Une société chinoise accusée d’avoir piraté l’Otan et des gouvernements étrangers

Par Epoch Times avec AFP
22 février 2024 12:11 Mis à jour: 22 février 2024 12:11

Un prestataire informatique chinois a été en mesure d’infiltrer l’Otan, des gouvernements étrangers ainsi que des comptes de réseaux sociaux et des ordinateurs personnels, selon des analystes ayant passé au crible une importante fuite de données de l’entreprise.

Des experts de SentinelLabs et Malwarebytes, sociétés américaines de cybersécurité, affirment que l’entreprise incriminée, i-Soon, a infiltré les systèmes d’une dizaine de gouvernements et d’organisations pro-démocratie à Hong Kong. I-Soon se présente comme une entreprise spécialisée dans la sécurité informatique et a candidaté à des appels d’offres du gouvernement chinois.

Ses données ont été déposées le 16 février sur le site de partage GitHub. Elles contiennent des fichiers de conversation, des présentations et des listes de cibles, selon les analystes. « La fuite fournit certains des détails les plus concrets rendus publics à ce jour » sur l’espionnage supposé de la Chine et révèle sa « maturité », écrit SentinelLabs dans un rapport publié mercredi.

Un prestataire au service de l’État chinois

L’auteur de la fuite et ses motivations ne sont pas connus mais elle « donne un aperçu inédit des opérations internes d’un prestataire de services de piratage informatique affilié à un État », selon SentinelLabs. I-Soon a été en mesure d’infiltrer notamment des ministères en Inde, en Thaïlande, au Vietnam et en Corée du Sud, d’après un autre rapport publié mercredi par Malwarebytes.

Mise en cause, l’entreprise i-Soon n’avait pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaire de l’AFP. Le ministère chinois des Affaires étrangères a pour sa part affirmé jeudi lors d’un point presse régulier « ne pas être au courant » de cette affaire.

Dans les documents divulgués, l’AFP a trouvé ce qui semble correspondre à des listes de ministères en Thaïlande et au Royaume-Uni, ainsi que des captures d’écran de tentatives de connexion au compte Facebook d’une personne. D’autres captures montrent une conversation houleuse entre un employé de i-Soon et un responsable au sujet de sa rémunération, ainsi que la description d’un logiciel qui permet d’accéder aux courriers électroniques Outlook d’une personne ciblée. Un document précise les primes pour les pirates informatiques, notamment un versement de 55.000 dollars (50.780 euros) pour s’introduire dans un ministère au Vietnam.

« Comme le montre la fuite de documents, les entreprises tierces jouent un rôle important pour faciliter de nombreuses attaques de la Chine dans le domaine cybernétique », estime SentinelLabs. Une autre capture d’écran décrit une demande d’un client pour accéder illégalement aux systèmes informatiques du ministre des Affaires étrangères, du cabinet du Premier ministre, de l’agence nationale de renseignement et d’autres ministères d’un pays non nommé.

Pouvoir lire les messages privés

Les experts qui ont décortiqué la fuite de données indiquent que i-Soon proposait de prendre le contrôle d’un compte sur le réseau social X (ex-Twitter). L’objectif mis en avant par la firme auprès de clients potentiels était de pouvoir surveiller l’activité d’un utilisateur cible et de lire notamment ses messages privés. Dans ces fuites supposées, i-Soon explique également comment ses employés peuvent accéder à l’ordinateur d’une personne, en prendre le contrôle à distance et surveiller ce qu’elle tape. Toujours selon ces documents, i-Soon propose par ailleurs de pirater les systèmes d’exploitation de téléphone, dont l’iPhone d’Apple, ou d’en extraire illégalement des données via une batterie externe.

Selon les fuites, i-Soon a candidaté à des appels d’offres des autorités de la région du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) pour y réaliser notamment des opérations de piratage. Dans cette province autonome vivent les Ouïghours (ethnie de confession musulmane), cible d’une féroce répression.

Le site internet de i-Soon n’était pas accessible jeudi mais des archives en ligne datant de mardi indiquent que l’entreprise est basée à Shanghai et possède des bureaux à Pékin et dans plusieurs provinces de Chine, notamment au Sichuan (sud-ouest).

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