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Espagne : un agriculteur s’exprime depuis Valence : « Sauver la campagne signifie abroger le Pacte vert »

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Víctor Viciedo, président de l'Association des agriculteurs indépendants de Valence (ALIV).

Photo: Crédit photo Víctor Viciedo

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Durée de lecture: 44 Min.

L’Espagne est confrontée à l’une des pires saisons d’incendies de forêt de ces dernières décennies, le système d’information sur les incendies de forêt Copernicus ( EFFIS ) signalant plus de 416.000 hectares brûlés .
Dans ce contexte, Víctor Viciedo, président de l’Association des agriculteurs indépendants de Valence (ALIV), dénonce les politiques environnementales du Pacte vert européen qui, en privilégiant la « restauration naturelle », criminalisent l’agriculture et l’élevage, encourageant le dépeuplement rural et l’accumulation de biomasse inflammable.
Depuis Villarreal (Castellón), l’agriculteur critique des lois comme la Loi de Restauration de la Nature (2023) et le Réseau Natura 2000, qui couvre 30 % du territoire espagnol, pour avoir restreint le défrichement des forêts et le pâturage, des pratiques de prévention ancestrales.
Dans cette interview avec Epoch Times Espagne, M. Viciedo explique comment le Pacte Vert , avec des objectifs comme la réduction de 50 % des produits phytosanitaires et des engrais d’ici 2030 ou l’inclusion du loup ibérique dans le LESPRE (2021), a éliminé un tiers des élevages en une décennie, selon l’INE, transformant les montagnes en « poudrières ».
Il propose donc d’abroger ces lois, de revitaliser les zones rurales et d’établir un système national unique de gestion des urgences. Sa voix fait écho à celle du secteur qui considère les politiques vertes comme un obstacle à la prévention des catastrophes.
Dans un pays où la campagne est le moyen de subsistance de milliers de familles, les propos de M. Viciedo invitent à réfléchir sur l’avenir des zones rurales et sur la nécessité de politiques qui les protègent plutôt que de les étouffer.
Epoch Times : Comment les politiques environnementales de l’UE ont-elles affecté la gestion traditionnelle des forêts et la population rurale en Espagne ?
M. Viciedo : Les politiques environnementales de l’UE ont non seulement contribué à limiter, voire à interdire, le nettoyage direct des forêts, mais ont également conduit au dépeuplement de nos villages en raison du manque de rentabilité des activités économiques les plus importantes des zones rurales : l’agriculture et l’élevage.
Autrefois, le monde rural était débordant de vie. Selon les données de l’INE (Registre municipal), en 1960, la population rurale espagnole représentait 43,4 % de la population totale. Les fours à pain et les cheminées des maisons étaient alimentés par des branches d’arbres basses et des broussailles ramassées en montagne. Le bétail paissait librement, sans permis spécial ni formalités administratives. Les pare-feux étaient nombreux et bien entretenus. La gestion de la montagne était naturelle et gratuite.
Y a-t-il eu des incendies ? Oui, peut-être autant qu’aujourd’hui, voire plus, car il y avait plus de monde dans les montagnes. Mais avec des ressources minimales, ils ont été éteints : quelques brigades de l’ICONA (composées de 15 à 20 hommes) et la participation volontaire des habitants des zones rurales, profondément préoccupés par leurs moyens de subsistance, suffisaient à les éteindre.
Selon le recensement de la population et du logement de 2021 de l’Institut national de la statistique (INE), la population résidant dans les zones rurales (communes de moins de 10.000 habitants, selon la définition appliquée dans les tableaux) représente environ 16 % de la population totale espagnole. En 2011, ce pourcentage était légèrement supérieur, autour de 18 % . Cette tendance confirme l’abandon progressif des zones rurales.
Ce dépeuplement rapide est la conséquence directe des politiques qui chassent les paysans, criminalisent les éleveurs et empêchent les agriculteurs de faire partie de la solution.
Les montagnes non gérées deviennent une véritable poudrière et, lorsqu’elles prennent feu, aucun avion ni aucune brigade ne peuvent l’éteindre.
Les données officielles le prouvent : la plupart des incendies sont d’origine humaine, mais l’ampleur de la tragédie est le résultat de la négligence et du dogmatisme politique.
Epoch Times : Pourquoi pensez-vous que l’abandon du pâturage a aggravé les incendies de forêt ?
