4 raisons de cultiver la patience. De bonnes choses arrivent vraiment à ceux qui parviennent à patienter

Par KIRA M. NEWMAN, GREATER GOOD MAGAZINE
8 décembre 2019 22:42 Mis à jour: 3 mai 2023 17:37

Quand on parle de vertu, la patience en est une bien discrète.

Alors qu’elle se manifeste le plus souvent par l’absence de réaction et ne se révèle que derrière des portes closes, la patience est moins remarquable sur la scène publique : comme un père qui accepte de raconter une troisième histoire de suite à son fils, une danseuse qui attend de guérir. En public, ce sont les personnes impatientes qui attirent toute notre attention : les conducteurs qui klaxonnent dans la circulation, les clients râleurs dans les files d’attentes. Nous avons des films épiques qui exaltent les vertus du courage et de la compassion, mais un film sur la patience serait perçu comme soporifique.

Pourtant, la patience est essentielle à notre vie quotidienne — et peut être la clé d’une vie heureuse. Avoir de la patience, c’est être capable d’attendre calmement face à la frustration ou à l’adversité, donc partout où il y a de la frustration ou de l’adversité — autrement dit presque partout — nous avons l’occasion de la pratiquer. À la maison avec nos enfants, au travail avec nos collègues, lors de nos courses au supermarché bondé, la patience peut faire la différence entre l’agacement et l’équanimité, et entre le souci et la tranquillité.

Les religions et les philosophes font depuis longtemps l’éloge de la vertu qu’est la patience ; les chercheurs commencent maintenant à en faire autant. Des études récentes ont découvert que de bonnes choses arrivent réellement à ceux qui savent attendre. Certains de ces bienfaits prouvés scientifiquement sont détaillés ci-dessous, ainsi que trois façons de cultiver plus de patience dans votre vie.

1. Les personnes patientes jouissent d’une meilleure santé mentale

Cette constatation est probablement facile à croire si l’on pense à la personne stéréotypée et impatiente : visage rouge, tête fumante. Selon une étude réalisée en 2007 par Sarah A. Schnitker, professeure au Fuller Theological Seminary, et Robert Emmons, professeur de psychologie à l’université de Californie à Davis, les personnes patientes sont moins sujettes à la dépression et aux émotions négatives, probablement parce qu’elles peuvent mieux gérer des situations stressantes ou perturbantes. Elles se considèrent également comme plus attentives et ressentent plus de gratitude, plus de liens avec l’humanité et l’univers, et un plus grand sens de l’abondance.

En 2012, Pr Schnitker a cherché à affiner notre compréhension de la patience, en reconnaissant qu’elle se décline sous de nombreuses formes. L’une d’elle est la patience interpersonnelle, qui n’implique pas d’attendre, mais simplement d’affronter des gens ennuyeux avec calme. Dans une étude portant sur près de 400 étudiants de premier cycle, elle a constaté que ceux qui sont plus patients envers les autres ont aussi tendance à être plus optimistes et plus satisfaits de leur vie.

Un autre type de patience consiste à attendre les difficultés de la vie sans frustration ni désespoir — pensez à la personne sans emploi qui remplit constamment des demandes d’emploi ou à la personne malade du cancer qui attend que son traitement fonctionne. Sans surprise, dans l’étude du Pr Schnitker, ce type de patience courageuse était lié à plus d’espoir.

Enfin, la patience face aux embouteillages quotidiens, aux longues files d’attente au supermarché ou au mauvais fonctionnement d’un ordinateur vont généralement de pair avec une bonne santé mentale. En particulier, les personnes qui ont ce type de patience sont plus satisfaites de la vie et moins déprimées.

