Des empereurs chinois dont Platon aurait été fier

Par Epoch Times
24 septembre 2015 11:00 Mis à jour: 4 avril 2021 13:42

Qu’ils soient présidents, PDG, gestionnaires ou parents… – quiconque dirige est confronté au défi d’instaurer et de maintenir son influence. Les terroristes utilisent la peur et le désespoir quand les politiciens le font par un constant cabotinage. Les parents cèdent aux caprices de leurs enfants avec des jouets et des sucreries.

Tout cela est motivé par le désir de gain immédiat et ne saurait constituer des solutions à long terme, les effets collatéraux étant pires que tous les avantages à court terme obtenus initialement.

Alors qu’est-ce qui rend un dirigeant efficace et comment obtenir l’influence ultime – l’héritage transmis aux générations futures ?

Les principes et non la force

Dans son ouvrage La République, Platon, dans la Grèce antique, avait imaginé une cité utopique dirigée par un « roi philosophe ». En accord avec les enseignements de ce grand penseur athénien sur le rationalisme, le roi s’efforcerait dans sa gouvernance de cultiver des idéaux universels, sans être affecté par ce qu’il appelait les « phénomènes » – la tentation d’une myriade d’évènements incertains qui génèrent une réaction et par conséquent une déviation de la voie plus élevée.

Les plus importants et respectés des monarques de la Chine ancienne géraient leur empire en accord avec les principes confucéens, transcendant la race, la classe et les frontières, encourageant le mérite, la rectitude et la retenue.

Du temps de Confucius, il y a environ 2500 ans, jusque quelques décennies avant Platon, d’autres ancêtres de la pensée occidentale parcouraient les cités de la Grèce. La Chine était alors dans un âge désuni, appelé la Période des Printemps et Automnes, et plongée dans la guerre civile. Confucius aspirait à un retour à l’harmonie des débuts de la dynastie Zhou (1046-771 av. J.-C.), au cours de laquelle le roi régnait par la vertu sur une ligue de vassaux indépendants qui à leur tour respectaient son trône.

Les gens peuvent être contraints par la force, mais leur cœur sera en rébellion ; ce n’est que contraints par les principes qu’ils ne marqueront pas de désaccord. Proverbe confucéen

Confucius enseignait que, tandis que la hiérarchie sociale et politique était un aspect naturel et désirable de la civilisation, chacun – du paysan au prince – était tenu à la même piété filiale et aux vertus cardinales de bienveillance, justice, bienséance, sagesse et foi.

L’accent traditionnel sur la primauté des valeurs, sur la force, est résumé dans les lignes des Règles pour les étudiants, un ouvrage éducatif du XVIe siècle célèbre pour son résumé poétique du credo confucéen : « Les gens peuvent être contraints par la force, mais leurs cœur sera en rébellion ; ce n’est que contraints par les principes qu’ils ne marqueront pas de désaccord. »

Pas de raccourci

Abraham Lincoln parlait du pouvoir comme d’un test du caractère d’un homme. On peut se voir conférer le pouvoir, mais ce n’est qu’en l’utilisant pour exprimer la force et la noblesse intérieures que les actions de celui qui l’exerce s’avèreront efficaces et que son héritage sera respecté.

En 1662, l’empereur Kangxi, âgé de huit ans, commença son règne de 61 ans sur la Chine. Vingt ans plus tôt, son peuple – les Mandchous – avait fait une percée à travers la Grande Muraille et conquis la Chine en établissant la dynastie Qing (1644-1912).

Kangxi savait que le peuple Han, qui composait la majorité de la population de la Chine, n’était pas séduit par la perspective d’une vie sous les conquérants mandchous. Plutôt que d’abandonner le trône ou de forcer la population autochtone à abandonner ses coutumes, Kangxi étudia les enseignements des sages confucéens. Il conduisit une politique éclairée, basée sur des principes acceptables par tous dans l’empire.

Si le mariage à l’intérieur de la famille impériale des Qing ne restait ouvert qu’aux Mandchous, Kangxi et sa cour respectaient les traditions bureaucratiques chinoises telles que le système d’examen impérial basé sur le mérite et par lequel quiconque brillant par son éducation pouvait devenir un responsable du gouvernement.

Pendant et après le règne de Kangxi, les Mandchous apprirent peu à peu à coexister avec les Han. Les échanges entre les deux peuples, unifiés par les anciennes traditions d’éducation et de gouvernance incarnées par Kangxi et ses descendants, contribuèrent à l’enrichissement général de la civilisation chinoise.

Les Mandchous ne furent pas les seuls étrangers à régner sur la Chine. Quatre cents ans avant Kangxi, l’empire mongol – le plus grand dans l’histoire – conquit la Chine, mais ils prirent une approche résolument plus maladroite.

Sous la dynastie Yuan mongole (1271-1368), les Chinois Han étaient les derniers de cinq races et se comportaient brutalement. En imposant un système de caste, la majorité étant à l’échelon le plus bas, les dirigeants mongols n’eurent d’autres choix que de gaspiller de précieuses ressources humaines et matérielles en maintenant les Chinois à leur place. La révolte grondait et les envahisseurs furent forcés d’abandonner l’Empire du Milieu moins d’un siècle après en avoir pris possession.

Le pouvoir fondé sur la conquête et la manipulation est vide ; bien qu’une puissante armée, ou un politicien rusé puisse contraindre autrui à sa volonté, ce déploiement extérieur de force ne saurait compenser le manque de conviction.

Héritage

200 ans av. J.-C., le puissant roi Ying Zheng unifia la Chine sous une dynastie, les Qin, à la suite de centaines d’années de division. Il devint Qin Shihuang – le premier empereur.

Le légalisme, l’idéologie de Qin, requérait une totale obéissance d’esprit et de corps à l’empire et à son dirigeant. Les livres et les enseignements des différentes écoles de pensée furent brulés et leurs auteurs enterrés vivants.

Mais en dépit de toute sa puissance et sa terreur, la dynastie de Qin Shihuang ne put survivre sans son tyran fondateur. Après la mort du premier empereur et la disparition de son règne de peur, le pays sombra rapidement dans la guerre civile. La dynastie Han suivante (206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.) vit renaître le confucianisme et un âge d’or pour la civilisation chinoise.

Confucius croyait en l’ordre établi à travers l’éducation et la moralité, et non par la force des armes. De son point de vue, cette harmonie avait été le mieux démontrée dans l’exemple des premiers rois de la dynastie Zhou. Ces derniers, apprenant de la défaite du premier royaume Shang, prirent soin de baser leur légitimité sur l’universellement applicable Mandat du Ciel. En conséquence, le dirigeant – connu sous le nom de « Fils du Ciel » – était toujours obligé de s’en tenir à de très hauts critères. Son autorité n’était pas mise en doute, mais il ne pouvait exercer à volonté un pouvoir absolu.

La dynastie Zhou dura 800 ans et fut la plus longue de la Chine. Les premiers rois, régnant depuis la capitale occidentale de Haojing, dirigèrent leurs vassaux et la population à travers la coopération et le respect mutuel. Platon en aurait été fier. Plus tard, même après que Haojing a été chassé par les envahisseurs et que les rois de Zhou ont perdu la plupart de leur pouvoir, ils inspiraient encore suffisamment de prestige pour que les seigneurs régionaux continuent à reconnaître leurs titres royaux encore 500 ans plus tard.

Article originale : The Chinese Emperors Who Succeeded in Winning the Hearts and Minds of Generations

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