Que serait devenu le château de Versailles sans les riches ?

Par MATTHIEU CRESON
24 février 2023 14:57 Mis à jour: 24 février 2023 14:57

Les milliardaires ont bon dos. L’ONG Oxfam vient même de préconiser dans son rapport annuel de 2023… leur « abolition », afin de lutter contre les inégalités économiques dans le monde. Mais dans quel état seraient aujourd’hui certains des plus grands chefs-d’œuvre de l’art et du patrimoine français si les milliardaires avaient été « abolis » ? Ils auraient certainement disparu, ou se seraient immanquablement dégradés.

Prenons ici l’exemple de Versailles. Que serait devenu le château et les deux Trianons sans les donations Rockefeller ? En 1924, le milliardaire et grand philanthrope américain John Rockefeller Jr, fils du fondateur de la Standard Oil Company, fait don d’un million de dollars (20 millions de francs) au titre de la sauvegarde du château de Versailles (qui reçoit 10 millions de francs), du château de Fontainebleau et de la cathédrale de Reims. En 1927, Rockefeller fait même une deuxième donation, s’élevant à 1 850 000 dollars (40 millions de francs de l’époque, dont 23 millions pour le domaine de Versailles).

John Rockefeller Jr n’est pas le seul richissime bienfaiteur dont le mécénat aura largement permis de sauver Versailles de la ruine. Après être devenu conservateur en chef à Versailles en 1953, Gérald Van der Kemp peut mener sa politique de remeublement et de restauration du château grâce à l’obtention du mécénat des Rothschild, de M. et Mme Schlumberger, de la Fondation Samuel H. Kress, du chef d’entreprise Paul-Louis Weiller, du banquier et collectionneur Pierre David-Weill, d’Arturo López-Willshaw, de Barbara Hutton et de la famille Gould (Versailles, histoire, dictionnaire et anthologie, sous la dir. de Mathieu da Vinha et Raphaël Masson, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2015, p. 474, ).
Certes, il faut aussi bien sûr mentionner le rôle essentiel joué par la Société des amis de Versailles et par la société philanthropique « American Friends of Versailles », respectivement créées en 1907 et 1998. De même faut-il insister sur l’importance du mécénat d’entreprises (Chronopost, LVMH, BNP-Paribas, etc.). Vinci a ainsi pris en charge la rénovation de la galerie des Glaces entre 2004 et 2007, qui a coûté 12 millions d’euros. Mais il est crucial aujourd’hui pour la sauvegarde de notre patrimoine que davantage de grandes fortunes soient incitées à renouer avec la tradition du mécénat individuel. Pour ce faire, il faut non pas accroître mais baisser la fiscalité qui pèse sur elles, afin qu’elles puissent recouvrer toute leur liberté d’action et leur autonomie.

Article écrit par Matthieu Creson. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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