M. Viciedo : Une chèvre en hiver est plus efficace que cent pompiers en été : car chaque animal qui broute nettoie la montagne, réduit la biomasse inflammable et crée des coupe-feu naturels.
Mais alors que la logique du terrain montre que le pâturage est la meilleure prévention, les statistiques de l’ INE (Institut national de la statistique) et des organisations agricoles révèlent un effondrement dramatique de l’élevage extensif : selon l’INE, l’Espagne a perdu près d’un tiers de ses exploitations d’élevage en seulement une décennie, et plus d’un quart dans les zones traditionnellement consacrées à l’élevage extensif.

Un taureau paît dans la ferme « Lo Álvaro » du château de Las Guardas, près de Séville, le 28 avril 2020. (Photo d’archive) (CRISTINA QUICLER/AFP via Getty Images)

Cette tendance confirme l’effondrement silencieux du secteur : moins d’exploitations, moins de pâturages, moins de surveillance du territoire et plus de combustible pour les incendies.
Il est évident que ces pertes ne sont pas naturelles, mais plutôt le résultat d’un cadre politique et réglementaire qui chasse les campagnes de leurs terres et les laisse mourir.
Epoch Times : Quelles réglementations spécifiques du Pacte vert européen considérez-vous comme responsables de cette crise rurale et des incendies ?
M. Viciedo : D’où vient cette législation néfaste qui vide les campagnes ? Malheureusement, elle se trouve dans les législations espagnole et européenne, faisant de nos dirigeants les principaux responsables. Toute cette législation néfaste découle d’une stratégie européenne, curieusement dérivée de la lutte de l’UE contre le changement climatique : le Pacte vert pour l’Europe .
Analysons quelques-unes de ces réglementations : la loi sur la restauration de la nature (2023) vise à restaurer tous les écosystèmes dégradés et à réhabiliter les rivières d’ici 2050. Mais qu’entend l’UE par « restauration » ? Pour l’« Europe verte », la restauration signifie ramener à l’état « naturel ou sauvage » les terres arables situées dans des zones désignées comme réseaux Natura 2000. Ces zones restreignent toute activité humaine, ce qui entraîne l’abandon des terres et favorise les incendies.
Les conséquences sont donc exactement à l’opposé de ce qu’il prétend poursuivre : une augmentation des émissions de CO₂ et la destruction totale de l’écosystème. Curieusement, la seule exception concerne les énergies renouvelables , dont l’installation est autorisée dans les zones protégées.
Les principaux objectifs de la stratégie « De la ferme à la table » sont de réduire l’utilisation de pesticides de 50 % , d’antibiotiques pour animaux de 50 % et d’engrais de 20 % d’ici 2030.
Sur le papier, cela semble synonyme de durabilité, mais en pratique, cela signifie des récoltes plus pauvres, des ravageurs incontrôlés, des sols moins productifs, une mortalité animale plus élevée et, en fin de compte, une perte directe de rentabilité pour le secteur.
La directive-cadre sur l’eau, sous prétexte de protection des écosystèmes aquatiques, se traduit en Espagne par des restrictions croissantes sur l’irrigation et l’obligation de démolir les barrages et les digues pour que « les rivières puissent couler et atteindre la mer ».
Résultat : moins d’eau disponible pour l’agriculture et plus d’incertitude pour l’irrigation.
Le paradoxe est que, tandis que l’eau est limitée pour la production alimentaire, ces ressources sont détournées vers des activités spéculatives telles que les énergies renouvelables, les vallées d’hydrogène vert ou les centres de données.

Image d’archive du 6 juillet 2023 montrant un parc solaire photovoltaïque dans la région de Castille-La Manche. (Oscar del Pozo /AFP via Getty Images)

Le réseau Natura 2000 était censé garantir la biodiversité, mais dans la pratique, il est devenu un piège juridique pour les campagnes.
En Espagne, près de 30 % du territoire est inclus dans ce réseau, ce qui impose des restrictions constantes à l’agriculture, à l’élevage et à la gestion forestière. Il est impossible de débroussailler sans autorisation, de couper du bois ou d’ouvrir un pare-feu sans passer par un calvaire administratif.
Le résultat n’est pas plus de nature, mais des montagnes abandonnées qui brûlent plus facilement et des exploitations agricoles qui perdent leur rentabilité et sont obligées de fermer.