Ces études sont une bonne nouvelle pour les gens qui sont déjà patients, mais qu’en est-il de ceux d’entre nous qui veulent devenir plus patients ? Dans son étude de 2012, Mme Schnitker a invité 71 étudiants de premier cycle à participer à une formation de deux semaines sur la patience où ils ont appris à identifier leurs sentiments et leurs déclencheurs, à réguler leurs émotions, à sympathiser avec les autres et à méditer. En deux semaines, les participants ont indiqué qu’ils se sentaient plus patients à l’égard des personnes éprouvant des difficultés dans leur vie, qu’ils se sentaient moins déprimés et qu’ils éprouvaient des niveaux plus élevés d’émotions positives. En d’autres termes, la patience semble être une compétence que vous pouvez mettre en pratique – plus d’informations à ce sujet ci-dessous – et cela pourrait avoir des effets bénéfiques sur votre santé mentale.

2. Les personnes patientes sont de meilleurs amis et de meilleurs voisins

Dans les relations avec les autres, la patience devient une forme de bonté. Pensez à la meilleure amie qui vous réconforte nuit après nuit à cause d’un chagrin d’amour qui ne disparaîtra jamais ou au petit-enfant qui sourit à travers l’histoire qu’elle a entendu son grand-père raconter des milliers de fois. En effet, la recherche suggère que les individus patients ont tendance à être plus coopératifs, plus empathiques, plus équitables et plus indulgents. « La patience consiste à assumer avec emphase un certain inconfort personnel pour soulager la souffrance de ceux qui nous entourent », écrivent Debra R. Comer et Leslie E. Sekerka dans leur étude de 2014.

C’est ce qu’illustre une étude réalisée en 2008, qui a regroupé les participants en groupes de quatre et leur a demandé de contribuer financièrement à un pot commun, qui serait doublé et redistribué. Le jeu donnait aux joueurs un incitatif financier s’ils étaient radins, mais les sujets patients contribuaient davantage au pot que les autres joueurs.

Ce genre d’altruisme se retrouve chez les personnes qui ont les trois types de patience mentionnés ci-dessus, et pas seulement la patience interpersonnelle : dans l’étude de Mme Schnitker de 2012, tous les trois étaient associés à une « agréabilité » supérieure, un trait de personnalité caractérisé par la chaleur, la gentillesse et la coopération. Les personnes patientes sur le plan interpersonnel avaient même tendance à se sentir moins seules, peut-être parce qu’il faut généralement une bonne dose de patience pour se faire des amis et les garder – avec toutes leurs manies et leurs faux pas — « La patience peut permettre aux individus de tolérer les défauts des autres, faisant ainsi preuve de plus de générosité, de compassion, de miséricorde et de pardon », écrivent Mme Schnitker et M. Emmons dans leur étude de 2007.

Au niveau de la vie de groupe, la patience peut être l’un des fondements de la société civile. Les gens patients sont plus enclins à voter, une activité qui nécessite des mois ou des années d’attente pour que nos élus mettent en œuvre de meilleures politiques. La patience a peut-être aidé nos ancêtres à survivre, leur permettant de faire de bonnes actions et d’attendre que les autres leur rendent la pareille, au lieu d’exiger une compensation immédiate (ce qui mènerait plus probablement au conflit qu’à la coopération). Dans le même ordre d’idées, la patience est liée à la confiance dans les gens et les institutions qui nous entourent.

3. La patience nous aide à atteindre nos objectifs

La route vers la réussite est longue, et ceux qui manquent de patience — qui exigent des résultats immédiatement — peuvent ne pas être prêts à s’y engager. Rappelez-vous les critiques récentes contre les enfants des années 2000, à qui on reproche de ne pas vouloir « payer leur dû » en commençant par un emploi débutant, sautant d’un poste à l’autre plutôt que de se concentrer sur un emploi pour grandir et apprendre.

