La société perd ses valeurs, devient plus égocentrique et axée sur le plaisir selon un vétéran australien

Par Daniel Y. Teng
6 juillet 2022 03:38 Mis à jour: 6 juillet 2022 09:45

Un vétéran de l’armée, désormais avocat, affirme que la société australienne n’est plus guidée par des principes, mais qu’elle est devenue centrée sur l’intérêt personnel, le profit et le plaisir.

Heston Russell, ancien membre des forces spéciales, qui a participé à plus de 200 missions, affirme que les militaires australiens sont souvent confrontés à un choc des valeurs lorsqu’ils quittent les forces armées.

« L’armée est fantastique lorsqu’il s’agit de piocher quelqu’un dans la rue et de lui donner une identité collective et un objectif extrêmement inspirant qui le touche au niveau intrinsèque et extrinsèque », explique-t-il à Epoch Times. « De la façon dont on nous fait avancer, à la façon dont on porte un uniforme, et rien que le fait d’être appelé par son nom de famille. »

M. Russell estime que l’armée est une organisation « avec un sens«  et « basée sur des valeurs » où chaque individu est poussé à faire preuve de courage, d’initiative, de travail d’équipe et de respect.

Mais alors que beaucoup d’entre nous migrent vers les grandes villes, nous constatons que la société ne valorise plus vraiment la responsabilité, tout est désormais une question de droit : « Qu’est-ce que j’y gagne, qu’est-ce que je mérite ? Ce qui remplace l’altruisme par l’égoïsme, c’est le chien qui mange le chien. »

Photo de profil de Heston Russell, chef du Parti  Australian Values, défenseur des affaires des anciens combattants et ancien agent des forces spéciales. (Avec l’aimable autorisation de Heston Russell)

« Tout est une question de profit et non plus d’objectif. Et c’est un endroit vraiment difficile pour maintenir ses principes. Dès qu’on essaie de le faire, on fait tout de suite partie de la minorité, car les gens sont trop occupés à se concentrer sur le profit, le plaisir, et toutes ces choses. »

C’est ce choc des valeurs qui perturbe souvent les membres de l’armée dans le retour à la vie civile et entraîne des problèmes d’adaptation et des troubles psychologiques.

« De nombreux vétérans traversent cette sorte de blessure morale, c’est une crise d’identité. »

Cette situation est aggravée par toute une série de problèmes qui touchent les anciens combattants, notamment les retards considérables du ministère australien des Affaires des anciens combattants – qui se démène avec un arriéré de 37.000 demandes d’indemnisation – ainsi que le manque de structure dans la vie quotidienne qui peut conduire à un manque de forme physique, à une consommation excessive d’alcool, voire à la toxicomanie

« Dans l’armée, vous avez des tests aléatoires de drogue et d’alcool tous les mois, et sans cette responsabilité de groupe, il est facile de dégénérer en ce qui est juste la norme commune dans la société australienne. Lorsque tous ces problèmes sont cumulés pendant un certain temps, le
s problème de santé mentale et de suicide des vétérans arrivent d’un seul bloc. »

La société occidentale atomisée

Le psychiatre Tanveer Ahmed affirme que les sociétés occidentales sont aujourd’hui toujours plus atomisées par rapport aux sociétés asiatiques, qui conservent des liens culturels et communautaires forts.

« Nous avons moins de rituels contraignants, pas seulement d’un point de vue religieux, mais aussi des rituels patriotiques, si vous voulez », explique-t-il à Epoch Times. « Cela dure depuis environ 50-100 ans avec l’émergence de l’économie de marché. »

« Tout le monde vit en ville, nous ne vivons pas dans des familles élargies ou des tribus (un besoin biologique pourtant) ce qui, d’une certaine manière, est ce que l’armée recrée », ajoute-t-il. « Le diagnostic du syndrome de stress post-traumatique (TSPT) est presque une variable du déclin de ce type de systèmes. »

Comprendre les signes avant-coureurs de la dépression et de l’anxiété pour trouver les moyens de les combattre. (Shutterstock)

M. Ahmed évoque également d’autres facteurs contribuant au déclin de la santé mentale des anciens combattants.

« La population en général est complètement ignorante de ce que représente les militaires et de ce qu’ils font réellement, et la réalité est que souvent les guerres que nous menons [en Afghanistan, par exemple] sont très éloignées de la vie quotidienne de la personne moyenne. »

« Israël a apparemment l’un des taux de TSPT, (troubles du stress post-traumatique), les plus bas parmi les armées développées, et l’une des théories est que la population entière est totalement liée à ses conflits. »

« Si vous êtes un ancien combattant, que vous avez terminé votre service et que vous prenez votre retraite, vous avez un statut très important. »

Redécouvrir les valeurs de l’Australie

Lorsqu’il faisait campagne, M. Russell demandait souvent aux individus où ils pensaient que l’Australie se dirigeait en tant que nation. Certains Australiens considèrent l’objectif « zéro émission«  comme un objectif louable et la lutte contre le changement climatique. Mais au-delà de cela, M. Russell pense qu’il est encore plus important pour la société de redécouvrir ses racines ANZAC, nées dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Le corps d’armée australien et néo-zélandais. [En anglais, Australian and New Zealand Army Corps, communément connu sous son abréviation ANZAC, ndlr.]

Pendant la guerre, les « diggers » australiens ont fait preuve d’endurance, d’initiative, de discipline et de camaraderie malgré des obstacles parfois insurmontables. Ces valeurs sont devenues l’esprit ANZAC célébré chaque 25 avril.

« Notre identité, l’identité australienne moderne et la société fondée sur des valeurs, à mon avis, sont nées avec les ANZAC »,
poursuit M. Russell.

Membre de l’armée australienne au Coogee Dawn Service à Sydney, en Australie, le 25 avril 2021. (Brook Mitchell/Getty Images)

« Je crois que les gouvernements et les dirigeants doivent fournir un but supérieur aux gens », poursuit-il, avertissant que la politique était devenue trop axée sur les rivalités entre factions et la « victoire aux élections. »

« Nous avons remplacé la motivation des gens par la manipulation, le contrôle, la peur et l
es incitations. »

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