Sous prétexte de protéger, on expulse ceux qui ont toujours pris soin de ces territoires.
Epoch Times : Comment d’autres réglementations européennes, comme celles relatives aux loups et à la santé animale, ont-elles eu un impact sur le secteur de l’élevage ?
M. Viciedo : La décision de l’inclusion du loup ibérique dans le LESPRE (2021), prise dans le dos du secteur de l’élevage, interdit tout contrôle de la population de cette espèce dans toute l’Espagne.
Le résultat a été immédiat : une augmentation des attaques contre le bétail, des pertes économiques constantes et un climat d’ impuissance dans les zones rurales.
Alors que le loup est élevé au rang de symbole de biodiversité, les bergers et les éleveurs sont condamnés à coexister avec une menace qui détruit leur mode de vie.
La loi sur la santé animale (loi 8/2003) , loin d’être un outil de soutien aux éleveurs, est devenue un autre carcan bureaucratique qui étrangle le secteur.
Elle a été créée avec le but de prévenir les maladies et d’assurer la traçabilité, mais dans la pratique, elle multiplie les inspections, les obligations administratives et les coûts que les petites exploitations ne peuvent pas assumer.
Sous prétexte de santé, on force l’abattage des animaux, on restreint la mobilité du bétail et on impose des plans non viables sans structure industrielle derrière eux.
Au lieu de protéger l’élevage familial, cette loi a accéléré la disparition de milliers d’exploitations, concentrant le pouvoir entre les mains de grandes sociétés agro-industrielles .
Les réglementations sur le transport des animaux limitent les durées de trajet, durcissent les conditions et multiplient les exigences bureaucratiques.
Bien qu’en théorie, cette mesure vise à réduire le stress des animaux, elle augmente en pratique les coûts, complique la logistique et met en péril la viabilité de nombreuses exploitations, notamment dans les zones éloignées des abattoirs ou des centres de vente.
Alors que nos éleveurs doivent se conformer à des exigences étouffantes, l’UE autorise l’entrée de viande et de produits animaux provenant de pays tiers qui ne respectent aucune de ces normes, créant ainsi une concurrence déloyale et insoutenable.
La gestion du lisier, qui a toujours été un engrais naturel et gratuit, est aujourd’hui traitée comme un déchet presque criminel. Le décret royal 306/2020 sur les exploitations porcines et le décret royal 1051/2022 sur la nutrition durable des sols ont imposé des limites, une bureaucratie et des coûts qui étouffent les exploitations. Désormais, le lisier doit être stocké dans des bassins coûteux, appliqué à l’aide de technologies inabordables pour les petites exploitations et enregistré dans un registre numérique qui ne fait qu’alourdir la bureaucratie.
Le résultat de cet enchevêtrement législatif est toujours le même : plus d’obstacles, des coûts plus élevés et une rentabilité moindre pour les agriculteurs et les éleveurs espagnols.
La loi de restauration de la nature leur interdit de gérer leurs terres ; les restrictions sur les produits phytosanitaires et les engrais réduisent leur productivité ; la directive-cadre sur l’eau les prive de ressources en eau ; le réseau Natura 2000 leur lie les mains ; l’inclusion des loups dans les LESPRE ( Parcs Nationaux de Conservation de la Nature) et la loi sur la santé animale augmentent le coût de l’élevage et le mettent en danger ; les réglementations sur le transport et la gestion du lisier multiplient la bureaucratie et les dépenses.
Pendant ce temps, les frontières s’ouvrent aux produits agricoles et d’élevage provenant de pays tiers qui ne respectent aucune de ces exigences.
Au nom de la durabilité, on sacrifie la campagne européenne, tandis que la production est externalisée vers des endroits où l’empreinte environnementale est beaucoup plus importante. Une double norme qui ne protège pas la nature et ne garantit pas l’approvisionnement alimentaire, mais qui condamne le monde rural à brûler et à disparaître.
Epoch Times : Quelles solutions pratiques, basées sur l’expérience des agriculteurs de Villarreal, pourraient être mises en œuvre pour permettre une gestion efficace des forêts et prévenir les incendies ?
M. Viciedo : Si le principal problème lié à l’entretien des forêts est la mort du monde rural, la solution consiste à le ramener à la vie en abrogeant les lois qui l’étouffent.
