Stratégies de prévention précoce d’Alzheimer : les experts estiment que les activités ludiques retardent le déclin cognitif

La pratique d'activités distrayantes stimulent positivement le cerveau, comme les exercices mentaux, et peut prévenir ou retarder l'apparition de la démence

Par Ellen Wan
10 décembre 2023 00:09 Mis à jour: 10 décembre 2023 00:09

De nombreuses études récentes montrent que des changements dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer se sont produits plusieurs années avant l’apparition des symptômes. Ainsi, les mesures préventives contre le déclin cognitif ne devraient pas attendre la vieillesse. Les experts recommandent de mettre en place des stratégies préventives dès l’âge de 40 ans afin de minimiser les risques.

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui évolue lentement au fil du temps et constitue la forme la plus courante de démence. En France, on estime le nombre de cas de maladie d’Alzheimer à 900.000, 225.000 nouveaux cas étant dépistés chaque année. L’Inserm précise qu’elle touche 2% des personnes avant 65 ans, et 15% de la population au-delà de 80 ans. Actuellement, plus de 55 millions de personnes dans le monde souffrent de démence, avec près de 10 millions de nouveaux cas chaque année. La maladie d’Alzheimer représente environ 60 à 70% de ces cas. La démence est la septième cause de décès dans le monde et l’une des principales causes d’invalidité et de dépendance chez les personnes âgées.

La maladie d’Alzheimer commence par une accumulation de protéine β-amyloïde dans le cerveau, formant progressivement des « plaques séniles » qui conduisent à la destruction des cellules nerveuses et à l’atrophie du cerveau.

Takashi Sakurai , directeur du Centre national de gériatrie et de gérontologie au Japon et spécialiste de la démence, a expliqué aux médias japonais qu’aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer, les patients subissent une atrophie importante de l’hippocampe. Au fur et à mesure que la maladie progresse, l’ensemble du cerveau subit un rétrécissement. Les cellules nerveuses qui contrôlent la mémoire dans l’hippocampe étant endommagées, la capacité à conserver les souvenirs est altérée.

Les conditions liées au mode de vie augmentent le risque de maladie d’Alzheimer

Les maladies vasculaires sont très fréquentes chez les personnes âgées, et les personnes diagnostiquées avec la maladie d’Alzheimer présentent souvent des signes de ces affections. Takashi Sakurai a expliqué qu’une mauvaise circulation sanguine dans le cerveau (ischémie cérébrale) peut entraîner une production accrue de la protéine β-amyloïde. Prendre des mesures pour prévenir le vieillissement vasculaire et améliorer la circulation sanguine peut contribuer à éviter les maladies cérébrovasculaires.

L’athérosclérose contribue à accélérer le vieillissement vasculaire, et il est largement reconnu que des facteurs tels que l’hypertension artérielle et l’hyperglycémie jouent un rôle dans son développement. En fait, de nombreux patients atteints de démence souffrent également d’hypertension et de diabète de type 2.

En 2022, Scientific Reports a publié une étude de cohorte observationnelle sur un large panel de 156.654 résidents américains âgés de 40 à 80 ans. L’étude a révélé que les participants atteints de démence présentaient une prévalence de 81,6% d’hypertension, contre 31,9% chez les personnes non atteintes de démence. En outre, la prévalence du diabète de type 2 était de 45,9% chez les participants atteints de démence et de 11,4% chez ceux qui n’en souffraient pas.

En outre, chez les patients atteints à la fois de diabète de type 2 et de démence, plus de 90% souffraient d’hypertension.

Les auteurs de l’article notent que l’étude a révélé une association particulièrement forte entre l’hypertension et la démence, suivie par l’âge et le diabète de type 2. Le sexe, en revanche, n’a pas montré de corrélation significative avec la démence.

Démence induite par les médicaments anticholinergiques

Certains médicaments anticholinergiques couramment prescrits peuvent augmenter le risque de démence. Un article supervisé par Takashi Sakurai, publié dans le magazine médical japonais Pharma Style en 2022, conseille aux pharmaciens d’être attentifs à la démence induite par médicaments, car des cas ont été signalés, en particulier avec les benzodiazépines, les antihistaminiques et d’autres médicaments anticholinergiques. L’utilisation cumulée de benzodiazépines et d’antipsychotiques peut contribuer aux troubles de la mémoire. En outre, les bloqueurs H2 de deuxième génération, lorsqu’ils atteignent le cerveau, peuvent avoir un impact sur les fonctions cognitives. Étant donné que de nombreux patients âgés prennent des médicaments anticholinergiques, il est recommandé de faire preuve d’une grande prudence.

Les médicaments anticholinergiques courants sont les antidépresseurs, les antihistaminiques, les médicaments antivertigineux ou antiémétiques, les agents antiparkinsoniens, les antipsychotiques, les relaxants des musculaires, les antimuscariniques pour la vessie, les antispasmodiques gastro-intestinaux, les antiépileptiques, les antiarythmiques et les bronchodilatateurs antimuscariniques.

