La Suède fait marche arrière sur son approche douce pour contenir la pandémie

Par Froma Harrop
7 juin 2020 23:37 Mis à jour: 7 juin 2020 23:37

La Suède a laissé espérer que le coronavirus pourrait être maîtrisé sans grand inconvénient ni dégâts sociaux et économiques. Contrairement à ses voisins de Scandinavie et d’ailleurs, la Suède s’est distinguée avec sa politique sans quarantaine. Les restaurants, les bars et les magasins bourdonnaient de leurs clients habituels. Les gymnases restaient ouverts et les enfants de moins de 16 ans fréquentaient l’école.

Les images de Suédois prenant le soleil dans des cafés bondés ont fait pâlir de jalousie de nombreux Américains et Européens en isolement. Même si d’autres sociétés commencent à laisser les gens s’aventurer, elles exigent encore généralement des masques pour entrer dans les magasins et autres entreprises.

Oh, comme nous aurions aimé que l’approche suédoise fonctionne ! Apparemment, elle n’a pas fonctionné.

La Suède a aujourd’hui l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde – près de 44 pour 100 000 personnes. Le nombre de décès aux États-Unis est d’un peu plus de 32 pour 100 000. Au Danemark, il est de 10, et en Norvège, de moins de 5.

L’économie de la Suède, quant à elle, devrait se contracter de 7 % cette année, soit à peu près le même taux que celui du reste de l’Union européenne. Et les Suédois risquent d’être bloqués lors de l’ouverture d’autres pays dans le cadre d’un effort des pays visant à fermer leurs portes aux zones à haut risque Covid-19.

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Le cerveau de la stratégie controversée de la Suède sur le virus, l’épidémiologiste Anders Tegnell, chargé de la gestion de la pandémie à l’Agence de santé publique suédoise, a admis les erreurs de sa théorie. Il a déclaré à la radio suédoise : « Si nous devions rencontrer la même maladie avec tout ce que nous savons aujourd’hui sur elle, je pense que nous finirions par faire quelque chose entre ce que la Suède et le reste du monde ont fait. »

Son plan se déroulerait ainsi : les Suédois les plus vulnérables s’isoleraient pendant que les jeunes et les personnes en bonne santé en déplacement contracteraient la maladie et se rétabliraient – et construiraient des anticorps contre la réinfection. Grâce à cette pratique, suffisamment de personnes deviendraient résistantes et le virus s’éteindrait par manque de victimes. L’immunité collective se produit également lorsque de larges majorités de personnes sont vaccinées contre une maladie spécifique.

En attendant, l’économie prospérerait, selon la théorie. Mais aujourd’hui, le ministre des Finances suédois tire la sonnette d’alarme en annonçant que le pays est sur le point d’entrer dans la pire récession économique depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les lacunes de l’approche suédoise de M. Tegnell deviennent d’autant plus évidentes étant donné les facteurs qui devraient permettre une réduction du taux de mortalité. La Suède a l’un des taux d’obésité les plus bas d’Europe. (L’excès de poids est un facteur de risque de décès par coronavirus.) La Suède bénéficiait déjà d’une faible densité de population et d’une grande proportion de personnes vivant seules. Et ses capacités d’accueil des services hospitaliers et de santé publique permettent à la Suède de fournir de bons soins aux personnes atteintes.

Avant que les mauvaises nouvelles ne commencent à affluer le mois dernier, l’approche singulière de la stratégie suédoise s’est révélée favorable non seulement aux fans, mais aussi aux critiques. Les experts de la science de la propagation des maladies ont considéré le peuple suédois comme un groupe témoin dans une étude mondiale. Comment allaient-ils s’en sortir par rapport à ceux des autres pays qui promeuvent le confinement et limitent fortement les interactions humaines ? Pas si bien, finalement.

L’Amérique s’est lancée dans sa propre expérience contrôlée, dans laquelle certaines régions du pays lèvent les restrictions alors que d’autres le font par étapes. Même la Suède a interdit les rassemblements de plus de 50 personnes – et continue de le faire. Il n’existe pas de telles règles dans de nombreuses régions américaines.

Il est juste de se demander ce qui va arriver à ces fêtards sans masque qui ont fait le plein d’alcool lors d’une fête du Memorial Day au lac des Ozarks dans le Missouri. Au moins un des participants a été testé positif pour le virus. La même question se pose pour les foules qui remplissent les bars au Texas et les plages en Floride.

De nombreux responsables craignent que les récentes manifestations de masse au cours desquelles les participants se sont tenus à quelques centimètres les uns des autres, souvent sans masque, ne viennent défaire le dur effort de distanciation sociale qui avait permis de ralentir le virus. On espérait que des températures plus élevées aideraient, mais on craint maintenant que le beau temps n’encourage les foules.

La Suède a montré qu’à moins d’inventer un vaccin, il n’y a pas de moyen facile de se sortir de ce fléau.

Froma Harrop a reçu de nombreux prix et distinctions. Elle a travaillé au Bureau d’affaires de Reuters, a édité des rapports économiques pour l’agence de presse du New York Times et a fait partie du comité de rédaction du Providence Journal. Elle a écrit pour des publications aussi diverses que le New York Times, le magazine de mode américain Harper’s Bazaar et le magazine Institutional Investor.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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