Si certaines tâches de défrichement forestier ont également été rendues difficiles, limitées, voire interdites par les loi, il faut les modifier afin qu’elles ne provoquent plus un problème.
Si des activités comme l’énergie renouvelable sur des terres brûlées ou l’exploitation de la biomasse restante sont autorisées par la loi, elles devraient être interdites afin qu’il n’y ait aucun intérêt à brûler des forêts.

Des habitants et des pompiers tentent d’éteindre un incendie de forêt dans la localité de Veiga das Meas, dans la commune de Villardevos, au nord-ouest de l’Espagne, le 16 août 2025. (MIGUEL RIOPA/AFP via Getty Images)

La première solution consiste donc à rendre aux campagnes leur rentabilité. Sans agriculteurs et éleveurs, pas de paysages entretenus ni de forêts propres. Pour y parvenir, les lois doivent cesser de criminaliser l’élevage extensif et l’agriculture, et les reconnaître pour ce qu’ils sont : des alliés naturels dans la prévention des incendies et l’équilibre environnemental.
Encourager le pâturage, réduire la bureaucratie qui étouffe les petits producteurs et assurer des prix équitables sont des mesures qui redonneraient vie aux zones rurales et, avec elles, garantiraient le meilleur réseau de prévention des incendies.
En attendant que le monde rural se rétablisse, les tâches qu’il accomplit gratuitement (débroussaillage, élimination des matières sèches, élagage des branches basses ou même éclaircissage des arbres) doivent être prises en charge par l’administration avec des budgets adéquats.
La deuxième solution est une gestion active des forêts. Il ne sert à rien de rédiger des lois écologiques chargées de dogmes sur la régénération de la nature ; ce qu’il faut vraiment, c’est réduire la densité de la végétation qui rend les incendies inextinguibles, et non l’augmenter.
C’est pourquoi la loi sur les forêts doit être modifiée pour permettre l’exploitation forestière par les propriétaires forestiers ; personne ne va défricher sans une incitation en échange.
Il est nécessaire d’investir véritablement dans le nettoyage, les pare-feux , le débroussaillage et les traitements forestiers, en intégrant la population rurale et les équipes forestières dans un plan continu tout au long de l’année, et pas seulement lorsque les incendies sont déjà hors de contrôle. Une forêt bien entretenue en hiver est le meilleur pare-feu en été.
La troisième solution intervient lorsque l’incendie est déjà déclaré et que les moyens nécessaires pour le combattre dépassent les capacités d’une communauté autonome.
Les incendies de grande ampleur ne connaissent pas de frontières administratives. Il est nécessaire de mettre en place un commandement national unique pour la prévention et l’extinction des incendies, qui coordonne les ressources, harmonise les protocoles et évite les doublons.
L’Espagne a besoin d’un système national de gestion forestière qui soit au-dessus des jeux politiques et dont le seul objectif soit de protéger le territoire et la vie rurale.
Epoch Times : À quels obstacles les associations indépendantes comme ALIV sont-elles confrontées pour influencer la politique de Bruxelles ?
M. Viciedo : La première chose à savoir, c’est ce qu’est une association indépendante. Une association indépendante est indépendante de deux choses : les partis politiques – c’est-à-dire qu’aucun parti politique ne nous gouverne ni ne nous influence en quoi que ce soit -, et les subventions , ce qui est très important, car les subventions sont le grand cancer qui empêche une organisation agricole de demander un changement législatif, de  demander l’abrogation d’une loi, de demander la révision d’un accord commercial. Tout ce qu’elles demandent, ce sont ce que j’appelle de la poudre aux yeux , des solutions provisoires et des vœux pieux.
La poudre aux yeux, l’enfumage, ce sont des choses qui sont impossibles, mais que les gens pensent possibles, comme la loi sur la chaîne alimentaire. Je n’entrerai pas dans les détails, mais c’est impossible. Les pansements, c’est demander l’aumône, demander de l’aide. Un petit pansement, c’est bien, mais ce n’est pas une solution.
Et puis les vœux pieux sont les grands slogans des grandes manifestations : « Des prix justes pour la dignité de l’agriculture », etc.
Ce que nous demandons et ce que nous avons dans notre programme, c’est l’abrogation des lois, de toutes celles qui découlent du Green Deal, du Pacte vert européen, et la révision des accords commerciaux qui nuisent à l’agriculture.
