Après la fermeture de tous les hôpitaux de fortune à Wuhan, un patient infecté se voit refuser un traitement

Par Nicole Hao
16 mars 2020 15:29 Mis à jour: 16 mars 2020 16:55

Une patiente présentant des symptômes du nouveau coronavirus en Chine a déclaré au journal Epoch Times que peu après sa sortie d’un hôpital de fortune, son état s’est aggravé.

Cependant, les établissements ont refusé de lui fournir un traitement.

Depuis le 10 mars, lorsque le leader chinois Xi Jinping a visité l’épicentre de l’épidémie dans la ville de Wuhan, les autorités locales ont fermé tous les hôpitaux de fortune. Elles affirment que le nombre de patients malades a diminué et que les installations n’étaient donc plus nécessaires.

Entre-temps, le régime chinois a affirmé que le virus était parvenu à son « pic » et que la propagation du virus avait été maîtrisée avec succès.

Mais Mme Fu a déclaré qu’elle, sa famille et d’autres patients comme elle souffrent encore.

Pas de traitement

Mme Fu a une soixantaine d’années et vit avec sa famille dans le quartier de Hanyang, dans le centre de Wuhan. Elle présentait des symptômes bénins du virus. Mais son test de diagnostic s’est révélé négatif, et elle a donc été placée dans un centre de quarantaine au début du mois de février.

Lorsque son état s’est aggravé, Fu a été transférée dans un hôpital de fortune installé au Wuhan International Expo Center dans le district de Hanyang, le 11 février.

Elle a déclaré que plus de 900 patients étaient confinés dans cet espace. Les lits étaient disposés les uns à côté des autres sans aucune barrière – 22 lits comptant pour une unité.

« Un médecin s’occupait de huit unités, ce qui signifie 176 patients », se souvient Mme Fu.

« Le médecin n’a fait que mesurer la température de notre corps. Quand nous n’étions pas à l’aise, nous pouvions obtenir des médicaments au poste des infirmières. Mais elles ne nous donnaient aucun traitement », a-t-elle ajouté.

L’hôpital de fortune lui a donné son congé le 28 février. Elle a été envoyée dans un autre centre de quarantaine, installé dans un hôtel, pour une observation médicale.

Mme Fu a dû partager sa chambre avec une autre patiente de 30 ans.

Après son transfert dans le centre de quarantaine, Mme Fu s’est sentie de plus en plus mal. « Je suis à bout de souffle. Pour ainsi dire, je dois respirer au moins une fois de plus à chaque fois », dit-elle.

Le 10 mars, un médecin a envoyé Mme Fu à l’hôpital de Wuhan Puren, un hôpital désigné pour le traitement de la COVID-19, la maladie causée par le nouveau coronavirus.

Elle a payé pour un scanner et une analyse de sang.

Le rapport de diagnostic de l’hôpital indiquait que Mme Fu présentait des taches d’une fine pellicule dans les deux poumons, qui pouvait correspondre à des lésions infectées. Dans le même temps, l’artère, le foie et la vésicule biliaire de Mme Fu ont été endommagés.

De nombreux patients atteints de COVID-19 présentent une opacité pulmonaire.

Bien que les symptômes cliniques de Mme Fu correspondent à ceux des patients COVID-19, l’hôpital a refusé de la soigner, affirmant que son test de diagnostic était négatif.

L’hôpital n° 9 de Wuhan est un hôpital désigné qui accueille les patients du centre de quarantaine où Mme Fu séjournait. Mais cette installation l’a également refusée.

Patients libérés

Mme Fu a déclaré qu’elle n’était pas la seule patiente libérée qui ne se soit pas rétablie.

Après que la ville a annoncé que tous les hôpitaux de fortune seraient fermés, le centre d’exposition de Wuhan a envoyé un bus pour transporter les patients vers les centres de quarantaine. Les patients dans un état grave ont été transférés dans les hôpitaux. D’autres, jugés en bonne santé, sont rentrés chez eux.

Mme Fu a dit qu’elle a parlé avec les quelque 20 autres patients qui se trouvaient dans le bus. Ils avaient également des lésions pulmonaires.

Un homme de 36 ans, qui se trouvait également à l’hôpital de fortune où elle a séjourné, est mort 36 heures après sa sortie, selon Mme Fu.

Son mari, M. Fu, est également infecté par le virus. Après que son fils a fait appel sur les réseaux sociaux pour obtenir l’hospitalisation de M. Fu, il a été soigné à l’hôpital populaire de Xinzhou, situé dans une banlieue de Wuhan.

« Mon mari est plus malade que moi. Que dois-je faire ? » s’est-elle écriée.

Epoch Times s’est entretenu avec le fils de Mme Fu en février. Le fils a déclaré que son père était en fait décédé le 8 février, mais la famille ne voulait pas que Mme Fu le sache. Plus tard, le petit-fils de Mme Fu, âgé de 17 ans, a également été infecté par le virus, et est soigné à l’hôpital de Wuhan Kangtai.

Sur les médias sociaux, il y avait également des preuves que les habitants de Wuhan étaient confrontés à une situation similaire à celle de Mme Fu.

Le 14 mars, Yang Zhanqing, un activiste chinois basé aux États-Unis a partagé une vidéo sur Twitter, qui affichait un enregistrement audio d’une conversation entre lui et un médecin surnommé Wei à Wuhan sur WeChat, une application populaire.

Wei dit dans la vidéo : « Ici, nous nous conformons à une politique dans notre façon de procéder aux diagnostics et aux traitements. » Il a dit qu’il y avait des patients qui ne se remettaient pas, mais que l’hôpital les avait quand même libérés – afin de montrer aux autorités qu’il y avait un grand nombre de patients en convalescence.

En tant que médecin, Wei a déclaré qu’il ne pensait pas qu’il était éthique de renvoyer ces patients, mais qu’il n’avait aucun moyen de l’empêcher. « Parce que les spécialistes ont déjà signé les papiers de sortie des patients, je dois les libérer. Si je ne les libère pas, d’autres médecins le feront. »

Yang Zhanqing a indiqué qu’il avait appris par ses contacts que plusieurs complexes résidentiels du district de Hanyang avaient connu des infections de masse ces derniers jours, en grande partie à cause de patients qui sont rentrés chez eux et qui ont propagé le virus par inadvertance aux membres de leur famille et à leurs voisins.

Dans la soirée du 13 mars, l’internaute de Wuhan Zhang Yi a diffusé en direct une vidéo montrant des ambulances venant chercher des patients chez eux. Mais lors d’un arrêt à l’hôpital, l’établissement a refusé de les prendre en charge en raison de sa pleine capacité.

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