Zhang Zhan, journaliste, de nouveau jugée en Chine alors que le régime bloque l’accès à ses soutiens et diplomates

L’avocat Zhang Keke, représentant la journaliste citoyenne chinoise Zhang Zhan, qui a relaté l’épidémie de Covid-19 à Wuhan, devant le tribunal du district de Pudong à Shanghai où Zhang Zhan doit comparaître le 28 décembre 2020
Photo: LEO RAMIREZ/AFP via Getty Images
La journaliste citoyenne chinoise, Zhang Zhan, déjà emprisonnée pour son reportage sur la crise du Covid-19 à Wuhan, a de nouveau été jugée à Shanghai le 19 septembre. Les autorités chinoises ont empêché les soutiens d’assister à l’audience et interdit l’accès aux diplomates étrangers. Mme Zhang est poursuivie pour « provocation de conflits et perturbation sociale », une accusation vague fréquemment utilisée par le Parti communiste chinois (PCC) pour cibler les dissidents politiques.
Le procès de Mme Zhang attire l’attention internationale, considéré comme un test de la politique de Pékin à l’égard des journalistes et des voix dissidentes. Le tribunal populaire du district de Pudong à Shanghai a ouvert l’audience sous étroite surveillance dès le matin du 19 septembre. Des policiers ont encerclé le tribunal, empêchant tout soutien ou simple témoin d’approcher les lieux.
Des diplomates de plusieurs pays occidentaux ont tenté d’assister au procès, mais se sont vu refuser l’accès pour « dossier incomplet », selon l’International Service for Human Rights. Les autorités chinoises n’ont pas confirmé le déroulement de l’audience. Les organisations de défense des droits ont dénoncé une nouvelle démonstration du manque de transparence et du mépris pour l’état de droit à Pékin.

Un policier couvre une caméra pour empêcher les journalistes d’enregistrer des images devant le tribunal populaire du district de Pudong à Shanghai, où doit se tenir le procès de Zhang Zhan, le 28 décembre 2020 (Leo Ramirez/AFP via Getty Images)
La Commission exécutive du Congrès américain sur la Chine (CECC) a demandé la libération immédiate et inconditionnelle de Mme Zhang le 17 septembre, soulignant la dégradation de sa santé suite à plusieurs grèves de la faim pour protester contre sa détention arbitraire par le PCC.
Reporters sans frontières a signalé que Mme Zhang était privée de tout contact extérieur depuis un an, et que les conditions de sa détention restaient secrètes pour éviter tout contrôle international sur son traitement.
Zhang Zhan a reçu plusieurs prix internationaux pour son travail pendant la pandémie, dont le Prix du courage pour la liberté de la presse de Reporters sans frontières, le Prix Lin Zhao attribué par ChinaAid, et le Prix d’honneur pour la liberté d’expression de la Vrije Universiteit Brussel.
Répression des soutiens
Le PCC a également tenté de museler les soutiens de Mme Zhang. Certains rapportent avoir été interceptés par la police locale avant de pouvoir se rendre à Shanghai. Un militant des droits basé à Wuhan a indiqué avoir reçu des menaces s’il tentait de quitter la ville. D’autres, ayant réussi à rejoindre Shanghai, ont été retrouvés et placés en garde à vue par les forces de l’ordre.
L’activiste Shen Yanqiu, domiciliée à Shanghai, a été arrêtée le matin du procès puis relâchée dans l’après-midi. L’avocat Peng Yonghe, qui avait proposé de témoigner en faveur de Mme Zhang, a été placé sous surveillance policière la veille. Prévoyant des restrictions, M. Peng avait enregistré un message vidéo avant le jugement, saluant Mme Zhang comme « une véritable patriote, engagée pour le constitutionnalisme, la démocratie et l’état de droit ».
« L’acte d’accusation ne précise pas son mobile criminel », a-t-il déclaré. « Si les actes de Zhang Zhan ne relèvent pas de la ‘provocation de conflits et du trouble à l’ordre public’, alors elle pourrait être reconnue innocente. Je suis prêt à témoigner en sa faveur devant le tribunal. »
D’autres avocats, membres de la société civile et dissidents ont publié des déclarations affirmant l’innocence de Mme Zhang et condamnant un procès qualifié de persécution politique.
C’est le second jugement dont Zhang Zhan fait l’objet en cinq ans. En 2020, elle s’était rendue seule à Wuhan pour documenter la gestion de la crise sanitaire par le pouvoir. Elle figure parmi les premiers citoyens chinois à appeler publiquement le régime communiste à révéler la vérité sur la pandémie de Covid-19.
Arrêtée en mai 2020, elle est restée détenue pendant plusieurs mois avant d’être condamnée à quatre ans d’incarcération. Durant sa peine, elle a entamé une grève de la faim qui l’a plongée dans un état critique, suscitant l’inquiétude internationale.
Libérée le 13 mai 2024, Mme Zhang a poursuivi son engagement aux côtés des dissidents et défenseurs des droits humains. Aujourd’hui, elle risque jusqu’à cinq ans de prison si elle est reconnue coupable.
Liberté de la presse en Chine
Le cas de Zhang Zhan souligne la mauvaise situation de la liberté de la presse en Chine. Dans son classement mondial 2025, Reporters sans frontières a placé la Chine parmi les derniers au monde : 178e sur 180 pays. L’organisation indique que 112 journalistes et acteurs des médias sont actuellement incarcérés dans le pays.
« Zhang Zhan a osé dénoncer les exactions du régime, même sous sa tyrannie », déclare le dissident chinois installé en Nouvelle-Zélande, Xing Jian, à Epoch Times. « Elle n’a jamais cédé devant le mal. Elle met sa vie au service de la vérité et de la justice. J’ai un profond respect pour elle. »
Hong Ning a contribué à la rédaction de cet article.

Michael Zhuang est un collaborateur d'Epoch Times, spécialisé dans les sujets se rapportant à la Chine.
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