Vendée : un collectif d’enseignants veut débaptiser le collège Soljenitsyne en soutien à l’Ukraine

Par Emmanuelle Bourdy
21 mars 2022 11:43 Mis à jour: 21 mars 2022 11:43

Dans le collège d’Aizenay, en Vendée, des syndicats d’enseignants ont demandé à remplacer le nom de l’établissement, celui de l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, par celui d’un poète ukrainien.

Dans le contexte de guerre russo-ukrainienne, porter le nom d’Alexandre Soljenitsyne est malvenu pour certains enseignants de ce collège situé à Aizenay, près de La Roche-sur-Yon en Vendée. En soutien au peuple ukrainien, un collectif demande donc à ce que le collège soit débaptisé. Il souhaite que lui soit donné le nom du poète ukrainien Voline.

« Proche de Poutine »

Une pétition intitulée « Changer le nom du collège d’Aizenay en soutien aux peuples victimes de Poutine », a été lancée en ligne. Soutenue par SUD Éducation Vendée, SGEN CFDT 85, CGT Educ’action 85, Fédération Anarchiste groupe Henri Laborit, Attac Vendée, elle a recueilli à ce jour 17 signatures.

Alexandre Soljenitsyne « était proche de Poutine, malgré l’opposition de leurs engagements durant l’époque de l’URSS », explique le collectif. Il était d’ailleurs « peu avare de compliments envers le dictateur russe qui lui décerna le prix d’État, Soljenitsyne partageait avec lui sa vision de l’unité de la Russie (donc l’annexion de l’Ukraine), un patriotisme aveugle et une fascination pour les régimes autoritaires », poursuit le collectif.

« En ces temps belliqueux, remplacer le nom pro-Poutine d’un collège vendéen par celui d’un homme de lettre ukrainien, combattant de la liberté et antimilitariste nous semble être, à notre niveau, un signal de soutien fort envoyé au peuple ukrainien en souffrance », revendique le collectif.

Une action « symbolique »

Quant au poète ukrainien Vsevolod Mikhaïlovitch Eichenbaum, dit Voline, il a été condamné pour insurrection en Russie tsariste. Il s’était réfugié en France mais a dû fuir à la suite d’un mandat d’arrêt en raison de ses « prises de position antimilitaristes lors de la Première Guerre mondiale », précise encore le collectif. Plus tard, il est revenu en France où il a activement participé à la Résistance. « Dans son livre ‘Le fascisme rouge’, il a exprimé avec force le rejet de tous les régimes autoritaires qui relèvent selon lui du fascisme », mentionne enfin le collectif.

La demande de ce changement de nom a été envoyée officiellement par courriel au Conseil départemental de la Vendée, à la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale et au Rectorat de Nantes, rapporte Actu.fr. En outre, le collectif souligne que cette action est « symbolique » et « n’est en rien incompatible avec les actions de solidarité, en termes d’accueil ou de don ».

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se sont indignés face à cette initiative. Certains ont blâmé les professeurs à l’origine de celle-ci, d’autres ont dénoncé la russophobie en train de naître depuis le début de ce conflit. D’autres encore ont vivement critiqué cette demande, d’une part parce que Soljenitsyne a été prix Nobel de littérature, mais d’autre part parce qu’il a révélé l’existence des goulags.

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