Leur geste de solidarité leur a valu leur place. Des employés de Starbucks et Prêt-à-Manger, travaillant à l’aéroport de Marseille-Provence (Bouches-du-Rhône), se sont fait licencier pour faute grave à la fin du mois de mars. Le motif de ces licenciements ? avoir donné à des SDF des sandwichs invendus destinés à être jetés à la poubelle.
La direction du groupe SSP (Select Services Partner) – le prestataire qui gère les restaurants dans l’aéroport Marseille-Provence – n’a pas pris de gants pour annoncer à quatre de ses salariés leur licenciement. On leur reproche d’avoir pris l’habitude de faire, en fin de journée, des dons alimentaires aux 80 SDF de l’aéroport, ainsi qu’à des femmes de ménage et des agents de sécurité, rapporte BFMTV. Une pratique pour laquelle ils avaient même l’accord verbal de leurs supérieurs, selon leurs dires.
Des produits « distribués de manière informelle, non encadrée et opaque »
D’abord convoqués par leur direction, les quatre salariés ont ensuite été licenciés pour faute grave, accusés par l’entreprise d’avoir participé à un « trafic d’articles » en ayant délibérément produit plus de sandwichs.
Contacté par la chaîne d’information en continu, le groupe SSP a indiqué être engagé « en faveur du don alimentaire et de la lutte contre le gaspillage », et ce « depuis plusieurs années ». « Il est de notre entière responsabilité de veiller à ce qu’en aucun cas, les dons alimentaires ne soient distribués de manière informelle, non encadrée et opaque. C’est dans cette exigence de responsabilité que nous avons souhaité mettre fin au plus vite à ces pratiques », a justifié l’entreprise.
Auprès du Parisien, la société a mentionné que cet engagement de lutte contre le gaspillage « repose sur des règles de transparence qui garantissent l’équité et le respect des normes d’hygiène ».
Du côté de l’aéroport Marseille-Provence, le discours est similaire. Sa direction, qui souhaite faire « toute la lumière » sur ces licenciements, a assuré à BFMTV être « soucieuse de l’application des règles du droit du travail pour ses collaborateurs comme pour les employés de ses partenaires ».
Une décision « incompréhensible » pour les quatre salariés
Ces quatre anciens salariés soupçonnent quant à eux le groupe SSP d’avoir trouvé « un prétexte pour se débarrasser d’eux », relate encore le quotidien francilien. « On vous pousse dans le vide et on vous salit pour des articles qui sont destinés à la poubelle », a pointé l’un d’entre eux auprès de la chaîne d’information, déplorant : « Je ne m’en relève pas, je suis traumatisé. Je ne sors plus, je ne fais plus rien. »
« Est-ce que ça mérite un licenciement brutal, du jour au lendemain ? » s’est interrogé un autre, sachant que les personnes bénéficiant de ces invendus étaient « en grosse difficulté morale et financière », souligne un troisième employé. « Ils dorment sur la plateforme, certains sont plus anciens que moi. »
Sabri (pseudonyme), qui compte parmi les salariés licenciés, travaillait à l’aéroport de Marseille-Provence depuis 30 ans en tant que garçon de comptoir-limonadier. Il a indiqué à France 3 Provence Alpes que sa direction « était au courant ». « Il y avait une surproduction, mon supérieur me disait que c’était bien comme ça, de continuer. Sinon, il était obligé de sortir de l’enceinte de l’aéroport pour jeter dans des poubelles spéciales, ce qui avait « un coût », a-t-il certifié, précisant que la nourriture était enregistrée par son supérieur avant toute distribution. « Je n’aurais pris aucun risque pour ma carrière ni pour mon entreprise, tout le monde me connaissait et m’appréciait », a-t-il plaidé.
Les quatre salariés licenciés, qui ont engagé une procédure judiciaire, ne comptent pas en rester là. Ils ont décidé de se tourner vers les prud’hommes. « On ne va pas se laisser faire, c’est pour ça aussi qu’on a contacté la presse », a appuyé Sabri. Malgré tout, l’homme se dit fier du motif de son licenciement, puisque c’était pour la bonne cause.
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