Depuis novembre 1997, Cyrille Jeanteur est atteint d’un « locked-in syndrome » après avoir été victime d’un grave accident de voiture. Cet ancien polytechnicien, père de trois enfants, a cependant conservé ses facultés cognitives. Son épouse, qui se bat à ses côtés, a appelé à un rassemblement de tous ceux qui seraient éligibles à l’aide à mourir. Celui-ci s’est tenu ce samedi devant l’Assemblée nationale.
Alors que les députés ont achevé, ce samedi 24 mai, l’examen de deux propositions de loi – l’une sur les soins palliatifs et l’autre relative au « droit à l’aide à mourir » – deux votes solennels se tiendront ce mardi 27 mai à l’Assemblée nationale. Un rassemblement, organisé ce samedi à l’initiative de Magali Jeanteur – médecin et épouse de Cyrille Jeanteur – visait à interpeller les députés et à susciter un véritable examen de conscience avant le vote définitif de cette loi.
« Je suis Cyrille Jeanteur, je suis vivant et je veux vivre »
Ce 19 mai, Magali Jeanteur a exprimé dans une vidéo publiée sur X sa colère et celle de son époux, face à l’absence de limites de cette loi sur la fin de vie, pointant les « dangers » de celle-ci.
Je m’appelle Cyrille et je suis éligible.
Moi je suis vivant, je veux vivre !
Aidez-nous à vivre, pas à mourir.
⚠️ Alors il faut absolument qu’on se mobilise tous ce week-end : éligibles, aidants et proches ! #JeSuisEligible #LoiFindeVie pic.twitter.com/oIXHclPeLX— Cyrille et Magali Jeanteur (@CyrilleetMagali) May 19, 2025
Ce combat, Magali Jeanteur le porte depuis de nombreuses années. Dans les colonnes du Figaro en mars 2015, elle expliquait qu’au cours des 18 mois qui se sont écoulés après l’accident de son mari, l’état de santé de ce dernier s’était dégradé au point que les médecins voulaient arrêter tous « les soins », « la nutrition » et « l’hydratation ». Mais l’épouse de Cyrille Jeanteur n’avait pas le sentiment que son époux voulait mourir et avait demandé pour lui une prise en charge dans un service de maladies infectieuses.
« Il a été soigné et s’est réveillé trois semaines plus tard. Je lui ai demandé s’il voulait mourir, il m’a fait signe que non. Quand il a pu s’exprimer en pointant l’alphabet, sa première phrase a été ‘Je suis Cyrille Jeanteur, je suis vivant et je veux vivre’ », avait-elle expliqué à nos confrères, soulignant que lorsque le patient est « dans un état comateux, pauci-relationnel ou très handicapé, l’interprétation des soignants, même avec la meilleure volonté du monde, n’est parfois pas adaptée ». « Qui peut juger de l’utilité de la vie d’un autre », s’était-elle encore interrogée, affirmant que pour elle et son mari, « la vie n’a pas de prix », c’est « un don ».
« Notre inquiétude, on voudrait la partager avec ceux qui sont éligibles comme nous »
« Nous sommes très inquiets sur l’absence de limite de cette loi sur l’aide à mourir », a-t-elle indiqué ce 19 mai sur le compte X de Cyrille et Magali Jeanteur. Précisant combien le parcours de vie de son mari a été semé d’embûches, avec des infections et « plusieurs épisodes vitaux », elle a ajouté : « C’est la société qui lui a sauvé la vie, ce sont les médecins, les soignants, ce sont les proches. »
Précisant que « toute la solidarité qui s’est jouée autour de lui » a contribué à son rétablissement, elle a aussi mentionné « tout l’amour » que Cyrille a renvoyé, permettant à tous de se dépasser dans cette situation pour le moins « singulière ».
« Notre inquiétude, on voudrait la partager avec ceux qui sont éligibles comme nous », a-t-elle poursuivi sur le réseau social, appelant ces personnes « éligibles », de même que les aidants et les proches, à un rassemblement devant l’Assemblée nationale ce 24 mai. Un court message accompagne cette vidéo sur X : « Je m’appelle Cyrille et je suis éligible. Moi je suis vivant, je veux vivre ! Aidez-nous à vivre, pas à mourir. »
« L’effet d’un pistolet chargé déposé sur ma table de nuit »
Près de 300 personnes étaient présentes à ce rassemblement, relate Le Figaro. « Je suis là pour dire que la vie vaut le coup », revendiquaient des manifestants. « Est-ce que je ne suis pas un poids ? C’est ce que j’ai ressenti lorsque j’ai entendu cette loi », a indiqué à nos confrères une personne atteinte d’une maladie dégénérative. Une autre, souffrant de la maladie de Parkinson, a pointé : « Cette loi me fait l’effet d’un pistolet chargé déposé sur ma table de nuit, afin que je mette fin à mes jours le jour où je me dirai que je suis un poids trop important pour mes proches ou que la société me dira que je coûte trop cher. »
« Sont aujourd’hui éligibles les malades atteints d’un cancer métastatique, du Parkinson, de la SLA, d’une insuffisance respiratoire cardiaque ou rénal sévère, les personnes handicapées avec capacités de discernement », a rappelé Magali Jeanteur sur LinkedIn il y a quelques jours.
Elle estime que cette loi pourrait devenir une solution par défaut pour ceux qui, dans des moments difficiles, seraient d’autant plus tentés « de baisser les bras » si l’aide à mourir est plus facile à obtenir que les aides à vivre proposées.
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