Ceux qui sont conclus avec des pays où le salaire minimum interprofessionnel est très bas et qui nous imposent leurs prix.
Nous avons été fondés en 2020 , précisément parce que nous étions en pleine crise, une crise des prix, et nous avons constaté que les organisations agricoles ne demandaient pas une révision des accords commerciaux mais se contentaient de demander des mesures mineures, comme des aides.
Epoch Times : Quelles stratégies ALIV propose-t-elle pour surmonter ces barrières et faire entendre la voix du monde rural ?
M. Viciedo : Comment pensons-nous exercer une influence ? Tout d’abord, par l’intermédiaire des partis politiques, et pour cela, il faut organiser des réunions avec eux, leur parler de nos préoccupations, etc.
L’autre moyen consiste à sensibiliser l’opinion publique par le biais des réseaux sociaux et, si possible, des médias de masse. Mais cela nous coûte plus cher. J’y suis parvenu à plusieurs reprises, mais cela nous coûte beaucoup plus cher.
Une autre chose très importante est l’unité, car nous sommes valenciens, mais le problème concerne l’Europe en général. Nous devons donc nous unir petit à petit, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau européen. C’est pourquoi au niveau national, ALIV s’associe à l’UNASPI, l’Union nationale des associations du secteur primaire indépendant.
Vous avez sûrement entendu parler d’organisations indépendantes, n’est-ce pas ? Parce que, bien sûr, 6F est devenu célèbre, n’est-ce pas ? La vérité, c’est que nous sommes tous sortis, pas seulement 6F. Ce qui se passe, c’est qu’il y a effectivement eu une personne qui, à la manière d’un caudillo, s’est approprié la voix de la campagne, alors qu’en réalité, elle ne représentait qu’elle-même, car cette dame n’a que ses propres intérêts, mais nous n’allons pas parler d’elle.
Et puis, nous avons le ser rural, qui n’est pas non plus très démocratique, car c’est celui qui met l’argent qui commande, et celui qui met l’argent, c’est la Fondation Ingenio.
Nous, organisations agricoles autofinancées, n’avons donc d’autre choix que de nous unir et de choisir démocratiquement la voie à suivre. C’est ce qu’on appelle l’ UNASPI (Union nationale des associations indépendantes du secteur primaire).
Epoch Times : Quels obstacles juridiques empêchent les associations indépendantes d’avoir une représentation officielle, et comment pourraient-ils être surmontés ?
M. Viciedo : Comment pouvons-nous surmonter tous ces obstacles ? Il existe des moyens. Comme je l’ai dit, l’intervention sur les réseaux sociaux consiste à essayer d’atteindre les médias et, bien sûr, à organiser des manifestations. Certains disent que c’est inutile, mais en réalité, une manifestation permet de montrer le mécontentement des agriculteurs , et parfois les médias peuvent parler de ce que nous demandons réellement.
Souvent, ils ne disent pas ce que nous demandons, mais ce que demandent les organisations agricoles, alors que c’est nous qui manifestons, et nous ne demandons pas la même chose que les organisations agricoles.
Nous nous exprimons clairement contre les fausses lois vertes, contre le mondialisme et les accords commerciaux, mais les médias et les grands partis politiques ne veulent pas l’entendre. D’accord, mais c’est la seule solution.
Sauver la campagne passe par l’abrogation de toutes les lois dérivées du Pacte vert.
Le CO2 n’est en rien responsable, et encore moins l’agriculture, qui a un impact positif sur l’atmosphère , il n’y a donc aucune raison de nous accabler d’autant de lois parce qu’à l’époque, on nous a retiré la préférence communautaire.
Je tiens à vous parler de la préférence communautaire, car c’est un principe fondamental de l’Union européenne. À sa création, l’Union européenne ne reposait que sur trois principes : la création d’un marché unifié, le Marché commun européen ; le mode de financement, avec la solidarité financière ; et le dernier principe était que les membres du club aient la préférence sur ce marché.
Tout cela a été bafoué par les accords commerciaux. Ce principe n’a aucune valeur juridique, car il n’a jamais été transposé en loi ; il ne s’agit que d’un principe, et il nous faut simplement restaurer cette préférence communautaire, cela n’a pas de caractère juridique car cela n’a jamais été inscrit dans une loi, ce n’est qu’un principe et il faut simplement récupérer cette préférence communautaire car, en outre, d’autres bénéficient désormais de cette préférence, cette préférence appartient maintenant à d’autres par le biais des lois vertes.
