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30 Millions d’Amis

30 Millions d’Amis épinglée par la Cour des comptes : 86 millions d’euros peu utilisés pour les animaux et un manque de transparence

La Cour des comptes épingle la Fondation 30 Millions d’Amis pour sa gestion jugée « difficilement justifiable » de fonds considérables, en grande partie non utilisés au profit de la cause animale. L'institution appelle à une réforme profonde et à une plus grande transparence. 

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Des bénévoles de la fondation « 30 Millions d'Amis ».

Photo: de GUILLAUME SOUVANT/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Reconnue d’utilité publique et créée en 1995, la Fondation 30 Millions d’Amis jouit d’une notoriété considérable, symbole depuis près de trente ans du combat en faveur des animaux. Mais derrière cette image bienveillante, la Cour des comptes dresse aujourd’hui un constat sévère : l’institution caritative disposerait de réserves financières démesurées, sans les employer pleinement à ses missions premières, alors même qu’elle fait régulièrement appel à la générosité des Français.  

Près de 86 millions d’euros « mobilisables »

Selon le rapport publié sur son site, la fondation affichait fin 2023 un bilan de 135 millions d’euros, dont 39 millions issus de dons et legs. Or, près de 86 millions d’euros resteraient « mobilisables », soit l’équivalent de quatre années et demie de charges d’exploitation. Une « thésaurisation excessive », dénonce la Cour, difficilement compatible avec la vocation d’utilité publique de la fondation et la confiance des donateurs. 
« Il est impératif que la fondation mette fin à la thésaurisation excessive de ses ressources. Sa communication financière doit être plus transparente », insiste l’institution financière, qui appelle également à « une réforme en profondeur de son organisation et de ses méthodes de travail afin d’être en mesure de garantir un emploi des fonds conforme à la volonté des donateurs ». 

Une communication financière jugée trompeuse 

La Cour reproche aussi à la fondation un manque de clarté dans la présentation de ses comptes. Si la Fondation évoque régulièrement un taux de 80 % de dépenses consacrées à ses missions sociales, le rapport de la Cour relativise cet indicateur : en 2023, seule une part de 33 % des fonds collectés aurait réellement été employée pour les actions sur le terrain, tandis que près de 60 % étaient reportés ou placés.  
Les magistrats financiers pointent par ailleurs des erreurs dans la classification de certaines recettes, notamment des revenus locatifs ou des produits financiers issus de placements, ainsi qu’une comptabilisation discutable des frais de sensibilisation classés, à tort, comme des « missions sociales, alors qu’elles relèvent en réalité de la recherche de fonds ». Des pratiques qui, selon la Cour, « biaisent la communication financière au public » et entretiennent un flou sur la réalité de l’usage des dons. 

Des moyens colossaux, mais une action limitée 

Malgré un essor significatif de ses ressources — la collecte a progressé de 70 % depuis 2019 —, les dépenses sociales de la Fondation sont quant à elles limitées, plafonnant autour de 14 millions d’euros par an. Celles-ci couvrent principalement des aides à des associations partenaires et la gestion directe de deux refuges créés dans les années 2010, qui absorbent désormais près d’un tiers du budget social.  
Mais là encore, la Cour déplore de nombreuses faiblesses : procédures mal formalisées, absence de contrôle interne structuré, manque de professionnels qualifiés au siège, et recours répété aux mêmes prestataires sans mise en concurrence. Ce manque de rigueur méthodologique fragilise la légitimité d’une structure pourtant dotée de moyens exceptionnels. 

Une réforme exigée avant 2026 

Pour redresser la barre, la Cour recommande l’adoption avant la fin du premier semestre 2026 d’un plan stratégique assorti de programmations budgétaires et immobilières. Elle préconise également un renforcement des compétences au siège et la mise en place de délégations de signature claires. 
La Fondation a réagi dans un communiqué ce 22 octobre, indiquant que « toutes les recommandations de la Cour des comptes sont d’ores et déjà prises en compte par la Fondation ». Elle a ensuite détaillé point par point les différents axes de cette réforme. Et de conclure en indiquant que cette nouvelle stratégie « constitue la feuille de route de la Fondation ». Celle-ci va lui permettre « de décupler ses actions pour continuer de répondre aux besoins immenses de la cause animale, en poursuivant l’extraordinaire dynamique de mobilisation de tous ceux qui veulent agir avec elle ». 
L’institution insiste ainsi sur la nécessité, pour la Fondation 30 Millions d’Amis, de concrétiser rapidement les réformes attendues, tant sur le plan organisationnel que financier, afin de garantir la transparence et le respect de la volonté des donateurs. Elle assure en effet dans son rapport : « À l’issue du contrôle, la fondation a engagé des actions correctrices. La Cour sera particulièrement vigilante sur leur mise en œuvre effective. »