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Un « mur » antidrones européen d’ici 2027, en réponse à la menace russe

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Drapeau de l'Union Européenne.

Photo: MARTIN BERTRAND/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Face aux incursions répétées de drones russes dans l’espace aérien européen, Bruxelles accélère la mise en place d’un dispositif de protection ambitieux. Le « mur » antidrones, officiellement rebaptisé Initiative européenne pour les drones (Eddi), devrait être pleinement opérationnel d’ici 2027, selon un projet de la Commission européenne confirmé mercredi par des responsables européens.
La Commission doit dévoiler jeudi les contours de cette initiative stratégique, décidée le mois dernier en réponse à la multiplication des intrusions de drones dans le ciel du continent. Cette décision intervient après que l’Otan a révélé les failles de son arsenal défensif face à cette nouvelle forme de menace.
Les lacunes de l’Otan mises à nu
L’incident qui a précipité cette initiative est révélateur : lorsqu’une vingtaine de drones russes ont pénétré l’espace aérien polonais, l’Alliance atlantique s’est retrouvée dans l’obligation d’utiliser des missiles extrêmement coûteux pour neutraliser seulement trois de ces appareils. Cette réponse disproportionnée a mis en lumière l’absence de solutions adaptées et économiquement viables pour contrer cette menace émergente.
C’est précisément ce constat qui a poussé l’Union européenne à développer un système plus efficient, capable de répondre à cette nouvelle forme de guerre asymétrique sans mobiliser des ressources financières démesurées.
L’expertise ukrainienne au cœur du dispositif
Pour construire ce nouveau système de défense, l’UE compte s’appuyer sur un partenaire inattendu mais précieux : l’Ukraine. Depuis l’invasion russe de février 2022, ce pays a développé une industrie de fabrication et d’interception de drones unique en Europe. Cette expertise acquise sur le terrain de la guerre moderne constitue un atout majeur que Kiev a accepté de partager avec ses alliés européens.
Le déploiement du système Eddi s’effectuera en plusieurs phases. Dès 2025, un réseau de détection sera installé, utilisant à la fois des capteurs terrestres et des satellites. Cette première couche de surveillance sera suivie, d’ici 2027, par l’acquisition de capacités avancées de traçage et d’interception des drones hostiles.
Un déploiement progressif d’est en ouest
La stratégie de mise en œuvre privilégie une approche géographique logique. Le système sera d’abord déployé dans les pays du flanc oriental de l’Union européenne, les plus exposés à la frontière russe. Cette protection sera ensuite progressivement étendue aux autres États membres, créant ainsi un véritable bouclier continental.
Cette initiative s’inscrit dans un programme plus vaste présenté jeudi, visant à renforcer globalement la défense européenne au cours des cinq prochaines années. Parmi les projets phares figure notamment l’amélioration des capacités de défense antiaérienne du continent. La « feuille de route » 2030 sera soumise aux dirigeants européens lors d’un sommet prévu la semaine prochaine à Bruxelles.
Des résistances politiques à surmonter
Malgré l’urgence de la situation, le projet suscite des réticences. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont exprimé leurs inquiétudes concernant le coût élevé de cette initiative et les risques de chevauchement avec les prérogatives de l’Otan. Ces États craignent également ce qu’ils perçoivent comme une ingérence de la Commission européenne dans un domaine traditionnellement réservé aux compétences nationales.
Ces tensions illustrent le débat permanent au sein de l’UE entre la nécessité d’une défense commune renforcée et la volonté des États de préserver leur souveraineté en matière militaire. Le succès de l’Initiative européenne pour les drones dépendra largement de la capacité de Bruxelles à rassurer ses partenaires tout en maintenant l’ambition d’un système de protection véritablement efficace.
Avec AFP