Ce qu’ils ont réussi à faire, c’est de nous forcer à nous conformer à des restrictions que les pays étrangers n’ont pas, et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec la réciprocité dont ils parlent souvent, ne permettra pas que cela se produise. Il n’y a donc pas d’autre choix que de s’attaquer à ces lois, il faut abroger ces lois faussement vertes.
Bon, comment pouvons-nous les faire tomber ? Avec des manifestations – si nous parvenions à nouveau à ce qu’elles soient généralisées et fortes. Car à l’époque, avec les manifestations de février 2014, on parlait déjà du fait que les politiciens allaient généraliser la loi sur la restauration de la nature, la loi sur l’utilisation durable des sites sanitaires, qu’ils allaient assouplir les conditions de la PAC, etc. Mais finalement, lorsque Unión de Uniones – et je vais également vous raconter cela – lorsque Unión de Uniones a obtenu la représentativité grâce à des négociations avec le gouvernement, qui avait besoin de soutiens, tout s’est arrêté là.
Donc, à l’heure actuelle, nous avons les trois Marías, qui sont ASAJA, COAG, UPA, auxquelles s’est jointe Unión de Uniones : ces quatre organisations agricoles sont représentatives et nous, les indépendants, sommes définitivement exclus. Et pourquoi le sommes-nous ? Je vais vous l’expliquer rapidement.
Une voix pour la communauté rurale : représentation du monde agricole et élections dans les campagnes
Nous avions récemment une loi, la loi 12/2014, sur la représentativité agricole. Attention, de 2014. Pouvez-vous croire que depuis 2014, cette loi n’a jamais été mise en œuvre ? Cette loi, celle dont vous parliez à propos des élections dans les campagnes. Pourquoi n’y a-t-il jamais eu d’élections dans les campagnes au niveau national ? Eh bien, c’est très simple, parce que le règlement n’a jamais été élaboré. Il fallait élaborer un règlement qui précisait quel était le recensement agricole et dans quelles conditions il allait se dérouler.
Ce règlement n’a jamais été adopté. Il comportait toutefois une disposition transitoire unique, stipulant que jusqu’à la proclamation des résultats du premier scrutin électoral, ceux qui avaient obtenu les résultats conformément à la loi 10/2009 auraient cette représentativité. Là non plus, il n’y a pas eu d’élections, mais il faut remonter à ce qu’étaient les chambres agricoles. Et c’est là que les chambres agricoles l’ont obtenu. On ne sait même pas en quelle année.
C’est donc là, dans les chambres agricoles, que l’ASAJA ou l’UPA ont obtenu leur représentativité. Les autres n’existaient pas, comment allions-nous les nommer, les obtenir ? Eh bien, jusqu’à aujourd’hui, ce qu’elles ont obtenu en termes de représentativité dans les chambres agricoles a été maintenu.
Nous, en tant qu’indépendants, nous ne sommes pas nombreux, mais eux non plus. En d’autres termes, le monde rural n’est pas syndiqué. Au sein du monde rural, environ 10 % appartiennent à des organisations agricoles, les autres n’appartiennent à rien.
La communauté rurale est privée de sa voix, car elle voterait. Et il est clair qu’une association indépendante suscite plus de sympathie que quelqu’un qui est rémunéré. Nous ne sommes rémunérés par personne et nous défendons la communauté rurale avec altruisme. Alors, bien sûr, cela leur fait terriblement peur qu’il y ait des élections dans la campagne et c’est pourquoi il n’y en a pas. Tout au plus, des élections ont pu avoir lieu dans certaines communautés autonomes. Il y a eu des élections en Catalogne, en Estrémadure, en Castille-et-León , mais nulle part ailleurs.
Une nouvelle loi mais pas de représentativité
C’est difficile. Maintenant, avec l’accord conclu avec Unión de Uniones, ils ont adopté une autre loi. Le décret-loi royal 1/2025. Attention, il s’agit du gaspillage alimentaire. Il comporte une sixième disposition supplémentaire et c’est là qu’intervient la question de la représentativité. Et pour obtenir la représentativité, il faut obtenir le certificat régional attestant que vous êtes représentatif dans votre région.
