Quand les Français s’inspirent des Japonais pour créer leurs propres mangas

6 juillet 2015 18:50 Mis à jour: 2 octobre 2015 10:02

30% à 40% des B.D vendus en France sont des mangas. Dans l’archipel nippon, on estime que plus d’un Japonais sur 2 lit au moins un de ces ouvrage par semaine. Répartis en différentes familles selon l’âge du lecteur ou le genre abordé (romance, sauvetage du monde, historique…), rares sont les Japonais échappant à leur lecture.

Après ces derniers, les Français sont les plus gros consommateurs de manga au monde. C’est donc naturellement que notre pays s’inspire de plus en plus des codes spécifiques aux mangas. Le manga devient un vecteur culturel majeur: en plus de susciter l’envie d’apprendre le japonais, des cours et des écoles apprennent à le dessiner, à le scénariser.

Une telle propagation laisse une partie des français dubitatif. Mais le temps semble révolu, où Ségolène Royal et l’association Famille de France s’offusquaient des premiers mangas diffusés sur les chaînes publiques. Pour la petite histoire, dans les années 80, AB Production (à qui l’on devait « Club Dorothée ») achetait des mangas japonais au kilo sans forcément faire attention au contenu -souvent violent.

Surprenant, donc, la part de mangas dans l’industrie du livre en France? D’après Thomas Sirdey, organisateur de la Japan Expo, « C’est assez étonnant, mais cela s’explique: la France est un pays de bandes dessinées où il n’y avait pas de BD pour ado, en gros ».

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Différences de culture

A y voir de près, Japonais et Français n’ont pas grand chose en commun au niveau culturel. Les nombreux codes japonais font difficilement écho aux horizons européens, où Tintin et Spirou règnent en maîtres. Mais les différences d’approches existent tout autant.

On importe des objets japonais, on les utilise, mais est ce qu’on les utilise de la bonne façon, je n’en suis pas sûr; ils ne sont pas dans notre inconscient collectif.  Pascal Benattar, responsable éditorial chez Kana.

A Kana, premier éditeur de manga européen, on a aussi sa petite idée sur l’inspiration mutuelle des deux cultures. D’après Pascal Benattar, responsable éditorial de l’édition, les japonais, « ils assimilent une partie des produits français, puis les transforment. Prenez les croissants, par exemple. Si vous allez au Japon, on pourra vous servir des croissants coupés en deux avec du fromage et du jambon à l’intérieur. C’est un peu spécial., les japonais transforment tout. »

City Hall, manga français édité par Ankama.

« Nous, on comparaison, on aime le brut.  On importe des objets japonais, on les utilise, mais est ce qu’on les utilise de la bonne façon, je n’en suis pas sûr; ils ne sont pas dans notre inconscient collectif. On aime les objets, on aime leur sens. Mais notre perception est différente, on y met nos propres sentiments« , continue t-il.

Si des classiques comme Albator et Dragon Ball Z semblent indémodables, on trouve néanmoins un certain épuisement des codes. « La lassitude face à la récurrence de certains schémas est réelle« , estime Stephane Ferrand, éditeur chez Glénat. Alors qu’il y a 10 ans, le raisonnement était de puiser dans « le top 10 des ventes au Japon sans se soucier des attentes du public français. « On est davantage à l’écoute aujourd’hui », conclut-il.

La proximité est un élément important, et propice à développer un manga de cachet européen. Un lieu commun dans les Arts populaires, où ce qui a du succès est destiné à être repris ou détourné. C’est vrai pour la chanson française, bien plus populaire dans notre pays que les chansons anglaises ou étrangère -on parle d’ailleurs de spécificité culturelle, car ce phénomène est plus dilué chez nos voisins européens. Pourtant, beaucoup de chansons françaises reprennent un style musical originaire de l’étranger -rap, reggae, rock.

« Il se passera dans le manga ce qui s’est passé dans le rap. Les fans hardcore du début étaient persuadés qu’il fallait être né dans le Bronx pour faire cette musique. Et puis sont arrivés IAM et NTM qui sont devenus les plus gros vendeurs de rap en France. La notion de proximité est fondamentale » juge pour sa part Ahmed Agne, éditeur chez Ki-oon, petite maison d’édition.

 

 

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