Les antimoralistes verts

Par Victor Davis Hanson
14 mars 2022 00:17 Mis à jour: 20 mars 2022 14:59

Des milliers de personnes meurent victimes des missiles et des bombes russes dans les villes ukrainiennes.

En réponse, l’envoyé de l’administration Biden pour le changement climatique, le multimillionnaire John Kerry, s’attriste du fait que Vladimir Poutine ne puisse plus être son partenaire pour réduire le réchauffement de la planète.

« Vous allez perdre l’intérêt des gens », déplore Kerry. « Vous allez perdre l’attention des grands pays qui seront distraits, et je pense que cela pourrait avoir un impact préjudiciable. »

« Impact » ?

Le moraliste mondial John Kerry entend-il par « impact » les quelque 650 missiles russes qui ont réduit en cendre des bâtiments ukrainiens et déchiqueté des enfants ?

Ou s’agit-il des soldats russes perdant leur « intérêt » pour l’écologie ? Lorsque Poutine menace de recourir aux armes nucléaires, est-il simplement « distrait » ? Est-ce le tir de quelques ogives nucléaires qui serait « préjudiciable » pour l’environnement humain ?

Les moralistes du changement climatique aiment tant l’humanité dans sa forme abstraite qu’il leur faut, dans le monde réel, couper le gaz, le charbon et le pétrole, indispensables à la vie. Ils accordent si peu d’importance aux êtres humains qu’ils ne s’inquiètent pas, ici et maintenant, des pénuries de carburant, des coûts exorbitants qui en découlent, ni des guerres que cela peut engendrer, de l’inflation qui monte en flèche réduisant la capacité des gens à se déplacer ou à se chauffer.

L’administration Biden a arrêté toute production de gaz et de pétrole dans l’aire (de près de 80 000 m2) du Refuge faunique national de l’Arctique en Alaska. Elle a mis fin à toutes les nouvelles concessions fédérales pour le forage. Elle a abandonné les nouveaux pipelines importants. Elle incite les organismes de prêt à ne pas financer les forages pétroliers et gaziers.

Elle a contribué à forcer l’annulation du gazoduc EastMed qui aurait permis d’acheminer le gaz naturel dont l’Europe du Sud a tant besoin. En un an seulement, elle a réussi à transformer les États-Unis, le plus grand producteur de pétrole et de gaz au monde, en un mendiant pathétique des combustibles fossiles.

Maintenant, le gaz dépasse 5 $ le gallon (3,785 litres). Dans les États bleus [démocrates] sur-réglementés, il atteindra probablement 7 $.

Les libéraux craignent que les électeurs ne leur reprochent (à juste titre), lors des prochaines élections de mi-mandat, d’entraver la capacité des Américains à voyager, se chauffer en hiver, se rafraîchir en été ou acheter des produits alimentaires à un prix abordable.

Mais comment l’administration Biden va-t-elle résoudre la contradiction soulevée par l’invasion russe en Ukraine ? À savoir que sa grande guerre idéologique contre le pétrole et le gaz naturel ne fait que donner l’avantage aux ennemis de toujours des États-Unis (comme les Russes ou les Chinois) producteurs de pétrole et de gaz devant l’éternel ?

En définitive, nous avons là des théories intéressées couplées d’une réalité dévastatrice pour faire sombrer le peuple américain.

En 2021, le président Joe Biden a levé les sanctions américaines contre le gazoduc russo-allemand Nord Stream 2, conçu pour fournir à l’Allemagne verte un gaz naturel détestable mais salvateur. Avant cela, souvenons-nous que Joe Biden avait annulé le projet de l’oléoduc Keystone XL aux États-Unis. En d’autres termes, les pipelines ne lui posaient pas de problème, sauf les pipelines américains.

Désormais, Biden sanctionne de nouveau le gazoduc, défavorable aux profits générés par Poutine en Allemagne. Ainsi, bien que l’Allemagne ne dispose d’aucun terminal méthanier, la voilà qui doit organiser d’urgence l’importation du gaz naturel liquéfié américain. Concrètement, pour l’heure, elle n’a en aucun cas la possibilité de suivre l’embargo.

À noter que les décisions de Biden sont tout aussi grotesques pour les Américains que pour les Européens. Alors que tous les pays ennemis des États-Unis réalisent d’énormes profits grâce aux prix record du pétrole et du gaz, Biden semble exclure la possibilité de demander à l’Alaska, au Dakota du Nord ou au Texas d’augmenter leur production.

Au lieu de cela, il choisit de nouveau l’option la plus lunatique possible : pour tenter de prévenir la flambée du prix de l’essence, rien de tel que de supplier les régimes autocratiques et hostiles du monde entier de produire et d’importer plus de pétrole !

Depuis 2019, les États-Unis ont mis en place un embargo pétrolier pour sanctionner la dictature vénézuélienne, riche en pétrole, du fait que c’est un État narcoterroriste en guerre contre son propre peuple et ses voisins. Mais voilà qu’aujourd’hui, Biden supplie Nicolas Maduro (qui soutient Poutine), de fournir du pétrole pour les États-Unis (qui en possèdent en abondance mais que le président juge trop salissant à exploiter).

Biden s’est aussi tourné vers l’ami de toujours des États-Unis… le gouvernement iranien ! Qui d’autre pour venir au secours de la crise pétrolière américaine ? En retour, l’Iran exige bien entendu un nouvel accord sur le nucléaire.

À la veille de l’invasion russe, Biden suppliait Poutine de produire plus de pétrole pour augmenter les importations russes aux États-Unis.

Cette demande surréaliste fut-elle l’indice (de la faiblesse américaine) convaincant définitivement Poutine d’attaquer l’Ukraine au plus vite ? Aux yeux des Russes, s’agissait-il d’une preuve supplémentaire de la vulnérabilité des États-Unis après leur sortie affligeante d’Afghanistan ?

Récemment, Biden traitait le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohamed ben Salmane, comme un paria en accusant la famille royale de piétiner les droits humains. Aujourd’hui, le voilà qui supplie la monarchie de produire plus de pétrole. La famille royale saoudienne a refusé de répondre à son appel. Biden leur aurait-il manqué de respect ?

La politique pétrolière incensée de Biden ? La réponse d’une élite coupée de la réalité conduisant les gens vers la ruine ou la mort.

Victor Davis Hanson est écrivain, commentateur et historien militaire. Il est professeur émérite de lettres classiques à l’Université d’État de Californie, chercheur principal en lettres classiques et histoire militaire à l’Université de Stanford, membre du Hillsdale College et membre distingué du Center for American Greatness. M. Hanson a écrit 16 livres, dont « Le Modèle occidental de la guerre », « Fields Without Dreams » [Champs sans rêves, ndt.] et « The Case for Trump ». [Les arguments pour Trump, ndt.]

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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