Des chercheurs ont de nouveau aperçu un mystérieux poisson des profondeurs dont les yeux verts brillent à l’intérieur de son front transparent

Par Michael Wing
8 février 2022 00:13 Mis à jour: 8 février 2022 00:13

Alors que nous nous adaptons à des journées plus courtes et plus sombres, avec moins de soleil et plus de neige, une créature marine ultra‑rare, bien adaptée à l’obscurité, a de nouveau été aperçue récemment.

Dans les profondeurs de la mer – entre 180 à  240 mètres sous l’eau, là où la lumière du soleil ne passe plus et où tout est noir – vit un poisson aux caractéristiques inhabituelles, bien adapté à cet environnement. Plusieurs espèces de la famille des Opisthoproctidae communément appelés par leur surnom anglophone poissons barreleyes, i.e. poisson avec des yeux en forme de tonneaux, en raison de leurs yeux allongés en forme de tube qui leur permettent de vivre dans la zone crépusculaire de l’océan.

Une observation récente de ce poisson rare, en décembre dernier, a mis en ébullition les chercheurs du Monterey Bay Aquarium Research Institute (MBARI). « J’espionne avec mon barreleye, de nouveau venu des profondeurs ! » ont légendé les chercheurs sur la chaîne YouTube du MBARI, où ils ont posté des images de la rencontre.

Le barreleye, ou Macropinna microstoma n’est pas un grand poisson, il ne mesure que 15 centimètres, ses écailles noires et ses grandes nageoires noires ne sont pas non plus très inhabituelles. L’étrangeté de ce poisson réside dans sa tête hors du commun.

Un poisson barillet (Macropinna microstoma) observé par le ROV Ventana de MBARI lors d’une plongée de l’équipe du navire océanographique RV Rachel Carson avec l’aquarium de Monterey Bay le 1er décembre 2021. (Avec l’aimable autorisation de © 2021 MBARI)
Un poisson barillet (Macropinna microstoma) observé par le ROV Ventana de MBARI lors d’une plongée de l’équipe du navire océanographique RV Rachel Carson avec l’aquarium de Monterey Bay le 1er décembre 2021. (Avec l’aimable autorisation de © 2021 MBARI )
Un poisson barillet (Macropinna microstoma) observé par le ROV Ventana de MBARI lors d’une plongée de l’équipe du navire océanographique RV Rachel Carson avec l’aquarium de Monterey Bay le 1er décembre 2021. (Avec l’aimable autorisation de © 2021 MBARI )

Les deux petites cavités situées juste au‑dessus de sa bouche (où devraient se trouver ses yeux) ne sont pas vraiment des yeux, mais des « narines », ou narines de poisson, reliées à ses organes olfactifs. Les deux grands orbes vert brillant situés à l’intérieur du front transparent et remplis de liquide sont ses véritables yeux, qui regardent directement à travers le front comme un pilote voit par la fenêtre d’un avion de chasse. Les chercheurs pensent que la couleur vert lumineux filtre la lumière du soleil qui, autrement, rendrait difficile le repérage des proies – les barreleyes se nourrissent de méduses bioluminescentes et de petits crustacés pris dans leurs tentacules.

Avant qu’un véhicule télécommandé (ROV) n’aperçoive ce poisson en 2009, cette caractéristique transparente du front était exclue des illustrations de barreleyes, car les précédents spécimens capturés étaient tous endommagés et ne possédaient pas cette partie. En 2021, les barreleyes n’ont été observés que neuf fois par des ROV. Les scientifiques du MBARI ont également réussi à en capturer un et à le ramener à la surface, dévoilant le mystère de la façon dont les barreleyes, avec leurs yeux orientés vers le haut, parviennent à chasser et à se nourrir sans regarder vers l’avant.

Les chercheurs pensaient auparavant que les yeux étaient fixés vers le haut, mais la capture au filet a confirmé ce que l’observation faite par le ROV en 2009 indiquait : lorsque le poisson repère une proie et nage pour la tuer, ses yeux tubulaires s’inclinent vers l’avant pour se concentrer sur sa nourriture.

Un poisson barillet (Macropinna microstoma) observé par le ROV Ventana de MBARI lors d’une plongée de l’équipe du navire océanographique RV Rachel Carson avec l’aquarium de Monterey Bay le 1er décembre 2021. (Avec l’aimable autorisation de © 2021 MBARI)
Un poisson barillet (Macropinna microstoma) observé par le ROV Ventana de MBARI lors d’une plongée de l’équipe du navire océanographique RV Rachel Carson avec l’aquarium de Monterey Bay le 1er décembre 2021. (Avec l’aimable autorisation de © 2021 MBARI)
Un poisson barillet (Macropinna microstoma) observé par le ROV Ventana de MBARI lors d’une plongée de l’équipe du navire océanographique RV Rachel Carson avec l’aquarium de Monterey Bay le 1er décembre 2021. (Avec l’aimable autorisation de © 2021 MBARI)

En 2009, Bruce Robison et Kim Reisenbichler, chercheurs au MBARI, ont émis une hypothèse sur le modus operandi de cet habitant des profondeurs : la plupart du temps, les barreleyes utilisent leurs grandes nageoires pour se stabiliser dans l’eau (comme les ROV) pour scruter le ciel à la recherche de proies. Ils recherchent aussi des créatures bioluminescentes pouvant atteindre plus de 10 mètres de long appelées siphonophore, qui traînent un « filet » composé de milliers de longs tentacules urticants. En manœuvrant avec précaution, les barreleyes s’attaquent aux copépodes et autres petits animaux capturés dans ces filets vivants.

La dernière observation de barreleye remonte au 1er décembre 2021, lorsque l’aquariophile Tommy Knowles et une équipe à bord du navire de recherche Rachel Carson du MBARI ont déployé le ROV Ventana pour collecter des sinophores pour les montrer lors d’une exposition intitulé « Into the Deep ». Au sujet de l’observation, les chercheurs ont écrit sur la page YouTube du MBARI : « L’équipe s’est arrêtée pour s’émerveiller devant le macropinna [autre nom] avant qu’il ne s’éloigne en nageant. »

Bien que nous ayons beaucoup à apprendre sur cet étrange nageur des profondeurs, les progrès de la robotique sous‑marine à distance nous permettent de percer certains de leurs mystères et de comprendre comment les barreleyes se sont adaptés pour survivre dans l’obscurité.

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