Surpêche: à Saint-Malo, mobilisation contre un des plus grands chalutiers au monde

Par Vincent Solacroup
15 février 2024 20:00 Mis à jour: 15 février 2024 21:17

Près de deux cents militants écologistes, députés et pêcheurs ont manifesté jeudi dans le port de Saint-Malo contre l’Annelies Ilena, un des plus grands chalutiers pélagiques au monde, formant une chaîne humaine contre ce « bulldozer des mers ».

Battant pavillon polonais et propriété d’un armateur néerlandais, l’Annelies Ilena, long de 145 mètres pour 24 mètres de large, doit remplacer le Joseph Roty II, construit en 1974 et qui restera désormais à quai.

La Compagnie des Pêches Saint-Malo avait annoncé dans un communiqué début février avoir financé à hauteur de 15 millions d’euros l’installation d’une unité de production de surimi à bord de l’Annelies Ilena. Trop grand pour entrer dans le port de Saint-Malo, le navire-usine devra débarquer aux Pays-Bas. Le surimi produit à bord rejoindra par la route l’unité de transformation située dans la cité bretonne.

« Ce bateau-usine, il va prélever du poisson pour en faire du pâté (…) il va le débarquer aux Pays-Bas puis tout ramener en camion » à Saint-Malo, dénonce un autre pêcheur, Simon, qui préfère rester anonyme pour « ne pas être identifié par les patrons » du chalutier « monstrueux ».

« C’est une aberration », dénonce Nathan Kaufmann, un marin de 27 ans qui a fait le déplacement depuis le Finistère-Sud. « Moi j’ai un quota de 100 kilos de maquereaux par semaine : le chalutier peut pêcher 400 tonnes en un jour, il me faudrait 70 ans pour faire pareil. »

Pas « d’impact sur les fonds marins »

Mais la Compagnie des pêches de Saint-Malo affirme qu’elle ne « pêchera pas davantage  » avec l’Annelies Ilena, selon Le Pays Malouin. « La quantité de merlan bleu utilisée le sera dans le cadre du quota attribué à la société », soulignait Florian Soisson, le directeur de la Compagnie des pêches. Focalisé sur le merlan bleu, cette pêche ne concurrencerait pas celle des autres espèces réalisées par les pêcheurs locaux. M. Soisson précise  que « le merlan bleu se pêche essentiellement entre 300 mètres et 600 mètres d’eau dans des fonds souvent supérieurs à 1 000 mètres voire plus » et qu’il y aura pas « d’impact sur les fonds marins ».

« Un bulldozer des mers »

Présents derrière la banderole noire « Désarmons la pêche industrielle » déroulée par l’association de défense de l’environnement Bloom, plusieurs députés ont apporté leur soutien aux manifestants.

L’eurodéputée écologiste Marie Toussaint salue « la convergence des luttes » contre l’Annelies Ilena, aux filets « capables d’engloutir deux Tour Eiffel, beaucoup plus destructeurs que (ceux d’)une pêche artisanale ».

Matthias Tavel, député LFI de la 8e circonscription de Loire-Atlantique, décrit l’Annelies Ilena comme « un bulldozer des mers (…) une folie du point de vue écologique ».

« On est quand même beaucoup à s’inquiéter de voir ce bateau pêcher jusqu’à 400 tonnes. Il y a quelque chose qui ne va pas », a déclaré le député Modem Jimmy Pahun.

Dans la bonne humeur, au son d’un tuba enjoué, les députés, pêcheurs et militants ont ensuite formé une chaîne humaine longue d’environ 200 m, symbolisant l’immensité des filets de pêche de l’Annelies Ilena.

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