Comment une femme fît reculer les Mongols et apporta la paix en Chine

19 septembre 2015 15:27 Mis à jour: 18 octobre 2015 09:56

Ancêtres des Mongols modernes, les Xiongnus étaient un groupe de tribus nomades vivant au nord de la Grande muraille. Voici des milliers d’années, ils pénétrèrent en Chine à cheval, dévastant les villes et les villages chinois de culture sédentaire et agraire.

Des centaines d’années avant l’invasion de l’Empire romain germanique par les hordes d’Attila, la dynastie chinoise des Han (-206 av JC-220 ap. JC) était prise dans une lutte interminable contre l’ennemi venant des steppes.

Mais quand la guerre prit fin et que des relations amicales s’établirent entre les Han et les Xiongnu pendant un demi-siècle, cela ne fût pas le fait de la force armée, mais du charme et du sacrifice d’une femme, Wang Zhaojun.


Une concubine invisible
Il y a 2000 ans, Wang Zhaojun vivait en tant que concubine à la cour impériale de la dynastie Han sous le règne de l’empereur Yuan. Comme c’était le cas pour de nombreux dirigeants chinois prestigieux, l’empereur Yuan entretenait au Palais son harem composé de milliers de femmes, qui pour la plupart ne virent jamais le Fils du Ciel de près, sans parler d’avoir des relations intimes avec lui.

L’empereur Yuan avait fait faire les portraits de toutes les femmes de sa cour à des artistes peintres si bien qu’il pouvait les contempler à sa guise. Nombre de ces femmes, voulant chacune personnellement gagner les faveurs de l’empereur, soudoyaient les artistes pour qu’ils les fassent apparaître plus belles que nature. Les artistes s’enrichissaient beaucoup grâce à cette pratique. Finalement, ils en vinrent même à considérer de telles « gratifications » comme acquises.

Wang, cependant, n’avait nul besoin de payer pour acheter la beauté dont elle était naturellement pourvue. Ce qui irrita son peintre, Mao Yanshou, qui délibérément l’enlaidit dans le portrait qu’il fit d’elle. Son allure et ses talents extraordinaires furent ignorés, et Wang Zhaojun demeura une courtisane ordinaire.

L’empereur Yuan fait don d’une beauté
Des années passèrent avant que le chef d’une tribu Xiongnu, le Shan-Yu Khukhenye entre en Chine, non pour piller et saccager le pays, mais pour la paix. Son clan, ayant bien des années auparavant juré fidélité au précédent empereur Han avait à présent la primauté parmi les peuples Xiongnu. Il venait avec une requête spéciale : épouser une princesse chinoise et devenir membre de la famille impériale.

L’empereur n’était pas prêt à ne serait-ce qu’à tolérer l’idée que ceux que la plupart des Chinois considéraient comme des barbares se mêlent au sang royal, mais il sélectionna dans sa collection de portraits de filles du palais, un parti plus approprié pour le chef Xiongnu – la « disgracieuse » Wang Zhaojun.

Selon une autre version de l’histoire, Wang Zhaojun se serait portée volontaire pour ce rôle, et l’empereur donna son accord, se basant sur le portrait peu flatteur qu’avait fait d’elle, le peintre Mao Yanshou.

C’est seulement quand Wang Zhaojun arriva devant l’empereur à la cour impériale pour sa cérémonie d’adieu qu’il se rendit compte de la supercherie des artistes de sa cour. Se tenait devant lui une beauté sublime qu’il venait juste de condamner à partir vivre dans les steppes.

L’empereur était déchiré. Pour l’heure était en jeu l’alliance continue entre la dynastie Han et les tribus Xiongnu, autant que l’intégrité du monarque. Shan-Yu Khukhenye était enchanté de recevoir comme épouse une jeune femme aussi ravissante, et ils traversèrent ensemble la Grande Muraille.

Plus tard, les artistes faisant le portrait de Wang Zhaojun la représentèrent souvent à cheval, portant un manteau de fourrure rouge et jouant du pipa (un instrument de musique traditionnelle chinoise à une corde) lors de son fameux voyage dans les plaines de Mongolie.


La paix en son temps
En dépit du fait que leurs peuples étaient en temps normal des adversaires, les Xiongnu accueillirent Wang Zhaojun à bras ouverts. Elle donna deux fils et une fille au chef de tribu. Quand Khukhenye mourut, le fils qu’il avait eu de sa première femme prit le pouvoir selon la coutume locale. Wang Zhaoyun se remaria avec le nouveau Shan-Yu, quoique la culture chinoise considérât cela comme un acte incongru, puisqu’il était son beau-fils.

Néanmoins, le couple eut deux filles et Wang vécut une vie paisible jusqu’à sa mort en l’an 8 ap. JC. On dit qu’à l’emplacement de sa tombe située dans ce qui est aujourd’hui la Mongolie Intérieure, l’herbe pousse tout au long de l’année, ce qui lui a valu le titre de « Tombe verte ».
Wang Zhaojun est célébrée pour son honnêteté et son sacrifice
Après le mariage de Wang Zhaojun, il y eut une longue période de paix entre les Xiongnus et les Chinois. Toutefois, même si la Chine était en paix avec ses voisins, il y avait des problèmes internes. Avec la mort de l’empereur, le fonctionnaire rebelle Wang Mang se souleva contre la famille royale et plongea l’empire dans la turbulence. Il fut vaincu et le règne de la dynastie Han s’est poursuivi pendant deux cents ans mais les troubles provoqués par la rébellion de Wang Mang ont porté atteinte à la paix fragile que l’empire Han avait su maintenir avec les nomades.

Wang Zhaojun est considérée comme l’une des Quatre grandes Beautés de l’histoire de la Chine tout comme Xi Shi, Diaochan, et Yang Guifei. Contrairement aux trois autres, qui sont traditionnellement considérées comme des femmes fatales (sans doute à cause de leur sensualité qui eut un effet désastreux sur les dirigeants) Wang Zhaojun est honorée pour son honnêteté et son sacrifice. Elle incarne le lien entre la culture traditionnelle chinoise et l’influence harmonieuse de cultures étrangères.

Version anglaise de l’article : How One Woman Turned Back the Mongols and Brought Peace to China

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