Une source cachée du pouvoir

Presque chacun d’entre nous donne son pouvoir, sans y réfléchir.

Prenons l’exemple suivant :

Un geste inconsidéré, exaspérant est posé. Vous êtes en colère. Vous y ruminez pendant des heures. Vous avez donné à autrui le pouvoir de vous frustrer et de vous faire perdre votre sang-froid, de gâcher votre journée, souvent sans même que vous vous en rendiez compte.

Vous vous sentez seul, isolé car vous êtes seul, ou n’êtes plus avec le partenaire qui a rompu avec vous. Vous avez donné votre pouvoir de vous sentir aimé à quelqu’un d’autre, qui ne veut peut-être pas vous donner cet amour.

Ou peut-être vous acceptez une invitation sociale et espérez impressionner les gens, obtenir leur approbation, être en quelque sorte aimé. Vous avez donné votre pouvoir d’être approuvé à d’autres, qui ne savent même pas qu’ils ont la responsabilité de vous valider.

Ou encore, il se peut que vous soyez en colère contre vos parents ou l’un d’eux pour la façon dont ils vous ont élevé ou pour certaines choses qu’ils ont faites et qui vous affectent toujours. Vous avez donné votre pouvoir de façonner votre propre vie à des gens qui n’ont pas eu la responsabilité de vous élever depuis que vous êtes devenu adulte.

Dans tous ces cas, et dans bien d’autres exemples tout au long de la journée, nous avons donné le pouvoir d’être heureux, content et joyeux, à des gens qui n’ont pas demandé ce pouvoir – ou qui n’ont même pas réalisé que nous le leur avions donné.

Mais en vérité, le pouvoir sur ces états d’esprit – d’approbation, d’amour, de colère, de joie – réside complètement en nous. Vous avez le pouvoir de vous mettre en colère ou en paix, de vous sentir blessé ou joyeux, de vous sentir connecté ou déconnecté, de vous sentir accepté ou rejeté. C’est la source d’énergie cachée dans laquelle nous ne puisons que rarement.

Ça ne veut pas dire que les autres ne font pas des choses indignes. Mais ces choses ne doivent pas nous faire vivre des émotions nuisibles – nous pouvons les laisser passer tout doucement et décider de ce que nous voulons ressentir. Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais c’est toujours un pouvoir qui réside en nous.

Pour autant, nous ne devons pas estimer non plus que nous n’avons besoin de personne d’autre, ou que nous sommes une île, complètement isolée. À mon avis, nous sommes plus interconnectés que nous ne le pensions. Choisir de nous considérer comme déjà interconnectés, toujours connectés au cœur des autres, c’est en fait une façon de puiser dans notre force intérieure. Se tourner vers les autres et voir leur douleur et leur amour, et pas seulement le nôtre, est une façon fantastique de puiser dans le pouvoir de se sentir utile et aimé.

Mais ne vous y trompez pas : le pouvoir est en nous, nulle part ailleurs. Nous pouvons nous sentir aimés en nous aimant nous-mêmes et en aimant les autres. Nous pouvons nous sentir appréciés et approuvés, en se regardant soi-même et en trouvant le miracle dans ce que nous voyons, en étant satisfaits de ce que nous sommes, tel que nous sommes.

Nous pouvons être en paix, en laissant de côté les offenses et jugements des autres, en trouvant le contentement dans les choses telles qu’elles sont.

Nous pouvons nous procurer de la joie en réalisant notre interconnexion avec les autres, en nous souciant des autres et en appréciant la beauté de ce moment, tel qu’il est.

Leo Babauta est l’auteur de six livres, le rédacteur de Zen Habits, un blog avec plus de 2 millions d’abonnés, et le créateur de plusieurs programmes en ligne pour vous aider à maîtriser vos habitudes. Voir son site : ZenHabits.net.

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