Soupe, purée, colle: le monde de l’art, indigné, dit stop aux attaques de tableaux « contreproductives »

Le tableau de Johannes Vermeer "La Jeune Fille à la perle" compte parmi les œuvres qui ont été prises pour cibles par les militants écolos.
Photo: : LEX VAN LIESHOUT/ANP/AFP via Getty Images
Après des attaques contre des tableaux de maîtres en Europe par des militants écologistes, des voix du monde de l’art condamnent, de Paris à New York, ces actes de « vandalisme », le qualifiant de « contreproductif », « désespérant » et dangereux…
Si la plupart des grands musées français et britanniques interrogés par l’AFP, dont le Louvre, la National Gallery et la Tate à Londres, restent discrets, certains appellent à renforcer les mesures de protection, d’autres voix insistant pour ne « pas céder à la panique ».
« L’art ne peut pas se défendre », a déploré le musée Mauritshuis de La Haye où La Jeune Fille à la Perle, de Johannes Vermeer, a été visée jeudi par trois militants du collectif « Just Stop Oil » qui ont lancé dessus ce qui ressemblait à de la sauce tomate, après s’être collés à la vitre.
Renforcer la protection des œuvres
« Tous les responsables des musées prennent depuis très longtemps des précautions contre le vandalisme. Faut-il en prendre davantage? Sans doute », a réagi Bernard Blistène, président honoraire du Centre Pompidou à Paris, interrogé par l’AFP..
Ces attaques ont montré que les « normes internationales élevées de protection des oeuvres d’art ne sont plus suffisantes », a estimé dans un communiqué Ortrud Westheider, directeur du musée Barberini de Postdam (Allemagne), après celle qui a visé, dimanche dernier, son établissement. Des militants écologistes de Last Generation avaient alors enduit de purée la vitre protégeant « Les Meules » de Claude Monet.
« Tous les musées doivent désormais songer à des mesures de sécurité plus poussées », comme « interdire les sacs, les vestes, et peut-être aussi procéder à des fouilles », confie-t-il à l’AFP.
A Madrid, le musée Reina Sofia, où seules les oeuvres « les plus vulnérables sont dotées d’une vitre blindée », et le Prado ont indiqué « être en alerte » au journal espagnol 20Minutos.
Une escalade d’actes de vandalisme
Cet enchaînement d’attaques relève « clairement d’une escalade », estime Remigiusz Plath, expert en sécurité de l’association des musées allemands (DMB) et de la fondation Hasso Plattner.
Les militants « se mettent en scène afin d’attirer l’attention mais est-ce que ça change quelque chose? » a lancé le responsable du Whitney Museum de New York, Adam Weinberg, lors d’une table ronde organisée mercredi au Qatar, a rapporté le magazine spécialisé ARTNews.

Des militants du groupe de campagne « Just Stop Oil » attaquent le tableau « The Hay Wain » de l’artiste anglais John Constable à la National Gallery de Londres, le 4 juillet 2022. (Photo par CARLOS JASSO/AFP via Getty Images)
« C’est terrible! Comment la logique de défense du climat amène à vouloir détruire une œuvre d’art? C’est proprement absurde », a estimé pour sa part la ministre française de la Culture dans le Parisien.
Fin mai, « La Joconde », placée depuis 2005 derrière un verre blindé, avait été entartée au musée du Louvre. L’auteur de cet acte avait lui aussi évoqué la « planète », avant d’être placé en psychiatrie.
Pour Didier Rykner, directeur et fondateur du magazine en ligne La Tribune de l’art, ces actes sont « contreproductifs » et « plus on leur donnera de visibilité, plus ils (leurs auteurs) recommenceront ».

Articles actuels de l’auteur
BIEN VIVRE









