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Alarme incendie

Seine-Saint-Denis : les professeurs d’une école de Noisy-le-Grand équipés de vuvuzelas, faute d’alarme incendie

Face à une panne persistante du système d’alerte incendie d'une école de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), la mairie a distribué des trompettes de stade aux enseignants. Une solution provisoire qui suscite l’incompréhension et la colère de certains professeurs et élus locaux. 

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Photo: by ANTOINE BOUREAU/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

À Noisy-le-Grand, faute d’avoir pu réparer le système d’alarme incendie en panne depuis la rentrée de septembre, la mairie a fourni aux enseignants du groupe scolaire de La Varenne… des vuvuzelas. Ces trompettes en plastique, rendues célèbres lors de la Coupe du monde de football 2010, doivent désormais servir à donner l’alerte en cas de départ de feu.  

« On a préféré en rire, même si ce n’est pas drôle »

« Quand on nous a distribué ces instruments, on a préféré en rire, même si ce n’est pas drôle », confie auprès du Parisien l’enseignante de l’établissement qui est à l’origine de l’information mais souhaite garder l’anonymat. 
Le système d’alarme incendie du groupe scolaire, qui comprend une école maternelle et une école élémentaire, est en panne partielle depuis la rentrée. Lors d’un exercice d’évacuation, les enseignants ont constaté que le signal sonore était quasiment inaudible. « C’est un de mes élèves qui a entendu le bruit presque imperceptible et me l’a signalé », poursuit cette professeure. 
Alertée, la municipalité a décidé de distribuer une douzaine de vuvuzelas, à environ 26 euros l’unité, à la direction, aux enseignants et aux gardiens. Ce dispositif doit leur permettre de prévenir les autres en cas d’incendie, le temps que les réparations soient effectuées.  

« Un professeur sur deux environ en a été équipé »

Mais la solution inquiète le personnel. Une enseignante souligne que s’il y avait un incendie aujourd’hui, « ce serait hyper dangereux ». « Je comprends qu’il y ait des délais et des démarches pour mettre en œuvre des travaux de réparation aussi lourds, mais je suis surprise qu’il n’y ait pas une solution qui fasse moins bricolage, avec un dispositif portatif d’alarme par exemple », s’indigne-t-elle.  
Selon cette même enseignante, « un professeur sur deux environ en a été équipé », ce qui implique de souffler dans un instrument pour alerter les autres, tout en rassemblant les élèves. « Cela risque de prendre du temps dont nous ne disposons pas en cas de situation d’urgence […]. Et puis ce n’est pas notre travail », s’offusque encore l’enseignante. 

« Même si c’est du bricolage, c’est quand même mieux que rien » 

Cette initiative n’a pas manqué de faire réagir l’opposition municipale. Emmanuel Constant (PS), conseiller municipal et candidat aux prochaines élections, a dénoncé sur sa page Facebook du « bricolage, de l’improvisation et de l’amateurisme ». L’élu raille une mairie qui « confond sécurité scolaire et kermesse », estimant que « nos enfants méritent mieux qu’une sécurité de carnaval ». Selon lui, « cette nouvelle défaillance met nos enfants, nos enseignants et le personnel de la ville en situation de danger ». 
Les parents d’élèves, eux aussi, oscillent entre inquiétude, colère et résignation. Stéphane, père d’un élève de CP, appelle à davantage de transparence : « Ce n’est pas la mission des professeurs de pallier ses dysfonctionnements. » « C’est quand même aberrant d’utiliser un moyen aussi archaïque, on paie quand même des impôts locaux », s’indigne auprès du quotidien francilien la maman d’un élève de CM1. Une autre mère se montre pour sa part plus indulgente : « Même si c’est du bricolage, c’est quand même mieux que rien. »  

La mairie prévoit le remplacement complet du système de sécurité  

Face à la polémique, la municipalité assure que « la sécurité de l’école de La Varenne n’a jamais été laissée au hasard ». Elle précise à nos confrères que « la commission de sécurité qui s’est tenue en juin a délivré un avis favorable », confirmant la conformité de l’établissement. Toutefois, elle admet que « depuis la rentrée de septembre, le système de sécurité incendie connaît effectivement des dysfonctionnements intermittents ».  
La mairie affirme par ailleurs avoir mis en place « des mesures compensatoires et provisoires », parmi lesquelles « le renforcement des rondes du gardien », ainsi que la distribution de sifflets et cornes de brume. 
En parallèle, la Ville annonce avoir prévu le remplacement complet du système de sécurité incendie. « 110.000 euros ont été inscrits au budget 2026, et un devis d’environ 70.000 euros a déjà été reçu », précise-t-elle. Les travaux pourront même débuter plus tôt, « grâce à un engagement sur les reliquats budgétaires de 2025 ».  
En attendant, les enseignants devront donc garder leurs vuvuzelas à portée de main, dans l’espoir de ne jamais avoir à s’en servir.