Un spécialiste des droits de l’homme explique pourquoi la persécution du Falun Gong par le PCC est particulièrement odieuse

Par Andrew Chen
25 juillet 2023 09:04 Mis à jour: 25 juillet 2023 09:04

Selon David Matas, avocat spécialiste des droits de l’homme, il convient de garder à l’esprit plusieurs éléments concernant l’atrocité de la persécution du Falun Gong en Chine par le Parti communiste chinois (PCC).

« Tout d’abord, nous devons nous rappeler que la répression a été fondée sur la popularité du Falun Gong », a déclaré M. Matas lors d’un événement marquant le 24e anniversaire de la persécution du Falun Gong. L’événement s’est déroulé devant le Musée canadien des droits de l’homme à Winnipeg le 8 juillet.

Le Falun Gong, également appelé Falun Dafa, est une discipline méditative et spirituelle ancrée dans les traditions bouddhistes. Après avoir été présenté au public en Chine en 1992, il a rapidement gagné en popularité en raison de ses bienfaits pour la santé. En 1999, le régime chinois estimait de 70 millions à 100 millions le nombre de pratiquants.

La tête du PCC à ce moment, Jiang Zemin, a perçu cette popularité comme une menace au régime communiste et, le 20 juillet 1999, a officiellement lancé une campagne de persécution brutale contre le Falun Gong.

« Bien que les croyances spirituelles du Falun Gong ne soient pas politiques, le Parti a été effrayé par l’ampleur du mouvement », a déclaré M. Matas.

Le PCC ne pouvait cependant pas justifier de répression étant donné la popularité du Falun Gong. Il lui fallait une raison, et c’est le deuxième point à retenir : la décision de persécuter le Falun Gong a mené à la diabolisation de la pratique.

L’avocat canadien David Matas, spécialiste des droits de l’homme, témoigne lors d’une audience du Congrès américain sur le prélèvement d’organes, dans une photo d’archive. (Lisa Fan/Epoch Times)

Alors que le Falun Gong et son fondateur, Li Hongzhi, ont été hautement loués par les autorités chinoises et ont reçu de nombreuses récompenses après l’introduction de la pratique en Chine, le PCC a renversé la situation lorsque M. Jiang a ordonné la persécution, a déclaré M. Matas. Par le biais de rapports fabriqués, de diffamation et de propagande, le Parti a prétendu que le Falun Gong était nuisible à la santé et au bien-être de ses pratiquants.

La pièce maîtresse de cette propagande, a noté M. Matas, a été la mise en scène d’une auto-immolation. Faisant référence au documentaire intitulé « False Fire » décrivant l’incident notoire au cours duquel cinq personnes, que le PCC prétend être des Falun Gong, se sont immolées par le feu à la place Tiananmen à Pékin, le 23 janvier 2001. Aujourd’hui largement considéré comme une mise en scène, l’incident a été propagé par les médias d’État chinois et utilisé pour justifier la persécution, en dépit du fait que les enseignements moraux du Falun Gong interdisent les meurtres et les suicides.

Prélèvement forcé d’organes

M. Matas, ainsi que feu l’ancien député et ministre David Kilgour, ont été les premiers à établir un lien entre la persécution du Falun Gong par le PCC et l’industrie florissante de la transplantation d’organes en Chine. En 2006, ils ont publié un rapport concluant que le PCC avait procédé à des « saisies d’organes à grande échelle sur des pratiquants du Falun Gong non consentants ». Ce rapport a ensuite été publié dans un livre intitulé « Bloody Harvest ».

« La diabolisation du Falun Gong a été, en partie, responsable de l’assassinat massif de pratiquants du Falun Gong pour leurs organes », a déclaré M. Matas, soulignant qu’il s’agissait du troisième élément à retenir le 20 juillet.

Selon lui, l’une des raisons pour lesquelles le Falun Gong a été ciblé pour le prélèvement d’organes est la « diffamation extrême » qui a conduit à la dépersonnalisation des pratiquants. « Les gardiens de prison, les responsables de la santé et les professionnels de la santé ont estimé qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient des pratiquants, que ces derniers n’étaient pas vraiment des êtres humains. »

Le quatrième point clé de M. Matas est que « les nouvelles technologies conduisent à de nouvelles formes de mal ». Il a déclaré que ceux ayant conçus la transplantation d’organes « n’ont jamais imaginé, j’en suis convaincu, qu’elle serait utilisée pour tuer des prisonniers de conscience ».

La communauté internationale s’est donc retrouvée sans défense face à cette nouvelle forme de mal.

L’absence de prévention et de remède, sur fond de profits énormes réalisés par l’industrie chinoise de la transplantation d’organes, a contribué à l’afflux de patients étrangers se rendant dans le pays pour des transplantations, selon les recherches de MM. Matas et Kilgour et les études d’autres personnes s’intéressant à la question.

David Matas, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme et coauteur du livre « Bloody Harvest : Organ Harvesting from Falun Gong Practitioners in China », avec David Kilgour. (Todd Liu/Epoch Times)

Difficile à croire

M. Matas a déclaré que la cinquième chose à retenir est que le monde a accueilli avec incrédulité les preuves d’abus de greffes d’organes, malgré des données montrant que « l’abus existe sans aucun doute raisonnable depuis le début des années 2000 et se poursuit encore aujourd’hui ».

