Vendée Globe: « Une odyssée hors monde de 84 jours » pour Armel Tripon

Par Epoch Times avec AFP
31 janvier 2021 16:00 Mis à jour: 31 janvier 2021 16:08

« A l’aube de toucher terre » pour rentrer « de son Odyssée » de plus de 84 jours, Armel Tripon plonge dans les souvenirs « de cette course hors monde » tout en affrontant la terrible tempête Justine. Le marin livre son dernier carnet de bord du Vendée Globe pour l’AFP.

« Cette course hors monde fait naître en moi l’envie irrésistible d’y retourner pour la gagner », écrit le navigateur de 45 ans, en passe de boucler son premier tour du monde, à la barre d’un bateau volant (L’Occitane en Provence).

Il est attendu lundi aux Sables d’Olonne pour être le onzième concurrent à franchir la ligne d’arrivée de la neuvième édition du Vendée Globe, remportée jeudi par Yannick Bestaven (Maître Coq IV).

« Dernière nuit en mer » 

C’est souvent ainsi que les souvenirs refont surface, quand à l’aube de toucher terre, l’on convoque avec une sourde panique ces moments dit inoubliables ! Mais qu’ai-je vécu ? De quoi cette course m’a t’elle fait grandir ?  Suis-je toujours le même homme ? Ai-je envie de repartir ? 

Toutes ces questions se bousculent, s’entrechoquent quand me voilà happé par une manœuvre exigeante et immédiate au passage d’un autre Finisterre pas celui du bout du monde, fraîchement conquis, non le nôtre, enfin, celui archi connu, vu et revu, par tout vent et tout temps, à la pointe de la Galice ! 

« Une aventure qui s’achevait plus vite que prévue »

Je déborde donc ce cap et m’enfonce dans la nuit trempée et tumultueuse, pistant une dépression hargneuse qui m’a laissé penaud le long du Portugal et repousser de 48 heures embrassades et joies des retrouvailles. Une nouvelle fois l’inattendu a débarqué sur mon bateau, sans crier gare ! 

J’ai eu l’air renfrogné des mauvais jours, avec le sentiment d’avoir déjà énormément joué de ma souplesse et bonté d’âme depuis le départ de cette course ! Mais rien n’est écrit, même pas les fins ! Ce ne fut pas le meilleur moment de ma course, et pourtant j’en parle ! Par facilité sans doute vu que c’était hier ! Mon esprit, étrangement, flottait entre une course pas tout à fait finie et une aventure qui s’achevait plus vite que prévue me coupant le mille nautique sous la botte ! 

« S’émerveiller de tant de beauté offerte »

Rongeant mon frein, n’en pouvant plus de subir les assauts répétés et agressifs des vagues sur la coque, qui jouant avec mes nerfs, me privèrent d’un sommeil heureux. Je ne dus mon salut nocturne qu’à l’abus de musique et autres livres audios.

La tourmente passée, la mer énorme et volumique, puissance inutile poussant sans cesse de paysage en paysage ces vagues montagnes m’autorise alors à rentrer de mon Odyssée. Point de Circé ni Calypso mais plus de 84 jours de mer autour de la terre à s’émerveiller de tant de beauté offerte. Cette course hors monde, fait naître en moi l’envie irrésistible d’y retourner pour la gagner. Demain se construit aujourd’hui et voilà ce qui occupe mes nuits ! »

Propos recueillis par Sabine COLPART

 

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