Un journaliste d’investigation dévoile l’ampleur des ravages environnementaux causés par le PCC

Par Alex Wu
1 novembre 2022 13:29 Mis à jour: 1 novembre 2022 13:29

Lors du XXe congrès national du Parti communiste chinois (PCC), le régime a mis en avant ses chiffres officiels et s’est flatté d’avoir été très efficace dans la gestion de l’environnement au cours de la dernière décennie. Cependant, un journaliste d’investigation chinois révèle ce qui l’en est véritablement. Le désastre environnemental est considérable en Chine et la situation n’est pas près de s’améliorer.

Zhai Qing, vice‑ministre de l’Écologie et de l’Environnement, a déclaré lors d’une conférence pendant le XXe Congrès qu’au cours des dix dernières années, sous la direction de « Xi Jinping et grâce à une réflexion menée autour d’une civilisation écologique », le Parti a réalisé de nombreuses avancées environnementales.

Parmi les réalisations mises en avant par le vice‑ministre, le fait que la Chine soit le pays dont la qualité de l’air s’améliore le plus rapidement au monde, l’épuration de l’eau potable pour 770 millions de personnes, la réhabilitation de plus de 300 espèces d’animaux et de plantes sauvages rares et menacées et leur augmentation.

Mais selon le journaliste d’investigation Zhao Lanjian, basé en Chine continentale, pour Epoch Times, le 23 octobre, la pollution de l’atmosphère, des eaux souterraines, des sols, etc. plafonne toujours à des niveaux alarmants. Toute protestation face à la dégradation de l’environnement est réprimée, les journalistes sont réduits au silence et seuls les fonctionnaires du ministère de l’Environnement peuvent s’exprimer et faire part d’un optimisme inapproprié.

« Les normes pour évaluer les mesures prises pour la protection de l’environnement devraient d’abord être mises au point par des organisations non gouvernementales (ONG), de sorte qu’il soit possible d’analyser objectivement les résultats obtenus en matière de protection de l’environnement et leur impact sur la vie des gens », explique M. Zhao. « [Le vice‑ministre] encense la gestion de l’environnement du PCC. Toutes les questions posées lors de la conférence de presse sont préparées à l’avance. Les données présentées ne sont pas fiables. »

Un développement prédateur qui détruit les réserves naturelles

Selon M. Zhao, les mesures de protection de l’environnement adoptées par le PCC et son modèle de développement économique sont contradictoires.

« Certains sites protégés abritant des ressources naturelles ont été développés pour obtenir un succès commercial rapide selon un modèle d’exploitation prédateur, comme à Zhangjiajie ou dans la montagne de Changbai. »

Croisière touristique sur le lac Baofeng,  à Zhangjiajie, le 1er septembre 2013 (Lintao Zhang/Getty Images)

« J’ai visité la montagne Changbai quatre fois. Mon premier voyage a eu lieu en 1994, puis en 2015. J’ai constaté que la réserve naturelle avait été pillée et développée artificiellement. Tous les sites touristiques de Chine sont confrontés au même problème. »

Le journaliste compare la situation chinoise à celle d’autres pays. « J’ai visité des parcs écologiques dans de nombreux pays, comme les États‑Unis et le Chili, où les gens ne peuvent pas construire de routes ni développer de tourisme commercial. Cependant, la Chine place le modèle économique touristique en premier. Elle privilégie les revenus touristiques générés par le nombre de billets vendus. »

M. Zhao a passé dix ans à étudier le statut écologique des sites longeant le Yangtze, le fleuve Jaune au sud du lac Qinghai, ainsi que ceux du Tibet et de Mongolie intérieure. Il a constaté que le modèle de développement prédateur du PCC ravageait systématiquement l’environnement naturel.

La désertification affecte l’approvisionnement en eau et la pêche

En 2018, M. Zhao s’est rendu dans différentes zones du Sanjiangyuan, sur le plateau tibétain au sud de la province du Qinghai, pour faire des études de terrain. Il a constaté l’émergence de nombreux déserts apparus tout récemment :« J’ai découvert que ce désert s’est développé ces 30 dernières années. Il y a 30 ans, il n’y avait que des cimetières et des marécages. »

« L’existence de ce désert prouve que l’environnement écologique de la région de Sanjiangyuan a subi des changements radicaux depuis 30 ans. J’ai interrogé certains spécialistes. Ils pensent également que la désertification de la partie supérieure du Sanjiangyuan est à l’origine de la pénurie d’eau qui touche Shanghai et l’ensemble du système du fleuve Yangtze. »

Sanjiangyuan signifie littéralement « la source des trois fleuves ». C’est le lieu de naissance du fleuve Yangtze, du fleuve Jaune et du fleuve Lancang. Connu comme le « château d’eau chinois », le site a un rôle essentiel dans l’équilibre écologique de la Chine ainsi que dans son développement économique.

