Le Venezuela au bord du chaos

6 juin 2016 18:05 Mis à jour: 6 juin 2016 13:13

Le pays qui a été la tête de pont de la gauche radicale sud-américaine et affrontait les États-Unis avec le levier de ses gigantesques réserves pétrolières et du soutien de l’Iran, est aujourd’hui démuni de tout et proche de l’insurrection. Alors que nourriture, médicaments et énergie manquent depuis des mois, les compagnies aériennes Lufthansa et Latam – le premier transporteur aérien en Amérique du Sud – ont annoncé le 2 juin qu’elles ne desserviraient plus le Venezuela, accroissant encore l’isolement du pays. Les manifestations spontanées de citoyens demandant de la nourriture se multiplient tandis que l’opposition parlementaire appelle à la destitution du président Maduro.

Tentative de référendum

Depuis les élections parlementaires de décembre 2015, l’opposition de centre-droit est majoritaire au Parlement et mène un bras de fer sans fin avec le successeur d’Hugo Chávez à la présidence, Nicolas Maduro. Plus de 1,8 million de signatures ont été rassemblées pour demander l’organisation d’un référendum sur sa destitution. Le 2 juin, le Conseil National Électoral – qui a autorité pour le déclencher – a cependant refusé de se prononcer en expliquant n’avoir pas le moyen de valider le nombre de signatures obtenues. Plus tôt ce printemps, la Cour Suprême – contrôlée par Nicolas Maduro – avait déjà rejeté une proposition d’amendement constitutionnel qui devait raccourcir le mandat du président de six à quatre ans.

Pour le vice-président de l’Assemblée nationale et député d’opposition Enrique Márquez, le référendum est la dernière « soupape » qui peut empêcher l’explosion sociale et prévient que, si celui-ci était bloqué, le pire pourrait arriver.

L’organisation des États américains, un pied dans la porte

Mardi 31 mai, le président de l’Organisation des États Américains (OAS), Luis Almagro, a convoqué une réunion extraordinaire sur le sujet de la crise institutionnelle au Venezuela, ce qui lui a valu d’être qualifié de « traître interventionniste » et d’ « agent de la CIA » par Nicolas Maduro. Dans un document de plus de 130 pages, l’OAS fait un bilan alarmiste de la situation de crise dans la république bolivarienne, en particulier son inflation à 700% – la plus haute du monde, l’absence quasi-totale de médicaments, que le pays ne peut plus s’acheter et de nourriture, essentiellement importée et donc également manquante.

Interrogé par The Guardian, Luis Amalgro explique : « Au Venezuela, le but premier de la politique a été perdu. Ils ont oublié de défendre le bien public à long terme et se focalisent sur leur bénéfice personnel à court terme. La crise institutionnelle au Venezuela demande que l’exécutif agisse immédiatement pour éviter de tomber dans une situation d’illégitimité. »

Les plaies vénézuéliennes

En mettant en place des prix « régulés » pour la nourriture, Hugo Chávez a, dans les années 2000, fait le pari d’une alimentation nationale vendue à un prix inférieur au coût de production locale. Son objectif était principalement politique : gagner l’opinion publique tout en affaiblissant les propriétaires terriens. Le moyen choisi – importer massivement les aliments de base comme le sucre, le maïs, l’huile, la farine – a eu pour conséquence l’effondrement de la production nationale, qui ne peut aujourd’hui plus alimenter la population. Le bolivar vénézuélien valant moins que le papier sur lequel il est imprimé, les importations de nourriture ne sont possibles qu’en asséchant les dernières réserves de dollars de l’État. « Cela fait deux ans que nous n’avons pas assez de nourriture pour remplir les rayons », explique à Fox News Jorge Luis Lastra, dirigeant du syndicat de la chaîne de supermarchés Bicentenario. Dernier exemple en date, au mois de mai, Coca-Cola a dû arrêter sa production de soda pour cause de manque de sucre. Le phénomène El Niño ajoute encore au désastre national : la sécheresse frappe le pays et l’eau même commence à manquer. À Caracas, les scènes de violence et les lynchages se multiplient en marge des manifestations de faim. Une habitante résume la situation dans les colonnes du Guardian : « Nous sommes comme une bombe… tic-tac, tic-tac ».

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