Les chaînes d’approvisionnement mondiales s’apprêtent à subir le contrecoup des confinements en Chine

Par Eva Fu
17 mars 2022 20:24 Mis à jour: 17 mars 2022 20:24

L’inquiétude grandit dans le monde entier alors que la Chine s’efforce d’endiguer la pire épidémie de Covid‑19 qu’elle aurait connue en deux ans, en fermant des usines et en confinant certains de ses pôles industriels les plus actifs.

Le développeur de semi‑conducteurs d’Intel et d’Apple et les constructeurs automobiles Toyota et Volkswagen, voilà les dernières compagnies en date contraintes de stopper une partie de leur production en Chine. Pendant que les entreprises se conforment aux politiques strictes de la Chine pour vaincre le Covid, les produits s’accumulent dans les entrepôts.

La dernière vague, due principalement au variant Omicron, a entraîné le confinement de 51 millions de personnes dans d’importants pôles industriels et technologiques chinois. La ville de Shenzhen, par exemple, dans le sud du pays, est connue comme la Silicon Valley chinoise. Elle abrite deux usines Foxconn qui assemblent les iPhones. La ville de Changchun, également, le pôle industriel du Nord‑Est.

Au 15 mars, 5000 cas ont été signalé, un record absolu. Il s’agit plus grand nombre de cas enregistrés en une seule journée en Chine depuis le début de la pandémie. En deux semaines, le pays a enregistré plus de 15 000 cas, un total qui dépasse celui de l’ensemble de l’année 2021. Les spécialistes rappellent par ailleurs que ces chiffres sont largement sous‑évalués, comme toute statistique dérangeante en pays communiste.

La liste des provinces touchées, qui ne cesse de s’allonger, couvre la plupart des régions de Chine. Les autorités sanitaires ont fait savoir qu’elles anticipaient d’autres cas.

« La situation de notre pays dans sa lutte contre l’épidémie est démoralisante et compliquée, et les défis pour contenir l’épidémie s’accroissent », a déclaré Lei Zhenglong, un haut fonctionnaire de la commission nationale de la Santé, lors d’une conférence de presse le 15 mars.

Des employés chinois sur une ligne de production d’automobiles dans une usine à Changchun, dans la province chinoise du Jilin, le 1er novembre 2017. (STR/AFP via Getty Images)

Les inquiétudes suscitées par le Covid ainsi que par les liens de la Chine avec la Russie ont déclenché des ventes panique, le cours des actions à Hong Kong et en Chine continentale a chuté pendant deux jours consécutifs.

« Nous ne voyons aucun risque pour l’économie mondiale (à l’exception d’une guerre nucléaire), plus grand qu’une épidémie de Covid en Chine pour paralyser la production industrielle », a déclaré Carl B. Weinberg de High‑Frequency Economics dans un rapport. « D’innombrables chaînes d’approvisionnement manufacturières passent par la Chine. »

Le 14 mars, le porte‑parole de la Maison‑Blanche, Jen Psaki, a déclaré que l’administration Biden suivait le confinement de Shenzhen « d’incroyablement près ».

« Ce que nous examinons, c’est bien sûr l’impact sur certains de ces ports autour des zones touchées en Chine », a‑t‑elle déclaré lors d’un point de presse.

L’augmentation du nombre de cas de Covid n’est pas de bon augure pour la Chine, qui doit atteindre son objectif ambitieux de croissance économique de 5,5 %.

Fu Linghui, porte‑parole du Bureau national des statistiques de Chine, s’est montré prudent quant aux effets de la résurgence du Covid à l’échelle nationale. L’évolution de la situation de l’épidémie a créé quelques « incertitudes » et la manière dont elle affecte la reprise économique reste à surveiller, a‑t‑il déclaré le 15 mars.

Le groupe chinois FAW, dont le siège est à Changchun et qui possède des entreprises associées à Toyota, Volkswagen et Audi, a annoncé une suspension de quatre jours pour les usines de la ville, un arrêt qui pourrait entraîner une perte de 480 000 véhicules, selon les médias chinois.

Dongguan, une ville industrielle de premier plan dans la province côtière du Guangdong, a interrompu tous les transports publics et seules les usines sont en activité. Aucun cas n’a été détecté là‑bas, pourtant dans la semaine à venir, aucun travailleur ne sera autorisé à sortir des locaux de son entreprise.

Des conteneurs empilés dans le port de Yantian à Shenzhen, dans la province chinoise du Guangdong, le 22 juin 2021. (STR/AFP via Getty Images)

La plupart des entrepôts de Shenzhen ont temporairement stoppé leurs expéditions, selon la presse chinoise.

Pour l’instant, les ports internationaux de Shanghai et de Shenzhen fonctionnent normalement, mais les données sur les marchés financiers et les infrastructures de Refinitiv montrent que le nombre de navires en attente dans les ports du delta de la rivière des Perles et de l’estuaire du Yangtze a doublé.

Les effets de ces confinements pourraient ne pas se faire sentir immédiatement.

« Nous risquons de voir les impacts dans un mois, ou plus, au moment où ces produits devront arriver en usine ou chez les détaillants », explique Daniel Stanton, professeur de marketing à l’Université Bradley, à Epoch Times.

Le coût des confinements dépend de la durée de ces politiques, explique‑t‑il.

« Si les fermetures sont courtes, alors les entreprises pourront être en mesure d’atténuer les problèmes grâce à leurs réserves ou en utilisant des modes de transport plus rapides. Mais plus les fermetures dureront, plus il sera difficile d’atténuer les effets sur les chaînes d’approvisionnement liées à tous les produits fabriqués dans ces régions. »

Si l’épidémie continue à s’aggraver, la politique zéro Covid voulue par la Chine risque d’entraîner des confinements prolongés. Le dernier confinement majeur, dans la ville de Xi’an (centre‑nord de la Chine), a commencé trois jours avant Noël et s’est poursuivi pendant plus d’un mois.

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