21 pays demandent à la Chine de cesser d’attaquer la liberté de la presse à Hong Kong

Par Frank Fang
12 juillet 2021 18:53 Mis à jour: 13 juillet 2021 06:46

Les États-Unis et 20 autres pays ont publié une déclaration commune exprimant leur inquiétude quant aux perspectives actuelles et futures de la liberté de la presse à Hong Kong.

Le groupe de 21 gouvernements – qui fait partie de la « Media Freedom Coalition » créée en 2019 pour défendre la liberté de la presse et la sécurité des journalistes – a pointé du doigt la récente fermeture forcée d’Apple Daily, un important journal pro-démocratie de Hong Kong, ainsi que l’arrestation de ses membres du personnel.

« Le recours à la loi sur la Sécurité nationale pour réprimer le journalisme est une mesure grave et négative qui porte atteinte au haut degré d’autonomie de Hong Kong et aux droits et libertés des habitants de Hong Kong, tels que prévus dans la loi fondamentale de Hong Kong et dans la déclaration conjointe sino-britannique », indique la déclaration du 10 juillet.

Les libertés dans le centre financier ont disparu à un rythme alarmant après l’imposition par le Parti communiste chinois (PCC) de sa loi draconienne sur la Sécurité nationale l’été dernier. Depuis lors, des dizaines de dirigeants de l’opposition pro-démocratique de la ville sont poursuivis ou emprisonnés, s’ils n’ont pas déjà fui à l’étranger à titre de réfugiés politiques.

Récemment, Amnesty International a déclaré que cette loi « a mis Hong Kong sur la voie rapide vers un État policier et a créé une situation d’urgence en matière de droits humains pour les personnes qui y vivent ». Reporters sans frontières a appelé les démocraties du monde entier à « faire davantage pression sur le régime chinois pour qu’il mette fin à ses politiques autoritaires et assure le rétablissement de la liberté de la presse » à Hong Kong.

Le 17 juin, 500 policiers ont fait une descente dans la salle de rédaction d’Apple Daily et ont gelé des millions d’actifs du journal, le forçant à suspendre ses activités. Le 24 juin, le journal a imprimé sa dernière édition et depuis, a fermé ses comptes sur les médias sociaux.

Deux des principaux dirigeants du journal, le PDG Cheung Kim-hung et le rédacteur en chef Ryan Law, sont accusés de collusion en vertu de la loi sur la Sécurité nationale. Ils sont actuellement en détention après s’être vu refuser une libération sous caution le mois dernier. Leur prochaine audience est prévue le 13 août.

Fin juin, deux rédacteurs d’Apple Daily, Fung Wai-kong et Yeung Ching-kee, ont été arrêtés. Depuis, Fung Wai-kong a été libéré sous caution.

Le fondateur d’Apple Daily, Jimmy Lai, purge une peine de prison pour des accusations liées à son soutien aux manifestations à grande échelle tenues à Hong Kong il y a deux ans, au plus fort du mouvement anti-PCC et pro-démocratie qui a débuté en juin 2019. M. Lai est également en attente de jugement pour une affaire distincte liée à la « sécurité nationale ».

Le magnat des médias de Hong Kong et militant pour la démocratie Jimmy Lai se joint à une manifestation contre un projet de loi controversé sur l’extradition à Hong Kong, le 28 avril 2019. (Yu Gang/Epoch Times)

« L’action contre Apple Daily s’inscrit dans un contexte de censure accrue des médias à Hong Kong, notamment les pressions exercées sur l’indépendance du radiodiffuseur public et les récentes actions en justice des autorités hongkongaises contre des journalistes », a déclaré le groupe.

Le 28 juin, l’Association des journalistes de Hong Kong (Hong Kong Journalists Association, HKJA) a publié une déclaration exprimant ses préoccupations après que plusieurs médias locaux ont pris des mesures d’autocensure, notamment en supprimant des vidéos qui avaient été publiées ainsi que des articles d’opinion, à la suite de la fermeture d’Apple Daily.

« Cela indique que la ‘terreur blanche’ est partout », a déclaré la HKJA. « Cela reflète les inquiétudes de la presse quant à la possibilité d’une inquisition littéraire, et leur croyance extrêmement mise à mal quant à l’engagement du gouvernement [de Hong Kong] et des forces de l’ordre à protéger la liberté de la presse. »

La « terreur blanche » est une expression courante pour décrire un climat de peur. L’« inquisition littéraire » est quant à elle couramment utilisée pour décrire la persécution des érudits et des intellectuels pour des « crimes de parole » ou des écrits non-conformes dans la Chine ancienne.

Le groupe de gouvernements a également déclaré être « très préoccupé » par la possibilité qu’une nouvelle loi soit mise en œuvre à Hong Kong, qui « risque d’être utilisée pour éliminer les enquêtes et les critiques de la part de médias quant aux politiques et actions du gouvernement ».

Depuis des mois, le gouvernement de Hong Kong évoque la mise en œuvre d’une loi sur les « fake news », après que Carrie Lam, leader pro-Pékin de Hong Kong, a proposé l’idée pour la première fois en février. En mai, elle a réitéré son souhait en déclarant que la loi viserait à empêcher « la désinformation, la haine et les mensonges ».

La dirigeante de Hong Kong, Carrie Lam, s’exprime lors d’une conférence de presse à Hong Kong, le 22 juin 2021. (Bill Cox/Epoch Times)

Cependant, la proposition de loi a suscité de vives critiques de la part des groupes de médias, notamment la HKJA, le Club des correspondants étrangers à Hong Kong et la Fédération internationale des journalistes (FIJ).

« Les lois sur les fausses nouvelles sont devenues synonymes de gouvernements et de personnalités publiques ciblant les reportages authentiques qui révèlent des informations que certains ne veulent pas voir divulguées », a déclaré la FIJ en mai, en réponse aux commentaires de Mme Lam.

Le groupe a appelé le régime chinois et le gouvernement de Hong Kong à faire respecter la liberté de la presse « conformément aux obligations juridiques internationales de la Chine ».

Outre les États-Unis, la déclaration commune a été signée par l’Australie, l’Autriche, le Canada, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, le Royaume-Uni, la France, l’Italie et la Suisse.

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