A quelle guerre Pékin se prépare-t-il ?

Par James Gorrie
12 octobre 2021 16:30 Mis à jour: 12 octobre 2021 16:30

Tout le monde sait que Pékin se prépare à la guerre.

L’une des principales raisons est l’effondrement de l’économie chinoise. L’effondrement récent de la société de développement immobilier Evergrande n’est que le dernier d’une série de symptômes désastreux qui alimentent le mécontentement croissant des Chinois. La crise de la dette à hauteur de 8 000 milliards de dollars de l’économie souterraine – plus de la moitié du PIB – pèse également sur la capacité de la Chine à maintenir son système financier à flot. Une population vieillissante et moins productive, des coûts de production plus élevés et la fuite des investissements étrangers sont autant de facteurs qui entraînent une baisse du PIB.

La puissance de la Chine a atteint son apogée

Il est évident que la puissance économique de la Chine est déjà sur le déclin.

Bien sûr, les statistiques peuvent être ajustées, mais cela ne changera pas la réalité. Qui plus est, ce déclin économique généralisé pousse le Parti communiste chinois (PCC) à imposer des mesures encore plus extrêmes et oppressives à l’encontre de sa population et de ses entreprises. La réaction du PCC ne fait qu’aggraver les résultats économiques et les troubles civils.

Parallèlement, Pékin ajuste des aménagements internes depuis plusieurs années. Par exemple, sa loi sur le transport pour la défense nationale est entrée en vigueur le 1er janvier 2017. Cette loi a restructuré son cadre juridique, plaçant tous les transports maritimes commerciaux sous l’autorité directe du PCC.

La Chine est de plus en plus isolée du reste du monde, ce qui illustre bien son détachement de l’économie mondiale et des normes internationales en matière de commerce et de diplomatie. Cette tendance risque de rendre l’invasion de Taïwan vraisemblable plus tôt que prévu, ne serait-ce que pour détourner l’attention que suscitent les problèmes intérieurs du pays.

La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, s’exprime devant un avion de combat F-CK-1 de fabrication nationale sur les îles Penghu, à Taïwan, le 22 septembre 2020. (Sam Yeh/AFP via Getty Images)

Les experts militaires et navals concluent que Pékin prévoit d’utiliser des navires de transport commerciaux pour transporter jusqu’à 2 millions de soldats en cas d’invasion de Taïwan.

De récentes informations semblent confirmer cette conclusion. La presse officielle chinoise, le Global Times, ne fait que reconnaître l’inévitable, voire l’imminente, invasion de Taïwan. « La Chine se prépare au pire des scénarios – les États-Unis et leurs alliés, y compris le Japon, lançant une intervention militaire tous azimuts pour interrompre la réunification nationale de la Chine. »

De toute évidence, une guerre ou une menace de guerre se profilent à l’horizon, et tous les pays de la région Asie-Pacifique le savent.

En réponse à la posture de plus en plus agressive de la Chine, notamment l’accord sur la navigation commerciale, Taïwan et d’autres nations se dotent de missiles anti-navires à longue portée. Le Japon, qui a maintenu pendant des décennies une politique étrangère pacifiste, a également opéré un changement radical dans sa façon de penser, en liant la sécurité de Taïwan à la sienne.

L’impact d’une invasion chinoise sur Taïwan ne se limiterait pas à ce pays. Si elle se produit, elle sera perçue, à l’instar du Japon, par les États-Unis et d’autres nations comme une menace stratégique pour leur propre sécurité nationale.

Cela est dû en partie au fait que Taïwan fournit plus de 50 % des semi-conducteurs nécessaires au traitement avancé des données, aux automobiles, à l’intelligence artificielle et à d’autres technologies de pointe dans le monde entier. Mais une invasion pourrait également menacer les nations démocratiques de la région, ainsi que le commerce et les normes juridiques internationales.