Une étude publiée dans Scientific Reports en 2019 indique que sur une période de 10 ans, les individus du groupe consommant la plus grande quantité d’agents anticholinergiques puissants avaient un risque accru de 63% de développer la maladie d’Alzheimer par rapport à ceux du groupe ayant la consommation la plus faible.

Prévenir le déclin cognitif avant que le vieillissement ne s’installe

Takashi Sakurai a indiqué que ces dernières années, les scientifiques ont découvert que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer avaient déjà accumulé une quantité importante de protéines β-amyloïdes au début de la maladie. La progression de l’accumulation de protéine β-amyloïde vers le développement de troubles cognitifs légers et de la démence s’étale sur une longue période de 20 à 30 ans. Cela signifie, explique-t-il, que si la démence se manifeste à l’âge de 70 ou 80 ans, la protéine β-amyloïde a commencé à s’accumuler quand le patient était dans la quarantaine ou la cinquantaine. Par conséquent, pour réduire le risque de démence, il est conseillé de mettre en œuvre des mesures préventives dès l’âge de 40 ou 50 ans.

Une étude publiée dans la revue Neurology en 2021 a fourni des informations détaillées, révélant que le passage de la négativité à la positivité de la protéine β-amyloïde prend 6,4 ans, et que l’évolution vers une déficience cognitive légère nécessite 13,9 années supplémentaires.

Un rapport de la Commission Lancet indique que la modification de divers facteurs de risque pourrait potentiellement prévenir ou retarder environ 40% de tous les cas de démence. Voici quelques exemples de ces facteurs de risque :

1. S’efforcer de maintenir la pression artérielle systolique à 130 mm Hg ou moins à partir de l’âge de 40 ans environ.

2. Prévenir les traumatismes crâniens. Une étude publiée dans The Lancet Psychiatry, qui a suivi près de 2,8 millions de personnes pendant une dizaine d’années en moyenne, a révélé que les personnes ayant subi une lésion cérébrale traumatique courent un risque 24% plus élevé de développer une démence toutes causes confondues et un risque 16% plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer que les personnes n’ayant pas subi de telles lésions. Le risque le plus élevé de démence survient dans les six mois suivant la lésion cérébrale traumatique, et le risque augmente avec la fréquence des lésions cérébrales.

3. Limiter la consommation d’alcool. La consommation excessive d’alcool, définie comme la consommation de plus de 21 unités d’alcool par semaine (1 unité d’alcool = 10 ml ou 8 g d’alcool pur), est associée à un risque accru de démence. Une étude britannique, qui a suivi 9087 participants âgés de 35 à 55 ans pendant environ 23 ans, a révélé que la consommation de plus de 21 unités d’alcool par semaine était liée à un risque de démence accru de 17% par rapport à ceux qui consommaient moins de 14 unités par semaine. Une autre étude de suivi portant sur 30 ans a révélé un lien entre une consommation d’alcool plus élevée et un risque accru d’atrophie de l’hippocampe.

4. Maintenir une activité physique au milieu ou à la fin de la vie. Une étude suédoise de 44 ans portant sur 191 femmes et évaluant leur forme cardiovasculaire au moyen de tests d’exercice a révélé que les personnes ayant une meilleure forme physique avaient un risque 88% plus faible de développer une démence toutes causes confondues que celles ayant une forme physique modérée, tandis que celles ayant une forme physique plus faible avaient un risque 41% plus élevé. En outre, les personnes ayant une meilleure condition physique retardaient de 9,5 ans l’âge d’apparition de la démence et de 5 ans le délai d’apparition de la démence par rapport aux personnes ayant une condition physique modérée.

Retarder la démence grâce à l’interaction sociale et à des activités agréables

Hideki Wada, éminent expert psychiatrique japonais et professeur de psychologie à l’Université internationale de la santé et du bien-être, estime qu’il existe une idée fausse très répandue selon laquelle la vie des personnes atteintes de démence est misérable.

Dans son article, Hideki  Wada souligne que de nombreux patients atteints de démence ont des objectifs personnels, comme mémoriser chaque jour leur poème préféré. Ces personnes ne voient pas la vie d’un œil pessimiste, mais continuent à chercher des moyens de profiter du temps qu’il leur reste à vivre.

À l’approche des 70 ou 80 ans, les signes de la maladie d’Alzheimer deviennent souvent apparents, et les personnes qui sollicitent rarement leur cerveau semblent plus susceptibles d’être atteintes de démence. Selon Hideki  Wada, le moyen le plus efficace de stimuler le cerveau est l’interaction sociale. La conversation est une activité hautement intellectuelle qui exige de comprendre les mots prononcés et de générer des réponses immédiates, obligeant ainsi le cerveau à fonctionner.

Hideki  Wada recommande également d’intégrer des activités agréables dans la vie quotidienne, parallèlement aux exercices mentaux. Plus on s’adonne à des activités amusantes, plus le cerveau est stimulé. S’engager activement dans des activités préférées peut effectivement prévenir ou retarder l’apparition de la démence.

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