Des agriculteurs afghans trouvent une alternative au pavot : la culture de grenade

25 octobre 2015 08:12 Mis à jour: 19 novembre 2015 09:20

Les barres fruitées vont-elle dominer les champs de pavot en Afghanistan ? Plant For Peace, un organisme de bienfaisance du Royaume-Uni offre une solution intelligente pour combattre le commerce de la drogue en Afghanistan.

L’organisme a été créé par l’homme d’affaire britannique James Brett en 2007. L’initiative vise à aider de petits agriculteurs Afghans. Plant For Peace octroie une formation et offre de jeunes arbres aux familles afghanes qui désirent remplacer leurs cultures de pavot prévues pour la production d’opium, par celles de la grenade.

« Mon idée était de créer un modèle durable qui permette aux familles, non seulement de survivre, mais de s’en sortir réellement. C’est ainsi qu’est née Plant For Peace », explique Brett.

L’initiative transforme les grenades produites en Afghanistan en poudre de fruits, utilisée pour produire des yaourts bios ou entrant dans la composition de barres fruitées. Depuis le mois de mai, une entreprise créée à cet effet commercialise au Royaume-Uni, les barres fruitées labélisées « Plant For Peace ».

James Brett a rallié quelques grands noms à sa cause, dont des généraux de l’armée, des entrepreneurs, des professeurs ainsi que la princesse de Jordanie, Basma bint Ali. Il a également reçu le soutien du gouvernement américain pour planter 1,9 millions d’arbres en Afghanistan.

L’homme d’affaires, qui est marié à une Arménienne, vit en Arménie mais passe presque 60 % de son temps en Afghanistan. Il parle un peu dari et peut maintenant comprendre environ 40 % des conversations. Il affirme n’avoir aucun problème de sécurité en raison de ses bonnes relations avec les ainés tribaux.

L’histoire de la passion pour la grenade
Tout a commencé en 1999, lors d’un voyage d’affaire dans le Nord du Pakistan. « C’était une journée terriblement chaude. J’ai vu un vendeur de jus de fruits qui passait dans la rue. Je lui ai commandé un cocktail de grenades » se souvient Brett.

Dès l’instant où il a fini de boire son jus, il était conquis par le goût. Il décide alors de créer une entreprise de transformation. En 2002, il co-fonde la marque PomeGreat qui vend le premier verre de jus de grenade au Royaume-Uni.

Plus de 10 000 ainés tribaux assistent à une « Jirga » tribale, ou rassemblement, pour écouter le message d’incitation à préférer la culture de la grenade à celle de l'opium. (Courtesy of Plant For Peace Foundation)
Plus de 10 000 ainés tribaux assistent à une « Jirga » tribale, ou rassemblement, pour écouter le message d’incitation à préférer la culture de la grenade à celle de l’opium. (Courtesy of Plant For Peace Foundation)

James Brett a été surpris d’apprendre que l’Afghanistan produisait les meilleures grenades au monde. « Je voulais créer une industrie qui permettrait aux agriculteurs afghans de s’éloigner des conflits et de la production d’opium », a déclaré Brett.

Cependant, en 2004, une dépression nerveuse met un terme à son rêve et il perd son entreprise, avant de se retrouver en hôpital psychiatrique. « Un traumatisme de l’enfance a resurgit brusquement et il fallait que je règle certains problèmes » précise-t-il.

Selon un rapport des Nations Unies, l’Afghanistan produirait 85 % de l’opium mondial.

Dans son enfance, James Brett a vécu beaucoup d’événements tragiques. Maltraité par son grand-père, il perd précocement sa mère, sombre dans la toxicomanie et finit par se retrouver sans abri et en prison.

Après deux années passées en hôpital psychiatrique, il commence à renouer des liens avec le monde extérieur. Sa vie change en 2007 avec une invitation pour prendre la parole lors d’une conférence de l’agriculture en Afghanistan.

Convaincre les agriculteurs de passer du pavot aux fruits
Fraichement débarqué en Afghanistan, il a été choqué de voir autant de champs de pavots rouges et blancs partout. Près d’un demi-million de familles cultivait du pavot. Sur son chemin pour retour à l’aéroport, il s’est arrêté et est descendu de sa voiture. Aidé de son traducteur, Brett va dans un champ de pavot et expose ses arguments à un agriculteur qu’il essaye de convaincre de passer à la culture de grenade.

Ce furent ses premiers pas vers la concrétisation de l’initiative Plant For Peace. Brett était persuadé de pouvoir convaincre les agriculteurs afghans, en les aidant à vendre leurs produits sur les marchés internationaux.

Il a commencé à voyager régulièrement en Afghanistan pour y tenir des réunions avec la population influente locale. Il a tenu une série de réunions appelées « Jirga » avec les chefs tribaux. Il s’est exprimé devant plus de 55 000 ainés à travers le pays, pour établir des relations de confiance et s’assurer le soutien pour son initiative.

James Brett, créateur de la Fondation Plant For Peace (Courtesy of Plant for Peace)
James Brett, créateur de la Fondation Plant For Peace (Courtesy of Plant for Peace)

En 2009, sur ses fonds propres, Brett a contribué à planter quelques 40 000 grenadiers. L’année suivante, Plant For Peace formait 800 agriculteurs et les a aidés à planter 105 000 nouveaux arbres.

Un donateur, qui préfère rester anonyme, a aidé l’organisme à s’octroyer les services d’une équipe d’experts internationaux, afin de développer une stratégie.

Les grenades afghanes deviennent des barres fruitées
Plant For Peace a créé une société de production de barres fruitées qui s’assure que plus de 70 % des ingrédients proviennent des paysans afghans. Les barres sont produites en Autriche et vendues dans les chaînes britanniques comme Waitrose et Holland & Barrett. Plant For Peace a pour ambition d’étendre son initiative à d’autres lignes de produits et de toucher des marchés comme les États-Unis et l’Europe.

L’objectif de Plant For Peace à long terme est d’agrandir les surfaces de culture de fruits à 3,5 voire 4,5 millions d’hectares, soit plus que la superficie actuelle des champs de pavot.

Selon Brett, les meilleurs produits ne contiennent que 2 ou 3 % de grenades fraîches, car une trop grande quantité d’humidité augmente le risque de bactéries. Pour régler ce problème, James Brett a personnellement élaboré un processus pour transformer des grenades en poudre. La procédé, dont la mise en place a pris une année et demie, permet à la gamme barres fruitées de contenir au moins 20 % de grenade et 50 % de mûres toutes cultivées en Afghanistan.

Plant For Peace vient de lancer sa nouvelle campagne. Pour chaque barre fruitée vendue, elle donne un arbre à la communauté agricole afghane. L’achat d’une seule barre de Plant For Peace, équivaut à faire un don de 350 $ à un agriculteur afghan pour les 35 prochaines années, soit l’espérance de vie moyenne d’un arbre.

L’objectif de Plant For Peace pour l’année prochaine est de planter 3,5 millions d’arbres, puis à long terme, d’agrandir les surfaces de culture à 3,5 voire 4,5 millions d’hectares, soit plus que la superficie actuelle des champs de pavot.

Selon un rapport des Nations Unies, l’Afghanistan produirait 85 % de l’opium mondial. Des initiatives comme Plant For Peace offrent des solutions intéressantes pour lutter contre le commerce des drogues illicites. Elles permettent aussi de créer une alternative économique durable pour les communautés locales.

Article en anglais : Afghan Farmers Find Alternative to Opium: Pomegranate

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