Ukraine: le nouveau chef des forces ukrainiennes mise sur le « perfectionnement » de l’armée

Par Vincent Solacroup
9 février 2024 17:20 Mis à jour: 10 février 2024 10:15

« Perfectionner » l’armée pour gagner la guerre : au lendemain de sa nomination à la tête des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky a fixé un plan « clair » pour repousser les Russes, Moscou jurant de son côté que les changements à Kiev n’affecteront pas le cours du conflit.

« Seuls le changement et le perfectionnement continu des moyens et méthodes de guerre nous permettront de réussir », a affirmé sur Telegram le général Syrsky dans sa première prise de parole publique en tant que commandant en chef.

M. Syrsky a été nommé jeudi à la place du très populaire général Valery Zaloujny, la présidence ukrainienne estimant qu’un changement était nécessaire après deux ans de guerre, alors que le front semble gelé.

Le Président Volodymyr Zelensky a immédiatement réclamé au nouveau commandant des armées un plan de bataille « réaliste » pour 2024, au moment où Kiev s’inquiète de l’effritement du soutien occidental entraîné par des dissensions internes aux États-Unis et dans l’Union européenne.

Le « général le plus expérimenté d’Ukraine »

« Il s’agit de planifier de manière claire et détaillée les actions de tous les organes » pour permettre « la victoire », a poursuivi Oleksandre Syrsky, qualifié jeudi de « général le plus expérimenté d’Ukraine » par M. Zelensky.

Problème majeur actuellement, l’armée ukrainienne manque de munitions. Or, « la distribution et la livraison rapides et rationnelles de tout ce qui est nécessaire aux unités de combat a été et reste la tâche principale de la logistique militaire », a assuré M. Syrsky.

Le général, jusque-là chef des forces terrestres, a aussi assuré que limiter les pertes humaines était sa priorité. « La vie et la santé des soldats a toujours été et reste la principale valeur de l’armée ukrainienne », a-t-il juré. Sans doute pour répondre à site d’information Ukraïnska Pravda influent cité par BFMTV qui avait écrit : Il « s’est forgé la réputation d’un homme qui accorde plus d’importance à l’accomplissement des tâches qu’au nombre de vies qu’il sacrifie à cette fin ».

Il a reçu le titre de « héros de l’Ukraine », la plus haute distinction nationale, attribué par Volodymyr Zelensky pour avoir défendu Kiev avec succès lors de l’attaque russe. Il est à nouveau aux commandes pour chasser les Russes de la région de Kharkiv.

Oleksandre Syrsky est confronté à la taille de ses troupes amputées de 70.000 hommes tués et qui comptent 120.000 blessés en deux ans, selon des estimations américaines citées par 20Minutes. Son prédécesseur Valery Zaloujny souhaitait la mobilisation de 500.000 personnes supplémentaires. Le Parlement ukrainien a voté mercredi 7 février, en première lecture, un projet de loi destiné à regarnir les rangs de l’armée, un projet impopulaire et objet de nombreuses critiques.

Ces changements n’ont toutefois pas entamé la détermination du Kremlin à « poursuivre » son invasion de l’Ukraine, dont l’armée russe occupe environ 20% du territoire. « Nous ne pensons pas que ce soit des facteurs qui peuvent changer le cours de l’opération militaire spéciale », a balayé vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Lors d’un entretien au journaliste conservateur américain Tucker Carlson, le Président russe Vladimir Poutine a lui-même assuré qu’une défaite russe en Ukraine était « impossible ». « Ça n’arrivera jamais », a-t-il lancé, ragaillardi après une année 2023 marquée par l’échec de la contre-offensive de Kiev.

La Russie avait elle aussi effectué plusieurs changements au sein de son état-major, notamment à la suite de l’humiliante retraite en septembre 2022 de ses troupes de la région de Kharkiv, dans le Nord-Est de l’Ukraine, et après la mutinerie avortée du groupe Wagner en juin 2023.

De nombreuses difficultés sur le front

Après bientôt deux ans de combats acharnés, l’Ukraine fait face à de nombreuses difficultés sur le front. Son armée manque de munitions, indispensables pour résister aux assauts russes qui, eux, se multiplient notamment à Avdiïvka, épicentre de la bataille.

L’armée de Kiev se concentre ainsi sur l’attaque avec des drones et des missiles d’installations militaires et énergétiques sur le sol russe, un moyen de forcer l’armée de Moscou à retirer certains de ses hommes et de ses équipements du front vers les lignes arrières.

Vendredi, les services spéciaux ukrainiens ont ainsi revendiqué auprès de l’AFP avoir « frappé » deux raffineries de pétrole en Russie dans la région de Krasnodar (Sud) qui « fournissent du carburant aux troupes russes » engagées en Ukraine. À la raffinerie d’Ilsky, selon cette source, « un grand incendie s’est déclaré » et une unité « a été endommagée ». L’usine proche d’Afipsky a également été « touchée », a expliqué la même source à l’AFP.

Les secours russes locaux ont reconnu l’existence d’un incendie sur la raffinerie à Ilsky, sans toutefois faire de lien entre cet incident et les attaques de drones rapportées par le ministère russe de la Défense.

Car l’armée russe avait un peu plus tôt assuré, comme à son habitude, avoir neutralisé dans la nuit 19 drones ukrainiens dans quatre régions différentes – dont celle de Krasnodar – et au-dessus de la mer Noire. L’Ukraine a, elle, dit avoir abattu 10 des 16 drones de conception iranienne « Shahed » lancés par la Russie dans la nuit.

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