Aléna : « America first »

11 octobre 2017 15:00 Mis à jour: 11 octobre 2017 15:01

Les discussions sur la modernisation de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna) reprennent mercredi près de Washington, dans un climat de tensions exacerbées entre les États-Unis et le Canada sur le dossier des avions de Bombardier.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau doit rencontrer dans l’après-midi le président américain Donald Trump à la Maison Blanche.

La visite de M. Trudeau intervient au moment où l’administration américaine entend imposer des droits compensatoires et des droits antidumping sur les importations des CSeries de l’avionneur canadien, estimant que ceux-ci ont bénéficié de subventions substantielles du gouvernement canadien et sont vendus sous leur prix de fabrication.

Le dirigeant canadien a pour sa part menacé de ne pas acheter 18 avions de combat Super Hornet de Boeing si les États-Unis persistaient dans leur volonté de pénaliser Bombardier.

Les États-Unis absorbent les trois quarts des exportations canadiennes. Pour autant, les relations commerciales sont tendues depuis l’investiture en janvier du milliardaire républicain qui ne cesse de dénoncer l’Aléna unissant depuis 1994 États-Unis, Canada et Mexique.

Le président américain martèle qu’il s’agit du « pire accord commercial » et d’un « désastre » pour les Américains, le jugeant responsable des pertes d’emplois en particulier dans le secteur automobile. Prônant le « America first », il a promis de « ramener » les emplois aux États-Unis en renégociant le traité.

« Je pense qu’il faut mettre fin à l’Aléna », a-t-il répété dans un entretien au magazine américain Forbes publié mardi, rappelant sa préférence pour les accords commerciaux bilatéraux.

La renégociation de l’accord a débuté mi-août. Trois séances de discussions ont déjà eu lieu sans avancées majeures malgré les déclarations de principes.

À l’issue de la dernière rencontre fin septembre à Ottawa, les négociateurs avaient fait état de « progrès réalisés particulièrement dans les domaines des télécommunications, de la politique de la concurrence, du commerce électronique, des bonnes pratiques de réglementation, ainsi que du régime douanier et de la facilitation des échanges ».

Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce (USTR), qui conduit les négociations pour les États-Unis, a indiqué mercredi que cette session se terminerait le 17 octobre, et non le 15 comme initialement prévu, avec une conférence de presse tri-partite en compagnie de la ministre canadienne des affaires étrangères Chrystia Freeland, et du ministre mexicain de l’économie Ildefonso Guajardo Villareal.

L’un des principaux contentieux concerne le déficit commercial des États-Unis avec le Mexique (quelque 64 milliards de dollars) que Washington compte résorber.

« Un virage vers le protectionnisme diminuerait les flux commerciaux et les investissements transfrontaliers et entraverait la croissance mondiale », a prévenu mardi le Fonds monétaire international (FMI).

« Tout ce qui peut, dont la renégociation de l’Aléna, entraver le commerce et les relations commerciales transfrontalières aurait des conséquences pour toutes les parties impliquées » dans le traité, a souligné Maurice Obstfeld, chef économiste du FMI.

Le président de la Chambre de commerce américaine, Thomas Donohue, a toutefois fait part de son pessimisme dans un discours prononcé à Mexico mardi.

« Il y a plusieurs pilules empoisonnées qui pourraient condamner l’accord tout entier », a-t-il estimé, citant notamment une clause selon laquelle l’accord expirerait au bout de cinq ans sauf si les trois parties étaient d’accord pour le proroger.

M. Donohue a également fait allusion à une procédure de règlement des litiges commerciaux que l’administration américaine semblerait vouloir supprimer. Elle est pourtant soutenue par de nombreuses entreprises américaines tout en étant la cible de l’opposition de plusieurs associations de la société civile.

Spécifiée dans l’article 11 de l’actuel traité et connue sous le nom d’ISDS (Investor-State Dispute Settlement), elle permet aux entreprises et aux investisseurs de poursuivre directement les gouvernements devant des tribunaux.

M. Donohue a rappelé que les États-Unis n’avaient jamais perdu dans le cadre d’une telle procédure qui « n’empiète sur la souveraineté de personne ».

« La rendre optionnelle, soulèverait des questions dans le monde entier sur l’attachement des États-Unis aux principes établis de traitement équitable », a-t-il déclaré.

Après Washington, M. Trudeau doit se rendre à Mexico pour y rencontrer le président Enrique Peña Nieto.

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