Si vous obtenez six certificats de six communautés autonomes, vous obtenez automatiquement un siège au Conseil agricole. Ensuite, en fonction du nombre d’affiliés, du nombre de sièges que vous avez, etc., d’autres sièges seront répartis au sein de ce Conseil agricole. Mais il n’y aura pas d’élections dans les campagnes.
Il pourra y en avoir tout au plus dans certaines communautés autonomes, mais rien de plus. Précisément pour obtenir ce certificat régional. Mais bien sûr, s’il n’y a pas d’élections dans six communautés autonomes, il sera difficile pour les indépendants d’obtenir le certificat régional de six communautés autonomes.
Par conséquent, cette représentation sera inaccessible. Sans cette représentation, nous n’avons pas de voix au niveau national, nous ne pouvons pas corriger les choses au niveau national, et encore moins à Bruxelles.
Alors, de quels outils disposons-nous ? Eh bien, nous disposons d’outils sociaux accessibles à tous.
L’accès à une pétition européenne
Dans le cadre d’une pétition européenne, il s’agit de présenter une demande écrite et on vous dira si elle sera discutée ou non, si elle sera présentée ou non. Difficile, n’est-ce pas ? En général, on vous répondra qu’elle n’est pas recevable. Et puis nous avons quelque chose de plus intéressant, mais nous devons encore progresser. Car nous devons non seulement être unis au niveau national, mais aussi établir des relations avec d’autres organisations similaires au niveau international, comme l’Initiative citoyenne européenne.
En d’autres termes, avec l’Initiative citoyenne européenne, en obtenant un million de votes dans sept pays différents, vous pouvez obtenir que votre demande soit débattue à la Chambre, au Parlement européen, et votée. C’est l’une des voies que nous voulons également emprunter.
L’autre, bien sûr, ce sont les manifestations qui, même si certains disent qu’elles ne servent à rien, sont en réalité très utiles. Elles servent au moins à sensibiliser l’opinion publique, créer une opinion.
Surtout, plus il y a de gens qui manifestent, plus le mécontentement est exprimé et, par conséquent, plus les partis politiques sont influencés. Cela les met très mal à l’aise, en particulier le parti politique au pouvoir, car cela montre que ses politiques et ses lois ne nous conviennent pas.
Epoch Times : Qui est responsable politiquement une fois que les incendies se sont déclarés ?
M. Viciedo : Les compétences en matière d’incendies relèvent des communautés autonomes. C’est le point numéro 1. La communauté autonome doit élaborer un plan d’aménagement des forêts, elle doit déterminer comment elle va les entretenir, c’est à elle de le planifier. C’est elle qui délivre les permis aux éleveurs pour qu’ils puissent faire paître leur bétail. En d’autres termes, les responsabilités en matière de loi sur les forêts et de incendies relèvent de la compétence des communautés autonomes.
Qu’ont fait les communautés autonomes ? Elles ont réduit leur budget consacré aux incendies. En Castille-et-León, je crois qu’il a baissé d’environ 50 % ou quelque chose comme ça. C’est très grave de la part des communautés autonomes. C’est un mal généralisé. Ne croyez pas que cela soit dû au fait qu’elles soient du PP, du PSOE ou d’un autre parti. La Galice, qui est touchée par les incendies, a elle augmenté ses budgets. L’Estrémadure ne les a pas non plus beaucoup réduits. C’est la Castille-et-León qui les a considérablement réduits.

Un membre de l’Unité militaire d’urgence (UME) s’efforce d’éteindre un incendie de forêt près d’un village, le 19 août 2025, à Pepín, dans la province d’Ourense, en Espagne. (Pablo Blazquez Dominguez/Getty Images)

La responsabilité, comme nous l’avons déjà dit, relève des communautés autonomes.
Il existe trois niveaux. Le niveau 0 concerne les mairies, lorsque cela dépasse les capacités de la mairie, elle demande alors l’aide de la province, à la Diputación, qui dispose alors de moyens qu’elle peut utiliser et prêter aux mairies.
Quand la Diputación constate que ses moyens sont dépassés et qu’elle a besoin des pompiers de la communauté autonome, nous passons au niveau 2 : des moyens aériens de la communauté autonome et qu’elle doit activer, par exemple, l’UME, qui est répartie par zones. Ces zones ne coïncident pas avec les communautés autonomes, car elles ne sont pas aussi nombreuses, mais ce sont des zones militaires. En réalité, l’UME serait déjà activée. L’UME se met à disposition dans la zone où se trouve la catastrophe et peut être activée en quelques heures.
