Retraites complémentaires: les partenaires sociaux vent debout contre la volonté de ponction de l’État

Par Epoch Times avec AFP
4 octobre 2023 16:10 Mis à jour: 4 octobre 2023 16:13

Où iront les milliards de l’Agirc-Arrco ? Les négociations entre les  syndicats et le patronat sur les retraites complémentaires du privé s’achèvent mercredi soir, avec l’espoir d’une revalorisation conséquente des pensions, contrarié toutefois par l’exécutif qui veut ponctionner le régime.

Cette ultime réunion, qui débute à 15h00, « promet d’être difficile » et « devrait se prolonger tard », a prévenu le négociateur de FO, Michel Beaugas. L’accord devrait contenir les deux « priorités » des syndicats : la suppression pour certains retraités du « bonus-malus », cette décote temporaire de 10% appliquée depuis 2019 à de nombreuses pensions complémentaires, ainsi qu’une  revalorisation des pensions, indexée sur l’inflation (ou proche) cette année.

Géré par les partenaires sociaux, l’Agirc-Arrco verse chaque année plus de 87 milliards d’euros à 13 millions de retraités. Cette part complémentaire représente entre 20% de la pension totale pour les salariés précaires et 60% pour certains cadres.

Le dernier accord-cadre quadriennal, conclu en 2019, arrive à échéance. Trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) et cinq syndicats représentatifs (CFDT-CGT-FO-CFTC-CFE CGC) doivent absolument s’accorder sur les règles applicables au 1er novembre.

Après plusieurs accords qui demandaient des efforts aux retraités, les caisses de l’Agirc-Arrco sont pleines : 68 milliards d’euros de réserve, soit près de dix mois de versements d’avance (sa règle d’or impose de conserver l’équivalent de six mois, sur un horizon de 15 ans). La réforme des retraites, repoussant l’âge de départ de 62 à 64 ans notamment, devrait apporter 22 milliards supplémentaires sur 15 ans.

Appel à une hausse des retraites et à la suppression du malus

Les syndicats réclament une hausse des retraites complémentaires comprise entre 5% à 5,2% au 1er novembre, équivalente à celle annoncée pour le régime général, puis indexée chaque année sur l’inflation. Sans donner de chiffres, la représentante du Medef Diane Milleron-Deperrois a souhaité « dissocier » l’année 2023 et la période 2024-2026. « L’inflation est un sujet nouveau », a-t-elle relevé, mais il faut « trouver les sous-indexations éventuelles, pour avoir un équilibre économique ».

Autre sujet de discussion, le malus. Instauré en 2019, il devait inciter les salariés à travailler un an de plus, soit jusqu’à 63 ans à l’époque, alors même qu’ils avaient atteint toutes les conditions légales pour partir. À défaut, ils voyaient leur pension amputée de 10% pendant trois ans. Un bonus était accordé pour deux à quatre ans de travail supplémentaire.

Plusieurs syndicats plaident pour « stopper le malus » de 700.000 retraités, une option rejetée par le patronat. La mesure coûterait entre 7,3 et 8,2 milliards sur 15 ans, selon le nombre de bénéficiaires.

Tollé face à l’« interventionnisme » de l’État

Les partenaires sociaux doivent surtout trouver une parade aux menaces de l’exécutif, qui réclame un à trois milliards d’euros annuels au régime d’ici 2030 pour participer au financement du relèvement des « petites pensions » prévu par sa réforme. Il entend sinon se servir dans les caisses. Au vu des excédents, « nous considérons normal qu’il y ait participation d’un retour à l’équilibre du système de retraite » global, a estimé fin septembre le ministre du Travail Olivier Dussopt devant l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis).

« Il n’est pas question que l’Agirc-Arrco devienne une variable d’ajustement pour les régimes gérés par l’État », a répliqué dans Les Échos le président du Medef Patrick Martin, inquiet de cet « interventionnisme ». « L’État voudrait mettre la main sur la gestion de l’Agirc-Arrco comme il l’a déjà fait en partie sur l’Unédic » mais « on a besoin de liberté des corps intermédiaires », a-t-il ajouté.

« Le gouvernement ne peut indûment ponctionner le fruit des cotisations des salariés du privé », a aussi averti Gérard Larcher (LR), le président du Sénat, dans une interview au Figaro mercredi. « Le gouvernent nous impose une réforme violente avec la retraite à 64 ans, et là maintenant il veut nous empêcher d’améliorer la pension des salariés privés. Il ne faut pas se moquer du monde », s’est insurgée pour sa part sur Franceinfo Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT.

Syndicats et patronat « réfléchissent à des mesures de solidarité internes » pour les petites retraites, à hauteur de 350-400 millions annuels, a résumé Christelle Thieffinne (CFE-CGC). Mais si le gouvernement « vole » un milliard, a prévenu Pascale Coton (CFTC), « il mettra en péril le régime ».

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