Accidents dans les fêtes foraines et sécurité: comment sont contrôlés les manèges et par qui ?

Par Nathalie Dieul
8 octobre 2023 17:51 Mis à jour: 8 octobre 2023 17:51

On compte une cinquantaine de parcs d’attraction et 35.000 fêtes foraines en France chaque année. Les accidents sont relativement rares, mais il y en a quand même et ils peuvent être tragiques. Quelle est la législation en matière de sécurité des manèges ? Qui effectue les contrôles et à quelle fréquence ?

Lorsqu’un accident qui a coûté la vie d’un garçon de 17 ans cet été fait la Une des journaux, il est légitime de se poser des questions concernant la sécurité du Luna Park du Cap d’Agde (Hérault) où le drame s’est déroulé, et plus généralement, au sujet des manèges dans tous les parcs d’attraction et les fêtes foraines.

Il faut d’abord savoir que « les fêtes foraines ne sont pas soumises aux mêmes règles de contrôles ou de maintenance que les parcs », explique au Parisien Arnaud Bennet, le patron du Snelac, syndicat des parcs d’attractions. Lorsque les manèges sont démontables, il s’agit d’une fête foraine, alors que si l’installation est permanente, c’est un parc d’attraction.

Un contrôle technique périodique, comme pour une voiture

Selon une loi du 13 février 2008, tous les manèges, machines et autres installation des fêtes foraines et des parcs d’attraction sont soumis à un contrôle technique initial mais aussi périodique. Sans ce permis d’installation qui doit être envoyé à la mairie, une fête foraine ne peut pas s’installer dans une ville.

« Il est valable trois ans pour les manèges classiques et un an pour les manèges à sensations », détaille à la caméra de TF1 l’adjoint au maire d’Arras, Pascal Lefebvre. Toutefois, la fête foraine n’est pas tenue de faire un contrôle systématique à chaque fois qu’elle s’installe dans une nouvelle ville.

Selon Midi Libre, il n’existe que dix organismes agréés par l’État qui peuvent effectuer ces contrôles techniques. Parmi les vérifications effectuées : les gardes-corps, les soudures, la stabilité, les mécanismes, les barrières, les fixations ou encore les nacelles.

Des exploitants qui n’ont « aucun intérêt à ce qu’il y ait un accident »

Chaque exploitant effectue lui-même des contrôles visuels afin de vérifier le bon fonctionnement de son attraction. « Car il n’a aucun intérêt à ce qu’il y ait un accident », précise Nicolas Lemay, président de la fédération des forains de France.

L’équipe du JT de TF1 est allée dans le parc d’attraction Deelys Parc, à Saint-Omer (Pas-de-Calais) pour voir concrètement comment les manèges étaient contrôlés. Tous les nouveaux manèges comme le bateau pirate nouvellement installé sont munis de nombreux capteurs. Ceux-ci ne permettent pas la mise en marche si le moindre problème est détecté.

« Avant, un opérateur devait faire le contrôle d’une barrière manuellement et visuellement. Donc maintenant, si cette barrière avec ce capteur n’est pas fermée, on ne peut pas mettre le manège en route », indique Teddy Merlot, le responsable de la sécurité.

Un technicien du parc vérifie la sécurité des manèges chaque matin et signe un document. « Dès qu’on arrive le matin, si on voit que cette case n’est pas signée, on doit appeler le technicien parce qu’on ne sait pas du coup s’il a vérifié ou non l’attraction« , explique Marius Leclercq, opérateur de manège.

Quant aux manèges les plus sophistiqués, ils font l’objet d’un rappel régulier après un certain nombre d’heures d’utilisation ou une période donnée. Ils subissent alors une vérification complète « pour la garantie, pour les assurances ».

Et le vent dans tout ça ?

Les accidents sont relativement rares et généralement sans gravité. Dans les quatre années précédent l’année 2015, on fait état de 459 accidents, ne causant pour la grande majorité d’entre eux que des blessures légères. Cinq cas de décès sont répertoriés par la presse depuis 2022.

Dans le cas des deux accidents dramatiques qui ont touché des utilisateurs de manèges au cours de l’été 2023, un vent fort soufflait. Selon Météo France, le vent était à environ 55 km/h lorsqu’une structure gonflable dans le Var s’est envolée avec à son bord un homme et sa fille de 4 ans. Le père n’a pas survécu à ses blessures. Lors de l’accident mortel du Luna Park de Cap d’Agde, le vent soufflait à 80 km/h. Deux adolescents ont été projetés contre un pylône dans un manège. L’un d’eux est décédé et l’autre passagère a été blessée.

« Pour chaque manège, le constructeur recommande un arrêt selon une certaine vitesse de vent. La mairie ou la préfecture, en fonction des alertes météo, peuvent prendre la décision d’arrêter le manège ou toute la foire », détaille le président de la fédération des forains de France.

Toutefois, dans le deuxième des accidents mortels survenus cet été, « apparemment, ce n’était pas le cas ce soir-là », commente Nicolas Lemay. Chacun peut aussi juger par lui-même s’il estime qu’il est sécuritaire d’utiliser un manège en cas de fortes rafales de vent, et en cas de doute, s’abstenir ?

Dans l’accident de la structure gonflable dans le Var, « ce n’était même pas un forain », précise-t-il. « Aujourd’hui, n’importe qui peut acheter une structure gonflable et l’exploiter, pratiquement sans contrôles. »

Le patron des forains se veut toutefois rassurant : « nous faisons tout pour faire les meilleurs contrôles possibles et accueillir les gens au mieux. »

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