centrale de 50 mètres de long et 20 m de large, une hauteur de 35 m et douze tours de style gothique ou byzantin.

Justo Gallego y a consacré plus de la moitié de sa vie, utilisant des briques cassées, des pots de peinture ou des boîtes de conserve et avançant mètre après mètre, sans avoir de plan.

Les Messagers de la Paix du Père Angel vont terminer l’œuvre

Visitant les lieux après avoir reçu le prix Princesse des Asturies, le célèbre architecte britannique Norman Foster lui avait dit: « c’est à vous qu’on aurait du remettre ce prix », a raconté vendredi à l’AFP Juan Carlos Arroyo, ingénieur et architecte dont l’entreprise, Calter Ingeniería, étudie la solidité de la construction qui doit encore être régularisée.

Des peintures murales sont peintes sur un mur, alors qu’un homme travaille à la cathédrale de Justo le 26 novembre 2021 à Mejorada del Campo. Photo de Gabriel BOUYS / AFP via Getty Images.

Trop affaibli pour travailler ces dernières années, Justo a cédé l’œuvre de sa vie à l’organisation caritative des Messagers de la Paix du Père Angel, un religieux très connu et médiatique en Espagne, qui se chargera de terminer l’édification du temple.

Temple dédiée à la « Vierge du Pilier »

Né en 1925 à Mejorada del Campo, dans une famille d’agriculteurs, il a commencé à bâtir ce temple dédiée à la « Vierge du Pilier » à l’âge de 27 ans après avoir dû quitter la vie monacale et être revenu dans son village.

Clin d’œil, elle se trouve dans la rue Antonio Gaudi (1852-1926), bâtisseur de la Sagrada Familia de Barcelone inachevée à sa mort et qui n’est toujours pas terminée.

-Des hommes travaillent à la cathédrale de Justo le 26 novembre 2021 à Mejorada del Campo, à 20 km à l’est de Madrid. Photo de Gabriel BOUYS / AFP via Getty Images.

Un architecte que Justo dédaignait pour avoir voulu imiter la nature alors que lui avait pour unique volonté de construire un temple roman.

« Dans le style Justo »

Selon Juan Carlos Arroyo, la cathédrale de Mejorada del Campo serait plutôt « de style gothique en terme architectonique, en raison de sa finesse, de l’échelle de construction » mais elle est surtout « dans le style Justo ». 

« La structure a supporté des évènements météorologiques importants tout au long de sa construction », ajoute-t-il, en se disant convaincu qu’elle ne nécessitera que « de petites interventions chirurgicales ».  

Ce qui est surprenant, au vu des matériaux utilisés. « Aujourd’hui, le recyclage est à la mode, mais (Justo) l’a utilisé il y a 60 ans quand personne ne parlait de cela » et « il a créé une esthétique, une belle esthétique ».

Ouvert à toutes les confessions

Le Père Angel voudrait que la cathédrale de Justo soit un lieu ouvert à toutes les confessions mais aussi aux gens dans le besoin.

« J’ose dire qu’il y a trop de cathédrales et trop d’églises et que parfois nous avons surtout besoin qu’elles soient pleines », dit-il devant l’autel. « Cela ne sera pas une cathédrale à proprement parler mais un centre social où pourront venir les gens pour prier » ou s’ils « ont des difficultés »

Justo Gallego avait reçu un « message »

A l’intérieur du bâtiment, les volontaires travaillant sous la direction d’Angel López, qui aidait Justo Gallego depuis 24 ans, se mélangent aux visiteurs qui entrent et sortent. Comme Ramon Calvo, 74 ans, venu de Madrid avec ses anciens camarades de classe.

« Si les moyens, surtout économiques, sont mis, pour l’achever, cela sera un très beau temple. Et vu l’histoire qu’il a, il méritera d’être visité, comme nous sommes en train de le faire », dit-il, affirmant être « convaincu » que Justo Gallego avait reçu un « message » avant de se lancer dans une telle entreprise.


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