Dans son étude de 2012, Mme Schnitker a également examiné si la patience aide les élèves à accomplir des choses. Dans cinq sondages auxquels ils ont répondu au cours d’un semestre, les élèvent de toutes origines et conditions ont indiqué qu’ils déployaient plus d’efforts pour atteindre leurs objectifs que les autres personnes. Ceux qui avaient de la patience interpersonnelle, en particulier, ont fait plus de progrès vers l’atteinte de leurs objectifs et étaient plus satisfaits lorsqu’ils les atteignaient (surtout si ces objectifs étaient difficiles) que ceux des personnes moins patientes. Selon l’analyse de Mme Schnitker, cette plus grande satisfaction d’atteindre leurs objectifs expliquait pourquoi ces élèves patients étaient plus satisfaits de leur vie dans son ensemble.

4. La patience est liée à la bonne santé

L’étude de la patience est encore nouvelle, mais il y a des preuves émergentes qu’elle pourrait même être bonne pour notre santé. Dans leur étude de 2007, Schnitker et Emmons ont constaté que les personnes patientes étaient moins susceptibles de signaler des problèmes de santé comme des maux de tête, des poussées d’acné, des ulcères, la diarrhée et la pneumonie. D’autres recherches ont révélé que les personnes qui manifestent de l’impatience et de l’irritabilité ont tendance à avoir plus de problèmes de santé et à dormir moins bien. Si la patience peut réduire notre stress quotidien, il est raisonnable de penser qu’elle peut aussi nous protéger contre les effets néfastes du stress sur la santé.

 Trois façons de cultiver la patience

C’est une bonne nouvelle pour les personnes naturellement patientes — et pour celles qui ont le temps et l’opportunité de suivre une formation intensive de deux semaines sur la patience. Mais qu’en est-il du reste d’entre nous ?

Il semble qu’il y a aussi des façons quotidiennes de développer la patience. Voici quelques stratégies suggérées par la recherche émergente sur la patience.

– Recadrez la situation. L’impatience n’est pas seulement une réaction émotionnelle automatique ; elle implique aussi des pensées et des croyances conscientes. Si un collègue est en retard à une réunion, vous pouvez spéculer intérieurement sur son manque de respect ou voir ces 15 minutes supplémentaires comme une occasion de faire de la lecture. La patience est liée à la maîtrise de soi, et le fait d’essayer consciemment de réguler nos émotions peut nous aider à entraîner notre muscles de la maîtrise de soi.

– Pratiquez la pleine conscience. Dans une étude, les enfants qui ont suivi un programme de pleine conscience d’une durée de six mois à l’école sont devenus moins impulsifs et plus disposés à attendre avant d’obtenir une récompense. Christine Carter de la CGCG recommande également aux parents de pratiquer la pleine conscience : prendre une grande respiration et remarquer vos sentiments de colère ou d’accablement (par exemple, lorsque vos enfants commencent une autre dispute juste avant le coucher) peut vous aider à réagir avec plus de patience.

– Pratiquez la gratitude. Dans une autre étude, les adultes qui se sentaient reconnaissants étaient également meilleurs pour retarder patiemment la gratification. Lorsqu’on leur donnait le choix entre une récompense immédiate en argent et l’attente un an de plus pour toucher une rentrée d’argent plus importante (100 $), les gens moins reconnaissants cédaient une fois que l’offre de paiement immédiat atteignait 18 $, mais les gens reconnaissants pouvaient tenir jusqu’à ce que le montant atteigne 30 $. Si nous sommes reconnaissants pour ce que nous avons aujourd’hui, nous ne sommes pas désespérés d’avoir plus de choses ou de meilleures circonstances immédiatement.

Nous pouvons essayer de nous protéger de la frustration et de l’adversité, mais elles demeurent inévitables aux êtres humains. Pratiquer la patience dans les situations quotidiennes — comme avec notre collègue de travail, éternel retardataire — rendra notre vie plus agréable dans l’immédiat, mais pourrait aussi aider à ouvrir la voie à un avenir plus satisfaisant et plus réussi.

Kira M. Newman est rédactrice en chef au Greater Good Science Center. Cet article a été publié à l’origine dans le magazine en ligne Greater Good.

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