Il a cité un documentaire intitulé « Hard to Believe » (Difficile à croire) qui examine l’incrédulité de nombreuses personnes.

L’une des raisons est que les abus sont nouveaux et que les gens n’ont « aucune expérience et anticipation ».

Une autre raison est le contraste entre le bien que représente la transplantation d’organes et le mal que représente le massacre. « Même face à des preuves irréfutables, beaucoup ne peuvent concevoir comment il est possible que le bien de la transplantation d’organes et le massacre de prisonniers de conscience pour leurs organes se rejoignent. »

Le sixième point à garder à l’esprit est que « les violations des droits de l’homme, si elles ne sont pas combattues, se développeront », tel « un virus se propageant », contaminant une population après l’autre, a déclaré M. Matas.

Il a noté que le massacre de prisonniers pour leurs organes en Chine a commencé par les prisonniers condamnés à mort, puis « a pris plus d’ampleur avec les mises à morts industrialisées du Falun Gong. Cela s’est ensuite étendu aux Ouïghours », mais aussi aux Chrétiens et aux Tibétains.

La résilience de l’esprit humain

Malgré la persistance de ces atrocités, M. Matas a déclaré qu’il restait confiant en la « résilience de l’esprit humain », le septième point qu’il a souligné.

« La pratique du Falun Gong est un mélange d’exercices physiques et de traditions spirituelles chinoises. Elle a trouvé un écho auprès de la population chinoise, mais a un attrait mondial. Sa persévérance face à une persécution brutale a mis en lumière la perversité et l’inhumanité du communisme chinois, mais aussi la force de l’esprit humain face à l’adversité », a-t-il déclaré.

Le prochain point important à retenir le 20 juillet est que de nouveaux mécanismes de prévention et de recours sont en train de se mettre en place pour lutter contre les nouveaux abus commis par le PCC.

Un nombre croissant de pays adoptent des lois interdisant le tourisme d’organes, le trafic d’organes et les greffes d’organes obtenus sans consentement. En décembre 2022, le Canada a adopté à la Chambre des communes le projet de loi S-223, qui érige en infraction pénale le fait pour des citoyens canadiens et des résidents permanents de se rendre à l’étranger pour recevoir un organe prélevé sur une personne qui n’a pas donné son consentement en connaissance de cause.

M. Matas a indiqué qu’une vingtaine d’États disposent désormais d’une législation extraterritoriale interdisant à leurs citoyens d’être complices d’abus de transplantation à l’étranger. La Convention du Conseil de l’Europe contre le trafic d’organes humains exige des États membres qu’ils interdisent cette complicité.

La Société internationale de transplantation cardiaque et pulmonaire a également déclaré qu’elle n’accepterait pas de données relatives à la transplantation ou à l’utilisation de tissus provenant de donneurs humains en Chine.

Rien ne peut arrêter la vérité

Outre les nouveaux outils juridiques et la sensibilisation accrue du public, M. Matas a également exprimé sa foi dans le pouvoir de la vérité, qui, selon lui, mettra fin aux abus contre le Falun Gong en Chine.

Le 20 juillet, n’oubliez pas que « rien ne peut empêcher la vérité d’éclater », a-t-il déclaré, soulignant que même si le PCC continue de dissimuler ses abus, des preuves « irréfutables » attestent de ses méfaits.

Des centaines de Falun Gong participent à un rassemblement et à un défilé dans le centre-ville de Toronto, le 15 juillet 2023, pour demander au régime chinois de mettre fin à sa persécution du Falun Gong. (Evan Ning/Epoch Times)

Les appels se sont multipliés dans différents pays pour des actions plus fortes, comme l’adoption par le Canada de la loi Magnitsky en 2017, donnant à Ottawa la possibilité de sanctionner des individus étrangers responsables de violations flagrantes des droits de l’homme, par exemple en leur interdisant d’entrer dans le pays.

Depuis lors, l’Association Falun Dafa du Canada a demandé à plusieurs reprises que des sanctions Magnitsky soient imposées à des responsables chinois ayant joué un rôle clé dans la persécution, notamment l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin, le chirurgien transplanteur Zheng Shusen, le responsable de la transplantation Huang Jiefu et les hauts dirigeants du Parti Luo Gan, Bo Xilai et Zhou Yongkang.

À la lumière de ces efforts, M. Matas a déclaré qu’en ce 20 juillet, le monde doit se souvenir à la fois des victimes et des auteurs de cette tragédie.

« Jiang Zemin est mort en novembre 2022. Mais ni lui ni aucun des autres auteurs de la victimisation du Falun Gong ne seront oubliés », a déclaré M. Matas.

« Longtemps après la désintégration du régime communiste chinois, on se souviendra de Jiang Zemin et de ses complices pour ce qu’ils ont fait aux pratiquants du Falun Gong. Lorsque tout le reste de la Chine communiste sera oublié, on se souviendra de l’assassinat des pratiquants du Falun Gong pour leurs organes, parce que les Falun Gong seront toujours là et qu’ils n’oublieront pas ».

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