Chine-Canada : deux mondes différents, celui de l’arrestation de Meng Wanzhou et celui de Sun Qian

De fortes disparités entre le traitement des citoyens chinois arrêtés au Canada et celui des citoyens canadiens arrêtés en Chine

28 décembre 2018 01:44 Mis à jour: 24 octobre 2021 12:12

Les différences entre le traitement d’une citoyenne canadienne détenue en Chine et celui d’une citoyenne chinoise arrêtée au Canada ne pourraient être plus marquées.

Après l’arrestation de Meng Wanzhou à Vancouver, le 1er décembre, à la demande des États-Unis, elle a été détenue pendant quelques jours dans un centre correctionnel pour femmes, a comparu en audience publique avec une représentation juridique compétente et est maintenant en liberté sous caution, vivant confortablement dans une de ses résidences du Grand Vancouver en attendant les audiences officielles d’extradition.

Sun Qian, résidente de Vancouver, n’a pas bénéficié de telles délicatesses lorsqu’elle a été arrêtée en Chine il y a presque deux ans. Le 19 février 2017, plus d’une douzaine de policiers ont fait irruption chez elle à Pékin, ont saccagé son domicile, l’ont traînée dehors et l’ont jetée dans un centre de détention, sans aucune procédure judiciaire, pas même un mandat d’arrêt. Un mandat a été émis quelques semaines plus tard.

Alors que Mme Meng fait face à de graves allégations de violations des sanctions américaines contre l’Iran, Sun Qian a été détenue pour avoir simplement pratiqué sa foi dans le Falun Gong, ou Falun Dafa, une discipline spirituelle traditionnelle chinoise basée sur le principe « Authenticité-Bienveillance-Tolérance ».

Alors que Mme Meng n’a plus qu’à porter un bracelet électronique à la cheville et à être surveillée et escortée par une société de sécurité privée pendant sa libération sous caution, Sun Qian est restée au premier centre de détention de Pékin, où elle a subi des tortures et un lavage de cerveau afin de la faire renoncer à sa croyance.

De plus, plusieurs avocats que la famille de Sun Qian a réussi à trouver et qui étaient prêts à représenter une pratiquante de Falun Gong ont subi des pressions de la part des autorités au point qu’ils ont abandonné son dossier. Maintenant, elle est représentée par un avocat nommé par le gouvernement qui ne travaille pas dans son plus grand intérêt, selon sa famille.

Meng Wanzhou est la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, fondé par son père. Elle est accusée de complot en vue de frauder plusieurs institutions internationales. Chaque chef d’accusation est passible d’une peine maximale de 30 ans.

Sun Qian était vice-président de la Beijing Leadman Biochemistry Co. Ltd, une société de plusieurs milliards d’euros qu’elle a fondée et dont elle était copropriétaire avec son mari, Shen Guangqian. Mais deux jours après l’arrestation de Sun Qian, son mari aurait volé 2 milliards de yuans d’actions appartenant à son épouse Sun de leur société commune et l’aurait fait retirer du conseil d’administration en falsifiant sa signature.

La sœur de Sun Qian, Sun Zan, a déclaré à Epoch Times dans une interview précédente que Shen Guangqian « aurait été de connivence avec certaines personnes du Bureau de la sécurité publique, utilisant la politique de répression du Falun Gong pour entraîner la détention illégale de Sun Qian et des poursuites judiciaires ».

« Le parquet et le tribunal ont non seulement fermé les yeux sur les actes criminels de Shen Guangqian, mais ils se servent aussi de Shen pour condamner illégalement ma sœur », a-t-elle révélé.

En juillet 1999, le Parti communiste chinois a lancé une vaste campagne de persécution contre les pratiquants du Falun Gong, qui étaient alors au nombre de 70 à 100 millions. Au cours des années qui ont suivi, des dizaines de milliers de pratiquants ont été détenus, et un nombre incalculable d’entre eux ont été torturés jusqu’à la mort ou au handicap. D’après les rapports d’enquête, d’innombrables autres personnes sont mortes en se faisant prélever de force leurs organes.

Les autorités chinoises ont déclaré que Meng Wanzhou avait été « kidnappée » et que son arrestation portait atteinte à ses droits humains. En réalité, elle a tout simplement été arrêtée en sol canadien, conformément à la loi, car elle faisait face à des accusations criminelles aux États-Unis, pays avec lequel le Canada a un accord d’extradition.

En Chine, cependant, les pratiquants de Falun Gong sont régulièrement enlevés à leur domicile ou sur leur lieu de travail et jetés dans des centres de détention, des centres de lavage de cerveau ou des prisons. Le site Internet Minghui.org qui documente les retombées de la campagne de persécution, décrit cela comme un enlèvement du genre kidnapping, car dans de nombreux cas, aucun processus légal n’est respecté et quand il y a une audience, c’est toujours pour le spectacle et non pour assurer la justice.

On pourrait dire que la détention de trois Canadiens en Chine sous de fausses accusations, en représailles de l’arrestation de Mme Meng, constitue également un kidnapping. Cette décision montre clairement que le régime est un voyou et qu’il ne respecte pas l’État de droit.

Les experts qui suivent le cas de Meng Wanzhou disent que le dossier pourrait s’allonger pendant des années si elle décide de lutter contre l’extradition. Si elle choisit de ne pas interpeller, elle pourrait être extradée d’ici quelques semaines, disent-ils. Quoi qu’il en soit, elle n’aura jamais à subir ni la torture en détention ni un procès-spectacle. Quoi qu’il arrive, elle sera libre d’avoir la meilleure défense légale que l’argent puisse acheter.

En attendant, grâce à l’absence d’État de droit en Chine et à la corruption des magistrats, Sun Qian a perdu non seulement sa liberté mais aussi sa société d’une valeur de milliards d’euros. Mme Meng peut-elle se plaindre du même sort onéreux ?

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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