Voyage au cœur du monde des contes de fées chinois

21 août 2015 14:46 Mis à jour: 18 octobre 2015 09:57

 

Pourquoi courir toujours après la nouveauté  littéraire ? La réédition d’un classique, brillamment illustrée, nous enchante tout autant, sinon plus.

C’est ce qu’a réussi la Folio Society, fondée en 1947 et connue pour ses brillantes restitutions des grands classiques, en publiant son recueil 2014 de contes chinois : Chinese Fairy Tales and Fantasies (L’imaginaire chinois et ses contes de fées).

Dans la même veine, la maison d’édition basée à Londres a déjà publié un ouvrage encyclopédique englobant 3 500 ans d’histoire des dynasties chinoises, ainsi qu’un volume illustré en trois tomes du récit épique du XIIIe siècle Romance of the Three Kingdoms (Histoire des Trois Royaumes).

Une invitation à entrer dans un monde peu connu

À peine sorti de son étui couleur bronze, la couverture bleu sombre du volume relié de Chinese Fairy Tales and Fantasies offre au regard du lecteur le tracé vif et libre d’une gracieuse divinité. Sa silhouette et son vêtement enveloppent les contours d’un éclatant soleil rouge, dont la lumière dorée se reflète au-dessous en une scène terrestre – invitant le lecteur à entrer dans le monde peu connu des anciennes légendes de la Chine.

Quant aux légendes elles-mêmes, adaptées par Folio à partir d’un volume de 1979 traduit par Robert Moss, elles proviennent de toutes les époques de la riche histoire littéraire chinoise : des paraboles d’anciens maîtres taoïstes ayant vécu avant Jésus-Christ jusqu’à l’histoire officieuse de l’Académie confucéenne écrite en 1750, Unofficial History of the Confucian Academy. Le lecteur se retrouve plongé dans toutes sortes de quêtes – qui le feront passer jusque par l’enfer –, de leçons tirées du règne animal, d’épreuves de vertu et de courage et de voyages vers l’éveil. Certaines de ces œuvres sont si célèbres qu’elles continuent encore aujourd’hui à être familièrement citées au sein de la diaspora chinoise. D’autres, bien que moins connues, n’en sont pas moins fascinantes.

Des thèmes que l’on peut retrouver en Occident

Beaucoup évoquent des thèmes qu’on retrouve dans nos propres contes de fées. Dans A Small Favor (Une petite faveur), un geste de bonté apparemment anodin sera récompensé par une grande chance. Une autre histoire, The Family Fortune (La Chance de la famille), nous met en garde contre l’avarice et les accès de jalousie.

D’autres épisodes dépeignent les querelles d’injustes gouvernants et d’autorités corrompues, dans lesquels le protagoniste ne réussit à s’en sortir que par une foi inébranlable dans le principe que le bien engendre la chance et que les méchants seront inévitablement, si ce n’est immédiatement, traduits en justice.

The Black General (Le Général noir) dépeint un courageux et vertueux jeune voyageur qui libère un village des griffes d’une bête lubrique et tyrannique, demi-dieu exigeant une provision régulière de jeunes épouses. La bataille est double : la bête physiquement détruite, il reste au héros à libérer les villageois de leur soumission causée par la peur, il y parvient par l’attrait moral, mettant à nu la véritable nature du démon jadis puissant comme celle d’ « un criminel au ciel comme sur la terre ».

L’ouvrage comprend huit illustrations en couleur de l’artiste hongkongaise Victo Ngai, dont les traits délicats et les formes néanmoins concises sont accentués par son utilisation puissante de la couleur et du contraste – en résulte une impression attachante d’un autre monde, onirique et fascinant.

La nature mystique et spirituelle des légendes et des récits populaires

La préface, que l’on doit à l’auteur primé Yiyun Li, est en contraste abrupt avec les visions rencontrées au gré des fables et des légendes. Élevée à Pékin, Li exprime dans une langue tout emprunte du matérialisme de l’éducation marxiste contemporaine, une troublante perplexité face à la nature mystique et spirituelle des légendes et des récits populaires. Il en résulte un affrontement entre deux identités : l’une marxiste, empirique, officielle et l’autre, chinoise, cyclique, traditionnelle.

Ce caractère proprement chinois s’inscrit dans un monde où pensées et sentiments, jeunesse et vieillesse, masculin et féminin, laïc et mystique se déploient dans le contexte d’expériences humaines universelles – l’adversité, l’exaltation, la peur, la passion – lesquelles ne sont finalement que des tests émotionnels sur le chemin de la perfection spirituelle.

Le plus souvent, les pouvoirs magiques représentent, plus que de simples instruments pour vaincre le mal ou obtenir un gain matériel, les moyens d’enseignement de sages taoïstes. Une des histoires évoque un homme entré dans un monastère taoïste dans l’espoir d’acquérir des pouvoirs surnaturels. Après s’être acquitté de tâches apparemment injustifiées, il se voit finalement accorder la maîtrise de quelques arts mineurs, mais en retournant à la vie profane, il s’avère incapable de contenir ses désirs mondains et perd sa capacité après en avoir fait étalage.

Dans The Wizzard’s Lesson (La Leçon d’un magicien), un homme paresseux, tenté par les dons apparemment illimités conférés par un vieux maître, se retrouve à plusieurs reprises dans le dénuement en raison de sa paresse, avant de finalement quitter ce monde pour s’engager sur le chemin de l’éveil. Le maître le guide dans un voyage exténuant, à travers d’innombrables tortures illusoires et une vie alternative. Finalement, une simple erreur l’empêchera de devenir un immortel et il retournera dans le monde humain les mains vides.

Justice et mandat céleste

S’entrelacent la justice, le mandat céleste et la croyance chinoise que des critères plus élevés finissent par prévaloir. Dans le récit Underworld Justice (Justice du monde des ténèbres), un homme sacrifie sa propre vie lors d’un voyage au royaume des ténèbres, dans une quête pour sauver son père défunt des tortures injustifiées d’esprits corrompus et de fonctionnaires malfaisants.

En endurant l’ensemble des châtiments infernaux, notre fils loyal s’en sort et obtient la faveur du paradis. Des divinités vertueuses délivrent alors le père de sa condamnation imméritée et punissent les saboteurs de la justice, supérieurs ou subalternes, pour leurs méfaits.

 

Infos pratiques :

Illustrations de Victo Ngai pour l’édition de la Folio Society de Chinese Fairy Tales and Fantasies.

Disponible uniquement auprès de la Folio Society.

Version originale : Chinese Fairy Tales and Fantasies’: A World of Tradition

www.foliosociety.com

 

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