Rex Murphy : En rendant les tyrans forts, le mouvement vert a beaucoup à se reprocher

Par Rex Murphy
23 mars 2022 18:52 Mis à jour: 23 mars 2022 22:28

On a beaucoup entendu parler des « grands sommets verts ».

Depuis le début des années 1990, il y a eu environ 30 de ces gigantesques fêtes environnementales connues sous le nom de Conférences des parties (COP) parrainées par le redoutable Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Et les bla-bla qu’elles produisaient ne faisaient que croître avec chaque nouvelle conférence.

On peut ne pas tenir compte de l’hypocrisie de leurs participants – des milliardaires qui s’enorgueillissent, des vedettes de cinéma possédant des yachts, des présentateurs de télévision grassement payés et des « célébrités vertes » en tournée de conférences – de toute façon, l’hypocrisie y est très dense et les hypocrites trop nombreux.

Qu’ont-ils fait, à part de s’être mis sous les feux des projecteurs des principales chaînes de télévision et des grands journaux, de s’être pavanés dans les immenses salles de conférence de luxe, d’avoir lancé leurs alarmes bien usées sur les dangers des flatulences des vaches et de s’être joint aux jérémiades de l’adolescente Greta Thunberg devenue doyenne de l’idée de l’apocalypse verte et de la fin des temps ?

Alors, qu’ont-ils fait ? Montrez-moi une seule réalisation incontestable de ces conclaves éléphantesques des partisans du wokisme et des fanatiques du mouvement vert. Est-ce que l’apocalypse annoncée par le GIEC a été évitée, retardée ou dé-carbonisée ? Est-ce que l’industrie et la prospérité du monde sont assurées par des parcs d’éoliennes et des panneaux solaires largement subventionnés ? Sommes-nous vraiment en route vers le monde du « zéro net » ? Pas tant que Bill Gates continue à utiliser sa flotte de jets privés ou que Leonardo DiCaprio – un autre chantre de l’écologie – affrète des yachts très polluants de plusieurs millions de dollars.

Lorsque les oligarques et les fanatiques se réunissent, chaque réunion n’est qu’une triste répétition de la précédente, avec les mêmes piécettes présentées dans un langage toujours moins émouvant, les mêmes positions, les mêmes alarmes lasses et flasques et le même « c’est notre toute dernière, dernière, dernière chance ».

Mais il y a une « réussite » : ils ont apprivoisé la moitié du monde occidental – la partie de la planète qui s’est hissée vers la sécurité énergétique et la prospérité que seules une telle sécurité et richesse qu’elle procure permettent. Ce sont les gouvernements occidentaux – ceux qui ont le plus profité du pétrole, du gaz et du charbon, ceux qui possèdent les systèmes de santé, la générosité des économies occidentales, la profusion des supermarchés, la mobilité en voiture ou en camion – qui sont les benêts serviables, presque obséquieux, des Verts.

Toute leur sécurité, leur richesse, leur confort et leur capacité à afficher leur vertu – en interdisant, par exemple, les fourchettes en plastique dans les restaurants – sont liés aujourd’hui à l’idée fixe canalisée par les mêmes pharisiens. L’Occident joue le rôle de l’imbécile – et ce, après être durement sorti des prisons de la pauvreté et de la misère.

Cependant, l’assaut vert contre ce confort et cette sécurité cible surtout l’industrie pétrolière. Les écologistes font une campagne spéciale contre le pétrole du « premier monde ». Pourquoi aucun expert, aucun grand journal, aucune émission financée par le gouvernement occidental ne se sont-ils jamais demandé pourquoi le mouvement vert ne s’attaque JAMAIS à l’Arabie saoudite, par exemple ? Ni au Nigeria ? Ni au Venezuela ? Ni à la Chine, qui est également le mastodonte de la production et consommation de charbon et premier pollueur du monde ? Ni à l’Inde ? Et pour couronner mon questionnement rhétorique, pourquoi pas à la Russie ?

La Russie de M. Poutine, ce mini-Staline. L’homme qui massacre l’Ukraine. Le tyran qui menace maintenant le monde avec une guerre nucléaire. Le destructeur de villes.

Greenpeace, Greta Thunberg, Al Gore et autres organisations et personnalités du mouvement vert, pourquoi n’ont-ils pas manifesté contre le pétrole russe ?

Où étaient les blocages de pipelines en Russie – les blocages qu’on a souvent vus en Amérique du Nord ? Où étaient les dénonciations lancées par une conférence contre l’exportation du pétrole et du gaz russe vers l’Europe ? Alors même que les pays d’Europe, écoutant comme des imbéciles les propos du GIEC et de la COP, se sont repliés sur les éoliennes et le solaire, ont anéanti leur capacité en énergie nucléaire, ont jeté l’anathème sur le charbon et se sont ralliés en tremblant à l’idéal farfelu du « zéro net ». D’ailleurs, l’utilisation du charbon – ce premier pollueur mondial – augmente chez les plus grands consommateurs du monde : en 2020, la Chine construisait en moyenne une grande centrale au charbon par semaine et a augmenté leur capacité totale de 29,8 gigawatts, tandis que dans le reste du monde cette capacité n’a diminué que de 17,2 gigawatts. Les Verts ont toujours des objectifs à atteindre.

C’est ça, la « réalisation ». Vous, les Verts, et vos COP, avez permis à la Russie de Poutine d’agir. Vous lui avez donné une baguette magique permettant de contrôler le bien-être et la ressource la plus vitale de l’Europe. Par votre folle hostilité envers la source de la puissance et du progrès occidentaux, vous avez transmis à un dictateur un formidable moyen de pression.

Les politiques des Verts ont rendu Poutine fort. Assez fort pour faire face à la moitié du monde et le faire basculer potentiellement dans un conflit que personne ne souhaite envisager.

C’est le bilan de toutes les Conférences des parties (COP).

Il est intéressant de noter que, par exemple, vos campagnes contre les « sables bitumineux » ont parfaitement réussi dans la province canadienne de l’Alberta. Vous avez bloqué les ressources pétrolières d’une province florissante, tranquille et paisible en pensant, peut-être, que vous avez contribué à la paix dans le monde ? Vous avez neutralisé son industrie, déplacé ou mis au chômage ses travailleurs et en avez fait une province appauvrie et victime des « sages » comme Greta Thunberg et Leonardo DiCaprio.

Bravo les croisés !

Poutine, vous ne l’avez pas dérangé. Ses pipelines n’ont pas retenu votre attention. Vous avez dynamisé les ambitions de Poutine, élevé le pétrole russe au rang de produit de première nécessité et placé l’avenir de l’Europe entre les mains d’un tyran vieillissant. Vous lui avez donné un pouvoir économique et la capacité d’envahir, de blesser et de tuer. Le Vert a un prix à payer.

Pour en venir au fait : le mouvement vert a un coût effroyable. Il prive les pays ayant encore une certaine éthique des fondements sur lesquels reposent leur sécurité et leur confort. Il amplifie le pouvoir, finance et gratifie les dictateurs en affaiblissant en même temps les pays qui croient en un monde sans guerres et sans leurs terribles cruautés.

Ce serait bien de voir le mouvement vert présenter des excuses pour ce qu’il a partiellement rendu possible. Mais une telle pensée reste du domaine du rêve.

Rex Murphy est un auteur et chroniqueur canadien. Il est un ancien présentateur des programmes télévisés et radiophoniques de la Société Radio-Canada (SRC).

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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