Alors que la France connaît une surpopulation carcérale – avec, au 1er avril dernier, 82.921 détenus pour 62.358 places opérationnelles – le ministre de la Justice Gérald Darmanin cherche par tous les moyens à pallier le problème. Ce lundi, il a avancé une solution surprenante.
Gérald Darmanin a déclaré ce lundi matin sur RTL qu’il était prêt à tout faire pour permettre la création de nouvelles places de prison, y compris en réquisitionnant des bâtiments. Il a notamment proposé de transformer certains Ehpad fermés en établissements pénitentiaires.
« Réquisitionner » et « faire des travaux »
« Tout ce qui pourra permettre de réquisitionner ou faire des travaux pour des places de prison, je le ferai », a déclaré ce 30 juin sur RTL Gérald Darmanin. Le président Emmanuel Macron et lui-même indiquaient, mi-mai, vouloir envisager la location de places de prison ailleurs en Europe, notamment pour les détenus étrangers. Gérald Darmanin a confirmé que « la demande du président de la République est en train d’être appliquée ».
« Nous avons fait des propositions à nos pays voisins », a-t-il expliqué ce lundi, ajoutant : « On propose à l’Espagne de louer quelques centaines, voire quelques milliers de places à la frontière. C’est aussi le cas en Allemagne qui est à 85 % d’occupation de leurs prisons. On le souhaite le plus rapidement possible. » Il a précisé la nécessité de « lever des obstacles juridiques, notamment européens, de rapprochement des familles avec les détenus ».
Le Garde des Sceaux s’est félicité de voir se profiler, d’ici octobre 2026, l’ouverture d’une prison modulaire de 80 places à Troyes (Aube). « On a eu dix entreprises qui ont répondu à un appel d’offres pour construire en un an et demi des prisons. D’habitude, on met sept ans pour en construire une. Deux fois moins cher, 200.000 euros la place au lieu de 400.000 », a-t-il indiqué.
« Je suis en train de regarder en ce moment des Ehpad qui sont fermés »
Outre ces solutions, le Garde des Sceaux explore de nouvelles pistes en s’intéressant aux Ehpad fermés. Il s’est dit prêt à les « modifier » afin de « pouvoir très rapidement y mettre des détenus ».
Il a d’ailleurs souligné qu’en France, « on met des détenus, quelle que soit leur dangerosité, dans la même prison ». « Le terroriste islamiste, le narcotrafiquant, le type qui a roulé bourré dix fois, on le met dans la même prison. C’est complètement idiot. Nous sommes les seuls quasiment en Europe à faire ça », a-t-il déploré, désireux de « catégoriser les détenus sur leur dangerosité ».
« Construire des places de prison » plutôt que « relâcher les détenus »
L’ancien ministre de l’Intérieur a signifié avoir fait « une prison de haute sécurité pour les narcotrafiquants » à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), celle-ci sera inaugurée le 31 juillet prochain. « Mais je vais aussi faire des prisons à taille humaine, pour ceux qui ne représentent pas de dangerosité pour l’extérieur », a-t-il poursuivi, estimant que « construire des places de prison » est une « bonne solution », contrairement à celle de « relâcher les détenus ».
Cette solution-là avait été préconisée dans un rapport commandé en novembre dernier par l’ex-ministre de la Justice Didier Migaud, auprès de professionnels du secteur (magistrats, directeur de prison, avocate), et remis à son successeur en mars. Le ministère de la Justice recommandait effectivement une « réduction de peine exceptionnelle » générale pour « tous » les détenus, sauf exceptions. L’entourage de Gérald Darmanin avait alors fait savoir que le garde des Sceaux n’était « pas du tout favorable » à cette proposition.
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