Depuis le début de l’année, il y a eu 3 fois plus de feux de forêt au Congo qu’en Amazonie

Par David Vives
31 août 2019 18:24 Mis à jour: 31 août 2019 18:25
Parmi les pays les plus touchés par les incendies de forêts, le Brésil ne figure qu’à la 5eme place. Alors que ce type de feux se rencontre fréquemment à cette saison, il semble que cette année, certains paramètres ont attiré l’attention des médias et des politiques sur l’Amazonie.
Les feux de forêts qui touchent actuellement le Brésil suscitent une vive émotion dans la presse et les déclarations d’hommes politiques se succèdent. « Le poumon de la planète brûle », lançait Emmanuel Macron durant le G7, suivi d’un tweet non moins alarmiste, « notre maison brûle ».
Les pays du G7 ont également posé 17 millions d’euros sur la table pour aider le gouvernement Bolsonaro. Une aide rejetée dans un premier temps, puis acceptée sous certaines conditions.
Feux de forêts en Amazonie. (JOAO LAET/AFP/Getty Images)
Le Brésil a connu des années bien pire que 2019 en matière de feux de forêt, mais depuis 2004, date du début de l’analyse en temps réel de la déforestation, c’est la première fois qu’autant de feux sont recensés dans une année de sécheresse modérée, selon des spécialistes.
Alors que le Brésil a encore devant lui au moins un mois et demi de saison sèche, les données de l’Institut national de recherche spatiale (INPE) évoquent 87.257 départs de feux dont près de la moitié en Amazonie. Pourtant, ce nombre est bien inférieur aux années 2004, 2005 ,2006, 2007 et 2010, périodes de sévères sécheresses.
« L’incidence des incendies dans la région amazonienne est directement liée à l’activité humaine et les flammes ont pour habitude de suivre les tracés de la déforestation : plus on déforeste, plus les feux sont nombreux », indique l’Institut de recherche environnementale de l’Amazonie (IPAM).
Feux de forêts en Afrique
D’après les données de la Nasa, le Brésil n’est qu’au cinquième rang au niveau des feux de forêts. Avec un peu plus de 1,5 million d’hectares partis en fumée depuis le 1er janvier 2019, la République Démocratique du Congo est en tête du classement. Suivie de la Russie (1,4 million), l’Angola (1 million) et l’Australie (622.000).

Cependant, pour Martine Droulers, géographe et directrice de recherche émérite au CNRS, ces comparaisons n’ont pas lieu d’être.

En République Démocratique du Congo, «ce sont des feux d’écobuage dus à des cultures de brûlis, sur des zones qui sont déjà depuis longtemps converties à cette forme d’agriculture, et qui sont rapidement maîtrisés», explique Frédéric Amiel, chercheur à l’Institut du Développement durable et des relations internationales (IDDRI). Pour lui, cette méthode d’agriculture transmise depuis des siècles continue simplement d’être perpétrée. En Australie, les feux de forêt sont communément appelés « feux de bush».

« Les bush sont des forêts sèches qui n’ont généralement rien à voir avec nos grandes forêts européennes, et c’est un phénomène dû aux sécheresses qui n’est pas nouveau», explique t-il.

Activité criminelle
Au Brésil, rien à voir avec une activité d’agriculture « traditionnelle » ou des conséquences liées au climat. D’après Daniel Azevedo Lobo, procureur à Rondônia, un État amazonien du nord-ouest du Brésil, « 70% de la déforestation est due aux activités d’organisations criminelles, et non d’individus isolés », et « il faut attaquer le problème à la source ».
Feux de forêts déclarés dans l’Altamira, état de Para state au Brésil, le 27 août 2019. (JOAO LAET/AFP/Getty Images)

« Dans le Rondônia, comme dans toute l’Amazonie, il y a des groupes organisés qui envahissent les terres. Ce sont souvent des coupeurs de bois qui s’accaparent ces terres et débitent les arbres sur place », explique-t-il. « Il manque beaucoup de contrôles à Rondônia ».

Et d’après le spécialiste, la seule réelle inquiétude réside dans cette hausse des feux de forêts de nature criminelle, que l’on ne retrouve pas en Afrique. Tous les points de départs de feux observés en Afrique, selon lui, sont « impressionnants ». Pourtant,  « d’une année à une autre, leur évolution ne serait pas aussi significative que pour l’Amazonie ».
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