« Tout le monde peut voir la détérioration de l’environnement en Chine aujourd’hui, comme le fait que le Yangtze et le fleuve jaune se tarissent, ainsi que de nombreux systèmes d’eau. Le fait que ces systèmes d’eau se tarissent va bientôt affecter l’agriculture, l’élevage et la pêche le long des rivières. Donc peu importe à quel point le slogan du gouvernement est bon sur ces questions environnementales, tout le monde voit ce qu’il en est vraiment. »

Le dirigeant du PCC, Xi Jinping, a insisté sur deux points concernant l’environnement lors du discours prononcé à l’occasion du XXe Congrès : le Parti va « sérieusement promouvoir la prévention et le contrôle de la pollution environnementale, et il va continuer à promouvoir une protection et une gestion écologique des rivières, lacs et réservoirs importants ».

M. Zhao déclare : « Les questions relatives à la protection de l’environnement et à l’écologie sont urgentes et il se devait de les mentionner. Lorsque nous avons constaté que l’environnement avait changé, l’environnement était déjà détruit à un certain point. Le modèle de développement de la société tout entière est au bord du gouffre. »

Rivière polluée dans le désert de Tengger après le rejet d’eaux usées chimiques par une entreprise de papier. Après l’assèchement des eaux usées, un grand nombre de cristaux chimiques sont apparus sur la rive. (Zhao Lanjian)

Le rapport de Zhao Lanjian réalisé en 2014 a révélé une pollution choquante dans le désert de Tengger. Les bergers locaux ont constaté l’apparition de bassins d’eau usée dans l’arrière‑pays du désert. Les entreprises locales y déversent des eaux usées non traitées. Ses articles et ses photos ont depuis été supprimés de la Toile par le régime.

Censure des journalistes, protestations

M. Zhao explique : « La Chine a renforcé le contrôle des médias à partir de 2014. Les journalistes d’investigation ont été sévèrement muselés. Dans le même temps, des manifestations anti‑pollution de grande ampleur mobilisant les gens par dizaines de milliers sont apparues les unes après les autres dans toute la Chine… Toutes ont été brutalement réprimées par l’armée et la police du PCC. »

Les eaux souterraines de 90% des villes chinoises sont polluées par les entreprises qui déversent leurs eaux usées dans le sous‑sol. Un militant a réalisé une « Carte des villages ‘cancer’ de Chine ». En raison de la pollution, c’est par millier que les villages touchés par le cancer prolifèrent dans le pays, poursuit le journaliste.

Étendue d’environ 10 km2 de déchets radioactifs à l’extérieur de la ville de Baotou, dans le nord de la Chine, le 21 avril 2011. Des vents forts soulèvent les matériaux cancérigènes déversés par les producteurs de minéraux de terres rares, de minerai de fer et d’acier, empoisonnant les villages et les fermes environnants. Le ministère chinois de la protection de l’environnement a admis qu’il y avait au moins 450 « villages de cancéreux » liés à la pollution dans le pays. (Frederic J. Brown/AFP/Getty Images)

« Dans quel état se trouve aujourd’hui l’environnement naturel de la Chine ? Le système d’évaluation final est entre les mains du gouvernement. »

« Après le plaidoyer de Xi Jinping en faveur des montagnes et des rivières vertes, les administrations locales n’ont pas été en mesure de restaurer les montagnes vertes. Par conséquent, des plantes vertes en plastique ont été répandues du sommet de la montagne en procédant couche par couche. La montagne nue s’est transformée en une montagne verte artificielle. Dans de nombreux endroits, les montagnes ‘vertes’ ont été aspergées d’encre et de peinture vertes. »

« La destruction de l’ensemble de l’environnement naturel de Chine, la destruction des ressources du secteur du tourisme et la destruction des ressources écologiques pourraient ne pas être reconstituées au cours des prochaines décennies, voire des prochaines centaines d’années. »

Li Yun et Luo Ya ont contribué à cet article.

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