Préserver les caractères cantonais ou ceux du chinois traditionnel pour les générations futures

Par Jennifer Zeng
21 août 2022 19:17 Mis à jour: 21 août 2022 19:17

La plupart des immigrés de la plus récente vague en provenance de Hong Kong ont choisi de s’installer principalement dans quatre villes : Londres et Manchester en Grande‑Bretagne, Toronto et Vancouver au Canada. Parmi eux, certains sont parents et élaborent eux‑mêmes du matériel pédagogique afin de transmettre la langue cantonaise et les caractères chinois traditionnels à leurs enfants.

Edward Chin, gestionnaire de fonds spéculatifs, a lancé le Forum mondial de Hong Kong à Toronto en juillet dernier. Il décrit le statu quo de Hong Kong comme « la dernière moitié de l’épisode ‘un pays deux systèmes’ ». « Les valeurs fondamentales de Hong Kong sont en train d’être détruites. Voilà pourquoi on assiste à un tel exode des Hongkongais. Comment devons‑nous appréhender l’avenir ? »

Le Forum mondial de Hong Kong a eu lieu en juillet à Toronto, au Canada. (Avec l’aimable autorisation de Fiona Wong)

Le forum a tenu une session de discussion portant spécifiquement sur « l’extension mondiale de la culture de Hong Kong ». Elle avait pour but de recueillir les idées des participants sur comment faire vivre l’esprit de Hong Kong. Des sujets comme la conservation du cantonais et des caractères chinois traditionnels ont été abordés, ainsi que leur transmission aux enfants à Hong Kong et ailleurs.

Les intervenants du Forum mondial de Hong Kong à Toronto. Juillet 2022. (Avec l’aimable autorisation de Fiona Wong)

Une phrase en cantonais entendue ou des caractères chinois traditionnels repérés dans les rues sont toujours une source de réconfort pour les Hongkongais. Edward Chin estime que la langue est un véhicule essentiel des valeurs hongkongaises. Les Hongkongais se souviennent de leurs racines, même s’ils sont à l’étranger.

Fiona Wong, qui a animé le forum avec M. Chin, était focalisée sur les sujets liés à l’éducation.

Elle s’entretient souvent avec des parents hongkongais issus de l’immigration afin de savoir comment ils enseignent le cantonais aux enfants. Elle a découvert que certains parents ne parlent qu’en cantonais à la maison. Il s’agit de créer un environnement linguistique favorable au cantonais pour leurs enfants. Selon ces derniers, les enfants peuvent apprendre l’anglais à l’école. Il leur revient donc de créer un environnement où leurs enfants s’expriment en cantonais. De cette façon, les enfants deviennent bilingues.

Certains parents conçoivent eux‑mêmes des programmes d’enseignement du cantonais en mettant à contribution l’alphabet latin pour l’écrire (romanisation). Mme Wong a été touchée de constater que de nombreux foyers essayent, chacun à sa façon, de transmettre le cantonais aux enfants.

En tant que canadienne issue de l’immigration, Fiona croit qu’il est très important de transmettre l’héritage du cantonais. (Avec l’aimable autorisation de Fiona Wong)

Mme Wong observe également que certains parents élaborent eux‑mêmes du matériel pédagogique pour apprendre les caractères chinois traditionnels à leurs enfants. Ils créent, par exemple, des cartes avec des caractères de grande taille et les impriment pour que les enfants s’entraînent à les écrire. Ces cartes circulent dans les groupes de parents et le savoir hongkongais se perpétue.

Lors de la récente Foire du livre de Hongkong, une librairie appelée Book Treasure vendait principalement des livres destinés aux enfants de Hong Kong. Certains de ces livres et livres d’images donnaient vie à la culture locale de l’île. Grâce au texte et aux photos, les enfants peuvent découvrir l’histoire, la cuisine et la culture de Hong Kong, même s’ils se trouvent à des milliers de kilomètres.

Edward Chin dit s’inspirer des Tibétains et des juifs qui ont, eux aussi, une histoire d’oppression politique et d’exil vers différentes parties du monde. Il déclare : « Les juifs, malgré toutes les séparations et leurs parcours migratoires, ont conservé leur culture après deux mille ans. Ils étaient très disciplinés et les jeunes générations ont continué à apprendre l’hébreu. La détermination a permis à ce groupe de demeurer intact. »

M Chin constate que les Hongkongais subissent une oppression similaire. Aujourd’hui, les Hongkongais sont réduits au silence et on interdit aux enfants d’avoir une pensée indépendante. Les livres d’histoire sont réécrits et toutes les opinions ou faits historiques défavorables au Parti communiste chinois (PCC) sont effacés.

Lorsque l’histoire et l’esprit hongkongais ne peuvent être transmis localement, dit‑il, les Hongkongais à l’étranger ont la responsabilité de préserver, par des écrits et des images, l’histoire de Hong Kong depuis sa fondation et de la transmettre à la génération suivante.

Selon Edward Chin, les Hongkongais d’outre-mer ont la responsabilité de préserver, par l’écriture et les images, l’histoire de Hong Kong depuis sa fondation, et de la transmettre à la génération suivante. (Avec l’aimable autorisation de Fiona Wong)

Un groupe de Hongkongais travaille d’arrache‑pied à la création d’un « Musée d’histoire des Hongkongais » afin de préserver l’histoire et la culture de Hong Kong.

Bien que le premier Forum mondial de Hong Kong ait été organisé à la hâte, le résultat a été positif. Edward Chin entend continuer à développer des liens avec les Hongkongais d’outre‑mer et à faire du Forum un événement annuel régulier ayant une grande variété d’activités pour rassembler la communauté.

Fiona Wong, co‑animatrice de l’événement, a étudié et grandi au Canada, puis elle est allée vivre à Hong Kong. Finalement, elle est revenue au Canada. Elle observe que, dans la société en général, les gens ont une vision positive des Hongkongais. Ils ont certaines qualités bien particulières qui leur valent le respect des Occidentaux.

« Au fil des ans, les Hongkongais ont établi de relativement bonnes fondations dans d’autres pays. À Toronto, où je travaille, les gens peuvent faire la différence entre les Hongkongais et les Chinois du continent ». Elle est convaincue que les Hongkongais de cette vague d’immigration trouveront progressivement un point d’ancrage à l’étranger et continueront à se dépasser pour apporter leur contribution à la société et faire la différence.

Mme Wong ajoute que certaines personnes considèrent leur histoire sombre comme un fardeau alors que d’autres s’abstiennent d’évoquer les conflits entre la société démocratique de Hong Kong et le Parti communiste chinois. D’autres soulignent que le passé ne peut pas être traité à la légère et qu’il faut constamment y réfléchir. Mme Wong préconise de trouver le bon équilibre.

« Nous ne devons pas oublier ce que les Hongkongais ont vécu, mais il n’est pas nécessaire de parler uniquement du passé douloureux. Pour l’instant, nous devons trouver des moyens d’étendre la culture hongkongaise. Afin de développer un sentiment d’appartenance et aller de l’avant. »

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