Xi Jinping ne participera pas au sommet mondial sur le climat, les conflits internes du PCC forment un enjeu plus important

Par Justin Zhang & Ellen Wan
30 octobre 2021 20:42 Mis à jour: 31 octobre 2021 07:04

Le chef du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, ne participera pas au prochain sommet des Nations unies sur le climat. Selon certains experts, les luttes intestines entre les hauts responsables du PCC l’empêchent de se rendre à l’étranger. Sa sécurité passe avant tout.

La Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) se tiendra à Glasgow, en Écosse, du 31 octobre au 12 novembre. La nouvelle selon laquelle Xi Jinping ne participera pas à l’événement a été annoncée pour la première fois dans les médias occidentaux lors des commentaires formulés par le Premier ministre britannique, Boris Johnson, organisateur de l’événement, au Times le 15 octobre.

Cela fait presque deux ans que Xi Jinping n’a pas voyagé à l’étranger, la plus longue période depuis son arrivée au pouvoir en 2012. Son dernier voyage hors de Chine remonte au 17 janvier 2020, lors d’une visite de deux jours à Naypyidaw, la capitale de la Birmanie, où il a fait la promotion de l’Initiative ceinture et route (ICR), son projet d’infrastructures massif.

Selon Li Yanming, un spécialiste de l’actualité chinoises, pour Epoch Times, Xi Jinping souhaite être réélu l’année prochaine et c’est pourquoi il a fait le choix de ne plus sortir de Chine afin d’assurer son autorité et d’éviter tout risque de coup d’État.

La sixième session plénière du 19e Comité central du PCC se tiendra au mois de novembre et devrait se conclure par l’adoption d’une résolution qui renforcera sa position politique en lui permettant d’être réélu pour un troisième mandat lors du 20e Congrès du PCC prévu à l’automne 2022, rompant ainsi la limite des deux mandats.

Les conflits entre les hauts responsables du Parti constitue un enjeu permanent. Pour maintenir sa position centrale au sein du PCC, Xi Jinping a, peu après sa prise de pouvoir, lancé une campagne anti-corruption de grande envergure.

« En 2017, environ 440 fonctionnaires de niveau égal ou supérieur à celui d’officier sub-provincial et d’autres fonctionnaires de la direction centrale ont été mis sous enquête ou arrêtés. La plupart de ces fonctionnaires avaient été promus sous Jiang Zemin et Zeng Qinghong. Tous éprouvent désormais une haine viscérale envers Xi Jinping. Si Xi Jinping échoue dans sa lutte pour le pouvoir lors du 20e congrès, il sera probablement ‘liquidé’ par ses opposants politiques » explique Wang Youqun, un analyste de l’actualité chinoises, pour Epoch Times. « Xi Jinping ne peut en aucun cas s’éloigner ».

Le dirigeant chinois Xi Jinping (à gauche) s’entretient avec l’ancien dirigeant Jiang Zemin lors de la clôture du 19e Congrès du Parti communiste au Grand Hall du Peuple de Pékin, en Chine, le 24 octobre 2017. (Wang Zhao/AFP via Getty Images)

Li Yanming rappelle le cas de Lai Xiaomin, ancien secrétaire du PCC et président de la société Huarong Asset, condamné à mort le 5 janvier dernier après avoir été accusé de corruption et de bigamie. Il a été exécuté 24 jours plus tard à Tianjin.

Li Yanming estime qu’il est inhabituel pour le PCC de procéder à une exécution aussi rapidement, généralement les condamnations à mort sont retardées et finalement abandonnées pour les fonctionnaires de haut rang.

Li Yanming pense que Lai Xiaomin a peut-être conspiré contre Xi Jinping.

En septembre, certains portails d’information chinois tels que NetEase et Sohu publiaient un article selon lequel Lai Xiaomin et deux officiers supérieurs de la police avaient fomenté un coup d’État contre Xi Jinping. Leur complot déjoué, les trois hommes étaient arrêtés. L’article a été retiré, mais une capture d’écran a pu être réalisée par le Hong Kong Economic Journal.

Li Yanming affirme que cet article révélait la raison véritable de l’exécution de Lai Xiaomin , le cerveau derrière le complot étant le principal rival politique de Xi Jinping, l’ancien dirigeant du PCC, Jiang Zemin.

Lai Xiaomin était du cercle restreint de Zeng Qinghong, la deuxième personnalité la plus puissante de la faction de Jiang Zeming. Par conséquent, la raison pour laquelle Lai Xiaomin a rapidement été exécuté n’est probablement pas liée aux prétendus pots de vin qu’il aurait perçus, mais à son rôle présumé dans un coup d’État, selon Li Yanming.

Il convient de noter que le jour même de l’exécution de Lai Xiaomin, le 29 janvier, le média d’État Xinhua publiait un article solennel dans lequel on pouvait lire : « Il n’y a pas d’immunité contre la mort pour corruption, personne n’est à l’abri de la loi, aucun pouvoir n’est au-dessus de la loi. » Li Yanming estime que cet article constituait une menace voilée de la part de Xi Jinping, un avertissement à ses adversaires politiques. Un tel article prouve que les conflits au sein de l’élite du Parti se sont intensifiés.

L’expert de la Chine Qi Jiazhen partage le même point de vue. Qi Jiazhen, membre du Centre chinois indépendant PEN et directeur de la Fondation culturelle Qi en Australie, explique pour Epoch Times : « Xi Jinping tient toujours à être réélu, mais de nombreux cadres du Parti veulent le faire tomber. S’il quitte le pays, il peut ne pas être en mesure de revenir. »

Outre l’instabilité politique qui règne dans le pays, « Xi Jinping est bien conscient que s’il se présente à une conférence internationale, il devra immédiatement rendre des comptes au sujet de la pandémie », explique pour NTDTV, Li Yuanhua spécialiste de l’histoire de la Chine et ancien professeur associé au Collège des sciences de l’Université Normale de Pékin.

En juin, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres puissances mondiales réunies au sommet du G-7 ont décidé de lancer des enquêtes indépendantes sur l’origine du Covid-19 face à la probabilité qu’il y ait eu une fuite du virus du laboratoire P4 de l’Institut de virologie de Wuhan.

Sur les questions environnementales telles que le changement climatique, Li Yanming estime que Pékin ne s’est pas encore assez engagé à réduire les émissions de carbone et que Xi Jinping ne gagne rien à se rendre à un sommet sur le climat qui ne pourra que le mettre dans l’embarras.

L’année dernière, Xi Jinping a promis de réduire drastiquement les émissions d’ici 2030 et de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2060.

La Chine est le pays qui produit le plus d’émissions de carbone, soit 27 % du total des émissions mondiales. Selon le groupe Rhodium, basé aux États-Unis, les émissions produites par la Chine ont plus que triplé au cours des trois dernières décennies.


Rejoignez-nous sur Télégram pour des informations libres et non censurées :
t.me/Epochtimesfrance

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.