Le départ à la retraite de 40% des exploitants agricoles au cours des dix prochaines années aggravera la pénurie de main-d’œuvre indique un rapport

Par Andrew Chen
11 avril 2023 19:28 Mis à jour: 11 avril 2023 19:28

Selon un nouveau rapport, une vague de départs à la retraite touchera le secteur agricole canadien au cours des dix prochaines années et aggravera la pénurie de main-d’oeuvre déjà importante.

Un rapport de la Banque Royale du Canada (RBC) indique que d’ici 2033, 40% des exploitants agricoles prendront leur retraite, tandis que, sur le même horizon, la pénurie de main-d’œuvre pourrait atteindre 24.000 travailleurs dans les exploitations agricoles, les pépinières et les serres. Le fait que les deux tiers (66%) de ces producteurs n’ont pas de plans de relève ajoute aux préoccupations. « L’agriculture du Canada est donc sur le point de vivre l’une des plus grandes transitions de son histoire en matière de main-d’œuvre et de relève des dirigeants », indique le rapport.

« La crise des compétences agricoles que traverse le Canada est déjà l’une des pires au monde », relève le rapport, qui souligne que le pays connaît l’une des plus graves pénuries de compétences dans le secteur de la production alimentaire par rapport aux autres grands pays exportateurs de produits alimentaires de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), devançant seulement les États-Unis et les Pays-Bas.

L’auteur principal du rapport est Mohamad Yaghi, responsable principal du secteur politique agricole et climatique à la RBC, appuyé d’une équipe de chercheurs de l’Arrell Food Institute de l’Université de Guelph et du Boston Consulting Group.

Les conclusions de la RBC font écho à un rapport publié en décembre 2022 par des chercheurs de plusieurs universités canadiennes. Intitulé  » Rapport sur le prix des aliments au Canada 2023  » (Canada’s Food Price Report 2022), ce dernier prédisait une augmentation moyenne de la facture d’épicerie des ménages canadiens de 5 à 7% cette année.

Immigration, formation et automatisation

Pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, les auteurs de la RBC proposent une solution en trois points.

À court terme, ils recommandent d’accorder un statut d’immigrant permanent à plus de 24.000 ouvriers agricoles et 30.000 exploitants agricoles afin de combler les départs à la retraite et les pénuries de main-d’oeuvre.

Le Canada pourrait également attirer davantage d’exploitants agricoles hautement qualifiés en provenance de pays où les politiques réglementaires les contraignent à réduire leurs productions, voire les poussent au chômage. Les auteurs citent les Pays-Bas, où le gouvernement cherche à racheter les 3000 fermes néerlandaises qui produisent le plus d’émissions, afin d’atteindre les cibles de l’Union européenne.

« Des centaines de milliers d’agriculteurs qualifiés du monde entier sont forcés de réduire la taille de leur exploitation ou sont menacés de fermeture. Rien qu’au sein de l’UE, une perte de plus de quatre millions d’exploitations agricoles est enregistrée depuis 2005 », indique le rapport. « À l’échelle mondiale, cela crée un bassin d’agriculteurs qualifiés qui pourraient aider le Canada à accroître ses exportations alimentaires et à s’adapter aux règlements plus rigoureux en matière de durabilité. »

À moyen terme, la RBC recommande à Ottawa de favoriser les inscriptions aux écoles d’agriculture à travers le Canada.

Après un déclin dans les années 1990, de nombreuses écoles ont revu leurs programmes et ont commencé à offrir de cours interdisciplinaires. Depuis 2003, le taux d’inscription augmente progressivement, selon la RBC. Dans l’enseignement postsecondaire de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et des sciences vétérinaires, le Canada a actuellement l’un des taux d’inscription les plus élevés parmi les pays de l’OCDE, de l’UE et du G20.

L’automatisation de l’agriculture devrait être considérée comme une solution à plus long terme, selon le rapport. Ce dernier encourage également la recherche et le développement et appelle à un financement plus important de la part des pouvoirs publics.

« Le secteur agricole fait face à une pénurie de main-d’œuvre et de compétences pour transformer l’agriculture. Toutefois, avec une bonne approche, ce désavantage aigu pourrait devenir un avantage générationnel », concluent les auteurs. « Le moment est venu pour les agriculteurs, les gouvernements et les acteurs de la chaîne logistique agricole de travailler ensemble sur cette question. »

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