Activer le déploiement des moyens pour éteindre les incendies
C’est donc pour cela que ce serait le niveau 2. À partir de là, nous avons déjà quelqu’un qui a certaines capacités pour lutter contre les incendies, car il dispose de moyens aériens et d’une UME. Mais bien sûr, lorsqu’un incendie présente les caractéristiques que nous connaissons actuellement, qui touche également l’Estrémadure, la Castille-et-León et la Galice, lorsque les capacités sont dépassées, c’est l’État qui doit prendre les rênes.
L’article 29 de la loi 17/2015 relative au système national de protection civile traite de l’activation de l’état d’urgence national. L’UME est activée par le ministère de l’Intérieur de sa propre initiative ou à la demande des communautés autonomes. Bien entendu, c’est toujours le ministère de l’Intérieur qui a le pouvoir de l’activer. En d’autres termes, il peut opposer son refus à la communauté autonome.
Quoi qu’il en soit, les communautés autonomes ne demandent pas le niveau 3, car elles disent : « Prêtez-moi les moyens et je m’en occuperai ». Sinon, cela donnerait une image d’incapacité aux yeux de l’opinion publique. D’autre part, le gouvernement ne veut pas de ce casse-tête. Le gouvernement dit : « Gardez le casse-tête ». C’est pourquoi le niveau d’urgence nationale n’est pas déclenché.
Déclaration de l’urgence nationale
C’est pour cette raison que le niveau d’urgence national n’est pas activé. Le niveau d’urgence national est une question de capacités. Lorsque vos capacités sont dépassées, et dans ce cas, elles le sont parce que vous n’êtes pas en mesure d’éteindre l’incendie, le niveau d’urgence national doit logiquement être activé. Réfléchissez-y, c’est évident.
Les régions autonomes peuvent-elles contrôler l’incendie ? Évidemment non. Nous devrions déjà être au niveau d’urgence 3. Je ne sais pas si le gouvernement, c’est-à-dire l’État au niveau national, en sera capable ou non. Ce qui est clair pour moi, c’est que les régions autonomes n’en sont pas capables. Et si les régions autonomes n’en sont pas capables, si elles n’ont pas les capacités pour y parvenir, alors il faudra déclarer le niveau d’urgence national.
Le niveau d’urgence national signifie que tous les moyens nationaux sont mis à disposition. Et quand je dis tous, c’est que s’il faut la moitié de l’armée, on envoie la moitié de l’armée. Et s’il faut toute l’armée, on envoie toute l’armée. Mais il s’agit d’organiser tout ce qui est à la disposition de l’urgence. Cela n’a pas été fait à Valence, cela ne se fait pas maintenant.
Un changement s’impose
Tout cela est une aberration. Car les citoyens sont abandonnés. Et tout cela à cause du conflit politique entre l’autonomie d’un parti et l’État d’un autre. Voilà ce qui nous arrive réellement. Et nous ne pouvons pas continuer ainsi.
Le niveau d’urgence 3 aurait dû être déclaré immédiatement à Valence et nous aurions eu des hélicoptères survolant la zone de la catastrophe, sauvant des gens, apportant des médicaments, de l’eau, etc. Nous aurions eu des véhicules blindés parcourant les routes et les chemins de la région, écartant les véhicules pour dégager les routes et les moyens de communication. Nous aurions eu les régiments de transmissions établissant des liaisons satellites pour que les gens puissent communiquer. Nous aurions eu l’intendance distribuant de la nourriture aux gens. L’Espagne dispose de nombreuses capacités qui n’ont pas été utilisées là-bas.
L’urgence de niveau 3 aurait dû être immédiatement déclarée à Valence, et des hélicoptères auraient survolé la zone sinistrée pour secourir les gens, distribuer des médicaments, de l’eau, etc. Des véhicules blindés auraient parcouru les routes et les chemins de la zone, dégageant les véhicules afin de libérer les routes et les moyens de communication. Les régiments de communication auraient établi des liaisons satellites pour permettre aux gens de communiquer. De la nourriture aurait pu être fournie par l’intendance à la population. L’Espagne dispose de nombreuses capacités qui n’ont pas été utilisées là-bas.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.