Surpopulation carcérale : location de places de prison envisagée par la France à l’étranger

Le centre pénitentiaire d'Alençon-Condé-sur-Sarthe.
Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER/AFP via Getty Images
Face à la surpopulation carcérale, le président Emmanuel Macron et le ministre de la Justice Gérald Darmanin ont dit envisager la location de places de prison ailleurs en Europe, notamment pour les détenus étrangers, selon une source proche du dossier.
Une solution déjà appliquée entre la Belgique et les Pays-Bas et envisagée par d’autres pays européens comme la Suède, ou encore le Danemark avec le Kosovo.
La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin 2024 par le Conseil de l’Europe. Au 1er avril, le nombre de détenus dans les prisons françaises était de 82.921 pour 62.358 places opérationnelles, un niveau record.
Une solution « très marginale »
Dans ce contexte, les autorités réfléchissent à transférer certains détenus – a priori de nationalité étrangère – vers les pays de l’Est, selon une source proche du dossier. Mais rien n’est encore décidé car cette idée pose plusieurs problèmes très concrets : sur le droit applicable dans ces prisons, sur le rapport des détenus avec les personnels pénitentiaires et la question de la langue.
Le coût est un autre sujet majeur, avec les frais de location et l’acheminement des prisonniers. Cette solution ne pourrait donc être utilisée que « de façon très marginale », selon une source proche du dossier.
Emmanuel Macron a affirmé mardi vouloir « accélérer » quant à la construction de places de prison. Aujourd’hui, une journée de détention coûte en moyenne 105 euros à l’administration française, selon un rapport de 2020 de l’Observatoire international des prisons (OIP).
« L’énorme pression »
La Belgique a déjà testé cette possibilité aux Pays-Bas, où La prison de Tilburg avait accueilli entre 2010 et 2016 jusqu’à 650 détenus belges pour alléger la situation de surpopulation carcérale chronique en Belgique.
L’accord de coopération avait pris fin lorsque l’administration belge avait estimé que la construction de trois prisons, en 2013 et 2014, avait en partie résolu le problème. Mais le gouvernement fédéral, compte tenu de « l’énorme pression » qui pèse sur les prisons belges avec 13.000 détenus pour 11.000 places début 2025, est à nouveau à la recherche de solutions d’externalisation pour y envoyer les détenus en situation irrégulière ayant été condamnés définitivement.
Le gouvernement conservateur cherche officiellement à nouer de nouveaux accords avec des pays européens, comme celui conclu dernièrement entre le Danemark et le Kosovo.
Le Danemark a loué 300 places dans une prison kosovar pour une durée de 10 ans et un montant de 200 millions d’euros. Des travaux sont en cours dans la prison destinée à recevoir ces détenus qui seront transférés pour le 1er avril 2027.
La Suède mène également des discussions avec l’Estonie et les Pays-Bas pour louer des places dans des établissements pénitentiaires, mais seul l’un de ces deux pays sera retenu pour un accord de coopération carcérale.
Au Royaume-Uni, la possibilité d’envoyer des détenus aussi en Estonie a un temps été évoquée mais rien d’officiel n’a été annoncé. Le gouvernement actuel semble prendre ses distances avec cette idée.

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