Saint Nicolas, rival du Père Noël, toujours aussi célébré en Lorraine

Par Anais Duroy
9 décembre 2023 12:55 Mis à jour: 9 décembre 2023 12:56

Fête moins célébrée dans d’autres régions, la Saint-Nicolas est « plus importante même que Noël » pour certaines familles de Lorraine, et particulièrement à Nancy, où un grand défilé a lieu samedi. La Ville veut l’inscrire au patrimoine de l’Unesco.

« T’inquiètes, je vais lui dire au Père Fouettard que tu as été sage » : une maman réconforte, sur le bord de la route, son enfant en pleurs de peur de ne pas avoir de bonbons au défilé de Metz. Le 2 décembre, plusieurs chars et compagnies d’arts de la rue ont assuré le spectacle, jusqu’à ce que le dernier char, celui de saint Nicolas, n’émerveille des milliers de personnes.

Devant la cathédrale, Josiane et Chantal, deux retraitées messines qui ne souhaitent pas donner leur patronyme, assurent n’avoir jamais manqué cette fête à laquelle « on est très attachées ».

« Beaucoup (de Lorrains) disent ‘‘c’est plus important même que Noël’’ », confirme à l’AFP Bertrand Masson, adjoint au maire de Nancy chargé de la culture. « C’est là que l’on offre les cadeaux », quand Noël est plutôt une fête religieuse.

Les week-ends précédant et suivant la Saint-Nicolas, le 6 décembre, des festivités sont organisées dans plusieurs villes de l’est de la France, avec comme point d’orgue le grand défilé nancéien, qui se tient samedi. Il a réuni plus de 100.000 personnes en 2022.

Pour cet événement, hôtels et restaurants « sont complets des mois à l’avance », assure M. Masson. Depuis 2014, ces festivités durent plusieurs semaines et attirent locaux mais aussi touristes d’Île-de-France, de Belgique ou des Pays-Bas.

« À l’heure où tout le monde se bagarre pour être la capitale de Noël, on est la capitale de la Saint-Nicolas », revendique l’élu nancéien. La cité de Meurthe-et-Moselle prépare un dossier pour faire reconnaître cette fête au patrimoine immatériel de l’Unesco.

À Nancy, l’héritage est aussi historique. En 1477, lorsque le duc de Lorraine remporte la bataille de Nancy contre Charles le Téméraire, la victoire est « placée sous les auspices de saint Nicolas », retrace M. Masson. « Saint Nicolas, c’est le saint patron de la Lorraine », rappelle Patrick Thil, adjoint au maire de Metz chargé de la culture et des cultes.

À une dizaine de kilomètres de Nancy, la ville de Saint-Nicolas-de-Port abrite des reliques – trois phalanges – de saint Nicolas. Une messe est y célébrée chaque 6 décembre. Ailleurs, la fête est civile et non religieuse, note M. Thil.

Cet évènement populaire unit les habitants

Cet événement populaire « traverse toutes les catégories sociales, tous les âges », souligne M. Masson. « Il n’y a pas un quartier » qui ne demande pas d’activités pour la Saint-Nicolas. Rien d’autre ne fédère à ce point, selon lui.

Patrick Thil se souvient de sa jeunesse, et du personnage de saint Nicolas qui, arrivé en train gare de Metz, prenait place sur son char et, d’un geste de sa crosse épiscopale, éclairait la ville. Jusqu’au début du XXe siècle, les habitants plaçaient un verre d’eau pour saint Nicolas et du foin pour son âne le 5 décembre au soir, avant de se voir gâtés d’oranges, mandarines ou bonbons le lendemain.

La tradition a traversé les siècles mais aussi les frontières, rappelle M. Thil : Saint Nicolas est d’abord évêque de Myre (dans l’actuelle Turquie) vers l’an 300. D’après la légende, il sauve trois enfants des mains d’un boucher, le futur Père Fouettard, qui s’apprête à les transformer en petit salé.

Son culte prospère d’abord dans le culte orthodoxe, en Grèce, dans l’est de l’Europe ou en Russie. Il est ensuite célébré par les protestants, comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, avant de traverser l’Atlantique où il deviendra « Santa Claus » et fusionnera avec le personnage du Père Noël.

C’est peut-être en présentant « un dossier transnational, rassemblant toutes les villes qui célèbrent la Saint-Nicolas » que la fête pourra être inscrite à l’Unesco, selon M. Masson.

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