Catalogne : Madrid contre-attaque

8 septembre 2017 18:14 Mis à jour: 7 septembre 2017 23:54

Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a dénoncé jeudi « un acte intolérable de désobéissance » des autorités de Catalogne qui ont convoqué un référendum d’autodétermination pour le 1er octobre, indifférentes aux poursuites judiciaires qui se multiplient.

Dans un discours offensif, le chef du gouvernement conservateur depuis 2011 a demandé aux dirigeants séparatistes de la région « d’abandonner cette escalade dans l’illégalité » et prévenu que « l’État de droit ne se pliera pas à (leurs) bravades ».

D’un ton solennel, M. Rajoy a annoncé qu’il ferait « tout ce qui est nécessaire » pour que cette consultation ne se tienne pas dans la région aux 7,5 millions d’habitants, grande comme la Belgique et qui produit 20% du PIB espagnol.

Pour bien faire comprendre la gravité des enjeux, M. Rajoy a expliqué que les autorités catalanes et tous les maires de la région seraient avertis qu’il était de leur « devoir d’empêcher ou de paralyser toute initiative tendant à l’organisation du référendum ».

La Cour constitutionnelle, saisie par le conseil des ministres, a suspendu jeudi soir les textes adoptés la veille par le Parlement catalan pour organiser le référendum, en attendant de se prononcer sur leur nullité.

La Cour avait déclaré anticonstitutionnel dès 2014 le principe même d’un référendum d’autodétermination d’une région. Mais les autorités catalanes ignorent les décisions de la Cour dont elles ne reconnaissent plus la légitimité.

Le procureur général de l’État a lui annoncé des poursuites judiciaires contre l’ensemble du gouvernement catalan ainsi que les responsables du parlement régional qui ont soumis au vote la « loi d’organisation du référendum » adoptée mercredi en urgence, au grand dam de l’opposition.

Cette loi instaure un « régime juridique exceptionnel » prévalant sur toutes les normes qui pourraient entrer en conflit avec elle, un défi sans précédent à l’autorité de Madrid.

Le procureur a aussi annoncé le lancement d’enquêtes avec l’aide de la Garde Civile, la police nationale et des Mossos d’Esquadra (la police régionale catalane) sur d’éventuels préparatifs du référendum, ainsi que l’ordre de saisir les « instruments destinés à préparer ou tenir le référendum illégal ».

Dans la journée, M. Rajoy a reçu le chef du deuxième parti du pays, son habituel adversaire socialiste Pedro Sanchez, qui cette fois s’est placé « aux côtés du gouvernement », puis le chef du parti centriste Ciudadanos, Albert Rivera.

La droite, les socialistes et le centre font tous valoir que c’est à l’ensemble du peuple espagnol de se prononcer quand l’unité du pays est en jeu.

À Barcelone, le président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, a assuré que le référendum aurait lieu coûte que coûte et que 560 mairies lui avaient apporté son soutien.

« Aucun conseil des ministres, aucun tribunal déconsidéré ne vont suspendre la démocratie », a-t-il déclaré selon son service de presse.

« Face à un tsunami de poursuites en justice, il y aura un tsunami de démocratie », a-t-il assuré.

Simultanément, l’exécutif catalan a accéléré les préparatifs du scrutin, demandant aux mairies de lui faire savoir dans les 48 heures quels locaux pourraient servir de bureaux de vote.

La région reste partagée: à la question « Voulez-vous que la Catalogne devienne un État indépendant », 41,1% des Catalans ont répondu « oui » en juin, 49,9% « non », selon le baromètre du Centre d’études d’opinion catalan.

Mais les séparatistes persistent et signent: majoritaires au parlement catalan depuis septembre 2015, ils devaient adopter dans la nuit de jeudi à vendredi une deuxième loi controversée, visant à organiser la transition vers un État indépendant si le « oui » l’emporte le 1er octobre. En cas de victoire, la Catalogne deviendrait selon eux une république, indépendante du royaume d’Espagne.

Les indépendantistes assurent défendre leurs droits après des années « d’humiliation » par les conservateurs du Parti populaire (PP), qui avaient notamment obtenu en 2010 de la Cour constitutionnelle qu’elle réduise les compétences plus larges accordées à la Catalogne en 2006 par le Parlement espagnol.

« Depuis lors, le PP a agi comme une machine à fabriquer des indépendantistes », a affirmé jeudi Pablo Iglesias, dirigeant du troisième parti du pays, Podemos (gauche radicale).

Le président du Parlement européen, l’Italien Antonio Tajani a indiqué dans un courrier à une eurodéputée qu’une Catalogne indépendante resterait en dehors de l’Union européenne et fait valoir que « toute action contre la Constitution d’un État membre est une action contre le cadre légal de l’UE ».

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