Un rugbyman de Pro D2 se reconvertit en agent d’entretien bénévole dans un hôpital parisien pour aider pendant l’épidémie

Par Emmanuelle Bourdy
13 avril 2020 17:03 Mis à jour: 13 avril 2020 17:03

Si la réputation de Bakary Meïté n’était plus à faire, pourtant, ce rugbyman professionnel s’est fait remarquer par sa grandeur d’âme en se portant volontaire comme agent d’entretien.

Depuis le 25 mars, son terrain de jeu est devenu l’hôpital Sainte-Périne dans le XVIe arrondissement de Paris. Là-bas, il nettoie, désinfecte, aussi bien les parties communes, les couloirs, les postes de soins que les toilettes, sans oublier toutes les poignées de portes, de fenêtres, les rampes d’escaliers et les boutons d’ascenseur. De 7 heures du matin jusqu’à 13 heures, Bakary arpente les couloirs de l’hôpital chiffon à la main, ainsi que le relate Le Parisien.

C’est son neveu Zakarya, âgé de 19 ans et lui aussi rugbyman qui a entraîné son oncle dans cette aventure. Bakary, ou Baky pour les intimes, précise à propos de son neveu : « C’est lui qui a dit oui en premier. Un gamin de 19 ans qui se lève tôt pour aller faire du nettoyage alors qu’à cet âge, tu aspires à autre chose, je dis chapeau ! »

C’est par le biais d’un appel d’un membre de sa famille, chef de site d’une société de nettoyage sous-traitante de l’hôpital Sainte-Périne, que Bakary s’est porté volontaire. « Il était en sous-effectif et avait besoin de main-d’œuvre, car ses employés sont en arrêt. Parce qu’ils sont malades ou ont peur de venir, et on peut les comprendre. Les demandeurs d’emploi refusent aussi. Zak n’a pas hésité une seconde. Quand j’ai entendu ça, j’ai dit : ‘Moi aussi, je peux participer.’ Ce n’était pas une décision difficile à prendre. J’ai juste saisi l’opportunité d’aider », précise-t-il.

Et ce milieu-là, Bakary le connaît bien. Issu d’une famille modeste, Bakary a grandi porte de Clignancourt, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Sa mère, veuve, est arrivée en France en 1978, faisant des ménages pour subvenir aux besoins de ses enfants. Pour Bakari, cela n’a rien d’avilissant, au contraire, c’est pour lui une façon de rendre hommage à sa mère. « Elle a fait ce métier pendant trente ans chez les particuliers et dans les tours de La Défense, sans jamais se plaindre. Je lui tire encore plus mon chapeau, car ce n’est pas un métier facile. Il faut beaucoup de mérite et de courage. Il n’y a rien de dégradant », raconte-t-il à son propos.

Et pourtant, ce travail est loin d’être simple, mais Bakary ne s’en plaint pas et trouve son geste des plus normal. Même s’il n’entre jamais dans les chambres des patients de l’hôpital, il côtoie de près la souffrance. « Tu vois des choses, tu entends des bruits. Les gens sont en souffrance. Au début, cela n’a pas été évident de voir tous ces malades, et encore aujourd’hui… Le personnel soignant nous remercie, car il peut se consacrer aux malades, mais on ne fait que notre travail », dit-il ému.

Bakary ne fait pas cela pour la gloire, et ceux qui le connaissent intimement le savent. Pourtant, son geste a fait le tour des réseaux sociaux. Il a reçu de nombreux messages de soutien et de remerciement. « Ça fait chaud au cœur de recevoir des messages d’inconnus qui se disent émus par ma démarche, des aides-soignants, des infirmières ou des médecins. Ce sont eux les gens extraordinaires, pas nous. Ils sont tellement dévoués. La situation est tendue, il y a un manque de matériel, d’effectifs. Ils sont fatigués et parfois obligés d’improviser, mais ils sont toujours là. Ils l’étaient avant et le seront après. Moi, je ne suis que de passage. Le principal, c’est que la lumière soit faite sur le personnel soignant et les agents d’entretien », rappelle celui qui a souvent été nommé capitaine dans les clubs où il a évolué.

Un titre venant s’ajouter à celui du ministère des Sports, qui, sur Twitter, a reconnu en lui « un grand monsieur ».

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