Autres points de tension

Taïwan n’est toutefois pas le seul élément déclencheur. La Chine menace également les îles Senkaku inhabitées de la mer de Chine orientale, que le Japon considère comme son territoire. Ces îles sont également revendiquées par la Chine et Taïwan, et pourraient devenir le point de départ d’une guerre. L’administration Biden a récemment assuré au nouveau Premier ministre japonais, Fumio Kishida, que les États-Unis défendraient les îles Senkaku en cas d’attaque menée par la Chine.

Et comme indiqué dans un article précédent, le PCC a déjà mis l’Australie en garde. Si Canberra venait à se doter de sous-marins à propulsion nucléaire auprès des États-Unis en application de la récente alliance militaire AUKUS, la Chine ajouterait l’Australie comme cible légitime d’une attaque nucléaire.

Un sous-marin nucléaire de type 094 Jin-class Long March 15 de la marine chinoise participe à un défilé naval en mer près de Qingdao, dans la province chinoise du Shandong (est), le 23 avril 2019. (Mark Schiefelnein/AFP via Getty Images)

La Corée du Sud a exprimé une opposition claire aux ambitions de Pékin à Taïwan. Dans une déclaration commune avec les États-Unis, et pour la première fois, les deux nations se sont engagées à défendre les règles et normes internationales en mer de Chine méridionale et dans le détroit de Taiwan. Le caractère direct et inhabituel de ce message est la reconnaissance de la menace imminente que la Chine fait peser sur Taïwan et la région Asie-Pacifique.

Plus loin, la récente escarmouche militaire qui a opposé la Chine à l’Inde sur les hauteurs himalayennes de la vallée de Galwan a alerté New Delhi quant au fait que la Chine cherche à exercer une hégémonie sans ambiguïté sur ses voisins, dont l’Inde fait partie. Cela a conduit l’Inde à se rapprocher stratégiquement de l’alliance AUKUS dirigée par les États-Unis. Sa récente participation aux exercices navals interarmées Malabar au large du territoire américain de Guam, du 26 au 29 août de cette année, a envoyé un message clair à Pékin.

Les États-Unis sont, bien entendu, le fer de lance de tous ces arrangements. Ils conservent un avantage naval important sur la Chine. Mais ce qui est moins sûr, c’est la volonté politique de l’administration Biden de donner suite à ses engagements militaires. Avec le retrait des États-Unis d’Afghanistan, l’administration Biden est perçue comme faible et plus préoccupée par les questions économiques et sociales intérieures que par le déploiement de la puissance américaine pour protéger l’ordre international. Dans le monde entier, la confiance accordée au leadership américain est au plus bas.

Pékin est certainement conscient de ces faits, et cela peut influencer sa stratégie à l’égard de Taïwan et de la région dans son ensemble. Les dirigeants chinois ont peut-être conclu que la faiblesse de l’administration Biden constitue une occasion unique de tester la détermination des Américains dans la région.

De telles perceptions contribueraient à expliquer les nouvelles et plus graves menaces que Pékin fait peser sur les États-Unis. Mais les qualités personnelles de Xi Jinping pour diriger et contrôler le PCC, conjuguées aux échecs intérieurs croissants de la Chine, contribuent également à cette situation.

La Chine préfère éviter la guerre, du moins jusqu’à ce qu’elle puisse égaler la puissance militaire américaine dans la région. Cependant, la Chine est en avance sur les États-Unis dans un domaine, celui de la technologie des missiles hypersoniques anti-navires. Plutôt que d’entrer en conflit avec ses voisins, le PCC pourrait-il envisager de frapper les forces navales américaines pour chasser les États-Unis de la région ?

Si tel était le cas, comment les États-Unis réagiraient-ils ? Comment la région réagirait-elle ?

Si les États-Unis ne répondaient pas pleinement à une attaque chinoise, l’alliance de sécurité Asie-Pacifique dirigée par les États-Unis cesserait immédiatement d’exister. Il appartiendrait alors à chaque nation de conclure sa propre paix avec Pékin, à supposer que cette option soit envisageable.

Cela conviendrait parfaitement au PCC.

 

James R. Gorrie est l’auteur de « The China Crisis » (La Chine en pleine crise, Wiley, 2013). Il écrit sur son blog, TheBananaRepublican.com. Il vit en Californie du Sud.


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